Il y a quelques années, la mère de Didier Eribon est entrée en maison de retraite. Après plusieurs mois au cours desquels elle a peu à peu perdu son autonomie physique et cognitive, Didier Eribon et ses frères ont dû se résoudre à l'installer, malgré ses réticences, dans un établissement médicalisé. Mais le choc de l'entrée en maison de retraite fut trop brutal et, quelques semaines seulement après son arrivée, elle y est décédée.Après la mort de sa mère, Didier Eribon reprend le travail d'exploration personnelle et théorique qu'il avait entrepris dans Retour à Reims après la mort de son père. Il analyse le déclin de sa mère, ce qui l'amène à réfléchir sur la vieillesse et la maladie, sur nos rapports aux personnes âgées et à la mort, mais aussi sur l'expérience du vieillissement. Il s'interroge également sur les conditions de l'accueil des personnes dépendantes.Il montre que si l'expérience du vieillissement nous est très difficile à penser, c'est parce qu'il s'agit d'une expérience-limite dans la philosophie occidentale, dont l'ensemble des concepts semblent se fonder sur une exclusion de la vieillesse.Eribon reparcourt également la vie de sa mère, et notamment les périodes où elle était femme de ménage, ouvrière puis retraitée, la saisissant dans toute sa complexité, de sa participation aux grèves à son racisme obsessionnel.Il conclut sa démarche en faisant de la vieillesse le point d'appui d'une réflexion sur la politique : comment pourraient se mobiliser des personnes qui n'ont plus de mobilité ni de capacité à prendre la parole et donc à dire «nous» ? Les personnes âgées peuvent-elles parler si personne ne parle pour elles, pour faire entendre leur voix ?
Jusqu'ici, j'ai toujours écrit pour tenter de débrouiller un ou plusieurs problèmes auxquels je me heurtais dans ma vie, en espérant que ce travail serve aussi à d'autres. Il est un peu déconcertant de le faire simplement, cette fois, pour partager l'un des stratagèmes par lesquels je maintiens allumée la flamme de ma vitalité - pour parler de plaisir.Parmi tous les ouvrages qui paraissent sur la culture numérique, je n'ai encore jamais rien lu au sujet de cette communauté éparse que j'ai moi-même rejointe il y a bientôt dix ans : celle des collectionneurs d'images en ligne, qui accumulent et partagent au fil des jours, sur Instagram, Tumblr, Flickr ou Pinterest, des photographies d'art, des tableaux, des dessins qu'ils aiment.Cette activité en apparence anodine représente mon équivalent de la liste des «Choses qui font battre le coeur» dressée par Sei Shônagon, dame de compagnie de l'impératrice consort du Japon, dans ses Notes de chevet, au XI? siècle. Dans un monde de plus en plus désespérant, j'ai envie de revendiquer ce rapport primaire et entêté à la beauté, cette confiance dans l'appui qu'elle offre, faisant de nous des perchistes arrachés momentanément à la gravité et catapultés dans les airs, libres et légers, avant de retomber... ailleurs.
Après la mort de son père, Didier Eribon retourne à Reims, sa ville natale, et retrouve son milieu d'origine, avec lequel il avait plus ou moins rompu trente ans auparavant. Il décide alors de se plonger dans son passé et de retracer l'histoire de sa famille. Évoquant le monde ouvrier de son enfance, restituant son ascension sociale, il mêle à chaque étape de ce récit intime et bouleversant les éléments d'une réflexion sur les classes, le système scolaire, la fabrication des identités, la sexualité, la politique, le vote, la démocratie...Réinscrivant ainsi les trajectoires individuelles dans les déterminismes collectifs, Didier Eribon s'interroge sur la multiplicité des formes de la domination et donc de la résistance.Un grand livre de sociologie et de théorie critique.
Pendant qu'Ulysse parcourt le monde et enchaîne les exploits, Pénélope demeure immobile, supporte l'attente, tisse et détisse son ouvrage, restant au passage fidèle à son époