Ce livre constitue le premier ouvrage de sociologie consacré au nom des femmes en France. Reposant sur une vaste enquête par entretiens, il donne la parole aux femmes pour expliquer leurs choix en matière de nom marital et de nom transmis aux enfants, ainsi que leurs priorités et leurs contraintes à l'heure de ces choix. Réunissant des femmes d'âge très différent (la plus âgée étant née en 1920 et la plus jeune en 1992), l'enquête permet de retracer de manière vivante, et parfois touchante, l'évolution des regards sur le nom de famille. Tout en retraçant l'historique récent des règles en vigueur, l'ouvrage explore ainsi le rapport au nom des femmes en s'attachant tant aux arguments expliquant les options prises qu'aux modalités pratiques de leur mise en oeuvre. S'expose alors une diversité de points de vue sur le sens du nom et le rôle qui lui est dévolu, qui s'ancrent souvent dans des histoires de vie. L'ouvrage montre ainsi combien le nom des femmes françaises, chargé d'un sens qui évolue au gré des expériences vécues, tantôt fixe ou variable, transmis ou non, considéré avec légèreté ou avec gravité, échappe à toute analyse étroite et univoque.
Le confinement général de la population constitue un fait inédit en démocratie. Comment une telle décision a-t-elle été prise ? Par qui ? Sur la base de quelles informations ? Et avec quelles conséquences sur la société française ?
Le confinement général de la population constitue un fait inédit en démocratie, dont les répercussions sociales sont à la fois nombreuses et importantes. Comment une telle décision a-t-elle été prise ? Par qui ? Sur la base de quelles informations et de quelles représentations ? Et avec quelles conséquences sur la société française ? Une équipe pluridisciplinaire (sociologues, économistes, épidémiologistes) s'efforce de répondre à ces questions.
Cet ouvrage est le fruit d'une expérience collective de recherche menée dans le cadre de l'atelier Efigies Aix-Marseille, qui réunit de jeunes chercheurs et chercheuses engagés dans les études genre, féministes ou de sexualités. Il présente les conclusions d'une réflexion, qui prend comme point de départ le fait d'envisager la notion de « frontière » comme un outil méthodologique pour penser le genre. De Hong Kong à la Palestine en passant par les hammams de Marseille et le Paris des semi-mondaines, cet ouvrage explore des espaces-frontières dans une perspective résolument interdisciplinaire :
Linguistes, géographes, historiennes, anthropologues, sociologues, etc. ont répondu à l'invitation de penser, à partir de leurs disciplines respectives, les processus circulaires par lesquels le genre sépare ou subvertit des partages, et par lesquels les frontières genrent les personnes, les objets, les discours et en aménagent les circulations.
Ce livre propose - pour la première fois - une histoire sur la longue durée des « folies puerpérales » : les dépressions périnatales. Diagnostics aujourd'hui au centre des politiques de prévention de santé et de dispositifs biomédicaux d'accompagnement à la maternité, ils prennent au regard de l'histoire une dimension critique, relevant à quel point on a naturalisé la parentalité. À partir d'une perspective de genre ce livre comble une lacune historiographique et offre des éléments d'analyse importants pour sortir la maternité d'une histoire positive. Il sera de grande utilité non seulement pour les historiens et historiennes de la santé mais aussi pour les professionnels et les nouveaux parents.
Ludique, fonctionnel ou identitaire, transgressif ou spectaculaire : si le travestissement recouvre différents phénomènes, certains banalisés et d'autres marginaux, il permet d'interroger le lien entre genre, culture et performance. Les contributions réunies dans cet ouvrage proposent à partir de terrains et de pratiques diverses un état des lieux des réflexions actuelles sur les travestissements et leur fonction symbolique et/ou politique. Histoire culturelle, anthropologie, arts du spectacle et sociologie ; télévision, cinéma, littérature, musique sont ainsi mobilisés pour explorer différents lieux et « lisières » de la culture et penser le genre en tant que pratique singulière et mouvante.
A u tournant du XXIe siècle, la notion de féminisme islamique, forgée à partir de la situation iranienne du début des années 1990, est en pleine transformation.
Si le débat politique et polémique mondialisé, trop souvent ignoré. que le mouvement intellectuel du féminisme islamique a suscité se fait toujours entendre, ce numéro porte le regard sur les mutations à l'oeuvre. Des changements qui invitent à se poser une question renouvelée du féminisme islamique, ou plutôt aujourd'hui, des féminismes islamiques. Vingt ans après, il convient en effet de se demander si le féminisme islamique, né comme un discours intellectuel et militant et diffusé d'abord au sein du monde musulman non arabe, s'est au fil du temps incarné ou inventé dans des pratiques et des mouvements sociaux.
Les textes réunis ici abordent les enjeux de ces transformations à partir d'une diversité de contextes nationaux et régionaux : du Proche-Orient (Liban. Palestine, Jordanie), à l'Iran en passant par le Koweit, l'Indonésie, puis le Maghreb (Maroc, Tunisie) et la France. Ils envisagent tout particulièrement le rôle d'un islam politique, lui aussi en plein aggiornamento, dans cette nouvelle cartographie des féminismes islamiques.
L'approche sociologique amorcée dans ces pages contribue à redessiner, voire à dépasser parfois la notion même de féminisme islamique. Elle montre un pragmatisme militant féminin hybride, différemment politique, inscrit dans un paradigme post-idéologique. Elle décrit la subversion des assignations au séculier, puis au religieux des décennies précédentes et envisage autrement la troisième vague féministe dans les mondes arabe et musulman.
Ce livre développe une réflexion originale sur l'état civil, particulièrement sur la manière dont l'institution entend définir le sexe et encadrer la modification de la mention de sexe sur l'acte de naissance. Il réunit des textes d'anthropologues, de sociologues, de juristes et de personnes concernées qui analysent les évolutions de l'état civil français jusqu'à la loi de modernisation de la Justice du xxie siècle ainsi que les nouvelles règles en matière de changement de la mention de sexe et les usages qui en sont faits. Une mise en perspective internationale est aussi proposée au lecteur.
Les deux tomes de L'Énigme sociologique présentent une lecture de l'École de Sociologie Française et des courants plus ou moins divergents qui lui ont succédé, et proposent une perspective fondamentale sur la définition de ce dont traite la sociologie, qui permet de mettre en lumière les avancées les plus importantes, comme aussi les limites de certaines voies, et cela toujours en montrant la pertinence sociologique de la diversité de ces perspectives.
Ce premier tome montre comment les démarches ont tenté de résoudre les obstacles à la construction d'un objet spécifique et se conclut sur les difficultés rencontrées, notamment en termes de cognition sociale, de temporalités et d'espaces sociaux, qui sont générées de fait par l'expérience sociale des chercheurs. Un retour sur quelques oeuvres de Durkheim, Halbwachs et Mauss montre comment se dessine et se révise pas à pas la définition d'un objet sociologique.
Les deux tomes de L'Énigme sociologique présentent une lecture de l'École de Sociologie Française et des courants plus ou moins divergents qui lui ont succédé, et proposent une perspective fondamentale sur la définition de ce dont traite la sociologie. Ce second tome propose un dialogue sur trois dimensions, symbolicité, temporalité, spatialité, pour éclairer la complexité de l'objet sociologique. La première est fondamentale parce qu'elle est au coeur de l'action et du processus social. La seconde repose sur l'historicité de l'objet mais alerte sur la réduction des temporalités à la conscience historique, et l'insuffisance des notions de période, séquence et événement pour saisir ce qui se passe. La troisième montre en quoi le concept de distance - autant physique que sociale - est remanié par les technologies matérielles et virtuelles des corps, des actions et des processus sociaux. L'ouvrage propose in fine une sociologie processuelle et relationnelle, une dynamique connectant ces complexités symboliques, temporelles et spatiales qui engendrent les phénomènes sociaux observés.
La parfumerie grassoise, entre 1900 et 1950, étudiée à diverses échelles - de l'atelier jusqu'à l'ensemble d'un marché du travail local - est ici étudiée pour les rapports de genre qu'elle met en scène. Dans la première moitié du siècle, la parfumerie grassoise juxtapose des espaces de travail divers, où les rapports de genre sont plus ou moins cristallisés. Le poids du féminin et du masculin, comme constructions sociales, est ici mesuré au sein d'un secteur atypique : à partir d'un travail d'archives, de traitement iconographique et d'entretiens, est étudié l'impact des critères de genre sur la définition et la répartition du travail, les parcours individuels, l'organisation de la filière de production et, en retour, les représentations qui lui sont associées.
Avons isolé plusieurs parcours féminins au sein des archives judiciaires provençales de 1750 à 1850. Au-delà des actes criminels, et des attitudes déviantes, leurs paroles révèlent leur capacité de résistance, certes parfois ténue, à une gestion normative de leur corps et de leurs identités.
De la rue à l'espace domestique, ces femmes tentent d'imprimer leurs désirs, leurs volontés dans leurs rapports aux hommes, aux autres. Les stratégies mises en lumière lors de la procédure judiciaire établissent des brèches dans un rituel social normatif. Ces femmes de peu se jouent des représentations de genre pour s'affirmer sous les regards de leur parenté, de leur communauté d'appartenance et face aux jugements des autorités judiciaires.
Leurs discours montrent comment elles rusent avec les assignations et les rôles sociaux de sexe. Elles s'expriment dans la violence et le sang, mais également par le Verbe, indice de leur souffrance et de leur refus du mode habituel du " vivre-ensemble ". Jugées contestataires, elles ne défendent parfois que leur intégrité physique des attentats de la misère, du mépris, de la brutalité. Mais pour tous, leur culpabilité reste intrinsèquement liée à leur sexe.
Derrière le caractère exceptionnel de leurs crimes se livrent par bribes le quotidien des rapports entre les sexes ainsi qu'une sociabilité pétrie de tensions et de tentatives d'apaisement, de sentiments amoureux et de déchirures affectives.
Si dans leur histoire contemporaine, l'Iran, la Turquie et l'Afghanistan ont connu d'importants changements politiques, l'idéologie nationale reste d'une importance cruciale tant dans les mouvements politiques que dans la construction des États. Cet ouvrage analyse la fabrique du genre, des corps et des sexualités dans ces pays et restitue des articulations entre nation, modernité et authenticité qui impactent tant le contrôle des corps (en imposant la maternité) et des sexualités (en s'appuyant sur un ordre hétéronormatif), que l'assignation des femmes à l'espace privé. Des contributions en sociologie, en anthropologie, en sciences politiques et en arts du spectacle, mettent aussi en évidence des stratégies mises en oeuvre par les femmes pour s'approprier ou subvertir les normes nationales dans des contextes autoritaires ou de conflits armés.
Le livre propose une étude sociologique des homicides entre malfaiteurs perpétrés dans la métropole marseillaise à partir de dossiers d'enquêtes judiciaires ouvertes dans les années 2000. Les modes opératoires et les enjeux de ces meurtres, le profil des mis en cause et des victimes de ces homicides, les réseaux criminels impliqués permettent de montrer les recompositions du banditisme et des usages de l'homicide chez les malfaiteurs. L'ouvrage permet d'objectiver la situation marseillaise en exposant notamment qu'il y a moins de règlements de comptes aujourd'hui qu'hier, qu'il n'existe pas un Milieu qui serait fortement structuré ni plusieurs formes de banditisme. On n'assiste pas non plus à l'irruption d'une « nouvelle violence » imputable à des jeunes sans foi ni loi.
La crise sanitaire a profondément modifié le travail et ses conditions d'exercice.
Ce numéro les examine à l'appui d'exemples portant sur plusieurs secteurs professionnels. De la prévention des risques à l'évolution des modes de travail, la revue apporte un éclairage scientifique, pluridisciplinaire, à la fois théorique et pratique, sur les modifications induites par les contraintes de la pandémie.
L'expansion du télétravail, dès le premier confinement, conduit à s'intéresser à ses contours : de sa mise en place à ses effets jusqu'aux aspirations des salariés.
Cet ouvrage se distingue par la diversité des contributions qui la composent.
En effet, on y retrouve tant des universitaires que des artistes et militants et les demandeurs d'asile eux-mêmes sur un terrain où leur rencontre ne s'accomplit que rarement. Entre récits de vie, témoignages, oeuvres littéraires et artistiques, ce sont des problématiques de mémoire, de domination, de violence et de résistance qui sont au coeur de cet ouvrage. Croisant des approches en psychologie, histoire de l'art, sociologie et littérature de même que des témoignages de militants engagés, ce livre se veut une co-production de savoirs entre acteurs de champs divers pour un travail réflexif, une mise en dialogue entre les expériences, en vue d'une meilleure compréhension et d'une transformation de la figure du migrant et de l'autre. L'importance que revêtent les questions des mobilités et leurs conséquences sur l'accueil et le vivre-ensemble aujourd'hui invite à croiser et à tenter d'actualiser la perception d'un sujet autour duquel les tensions se crispent chaque jour un peu plus. De fait, il s'adresse tant aux chercheurs qu'à n'importe quel citoyen intéressé par les questions susmentionnées.
En quelques décennies, l'absence est passée d'une expérience structurante des mobilités à une notion défaite. En posant comme hypothèse la nécessité de sonder la densité de l'expérience relationnelle que l'absence révèle, les auteurs ont relevé le double défi de montrer que celle-ci n'est pas le contraire de la présence mais bien une autre expérience du social au coeur de laquelle résident les effets de a distance et de la séparation. En réunissant onze contributions de spécialistes, ce dossier entend ainsi contribuer au renouvellement des recherches sur les questions migratoires en faisant de l'absence un poste d'observation inédit des transformations à l'oeuvre dans le monde méditerranéen dont certaines sont mises à l'épreuve des contextes sociaux apparus depuis les révoltes dans le monde arabe.
Dans la lignée de certains travaux récents et dans le cadre d'une historiographie des drinking studies en plein essor, il s'agit ici d'étudier les boissons alcoolisées au prisme des normativités multiples qui s'y sont attachées à mesure que les processus modernes et contemporains de mondialisation se sont fait sentir dans les mondes musulmans. L'originalité de ce projet consiste à tenter de confronter dans un même ensemble l'origine et la fonction de ces normes liées à l'alcool à plusieurs époques, depuis l'époque classique jusqu'à l'époque contemporaine. Nous faisons ainsi commencer notre réflexion à partir du xve siècle, où la constitution de l'Empire ottoman peut produire de nouvelles formes d'administration, et la constitution de nouvelles élites. Nous adoptons la conception la plus large possible des « mondes musulmans », permettant d'interroger différentes branches de l'islam (sunnisme, chiisme), différents cadres géographiques (Méditerranée, Moyen-Orient, Extrême Asie, Péninsule arabique) et différents contextes (islam majoritaire, islam de diaspora), afin d'enrichir l'analyse.
Ce livre reconstitue sur un siècle l'histoire de l'immigration kabyle des membres de la tribu des Ath Waghliss, partis de Chemini et arrivés à Saint-Auban, dans la vallée de la Durance, en Haute Provence, entre 1915 et 2015, pour travailler à l'usine chimique Pechiney. Cela permet à l'auteur d'observer la succession de différentes générations, d'étudier cette communauté kabyle partagée entre ses deux territoires, ses transformations, d'analyser de part et d'autre le contexte historique et sociologique, tout en étant au plus près des acteurs, de leurs expériences et des territoires qu'ils ont contribué à construire et sur lesquels ils vivent.
Le livre évite de s'enfermer dans une étude monographique en resituant cette immigration particulière au sein des autres immigrations présentes à Saint-Auban (Espagnols, Chaouias, Grecs). Cette communauté kabyle de Chemini à Saint-Auban se caractérise par la même origine tribale, villageoise, familiale, une même langue, le même village de départ et le même village d'arrivée. Cette histoire, sans aucun doute assez unique et exemplaire dans l'histoire des migrations, avec une communauté de lieux, une ancienneté et une longévité exceptionnelles, ne peut être transposée et pourtant éclaire l'histoire d'autres groupes.
La communauté kabyle venue de Chemini, présente à Saint-Auban, se construit sur des territoires séparés mais en interrelation permanente. Deux pays, deux vallées, deux villages, deux histoires sont mis en regard, font appel l'un à l'autre et se répondent.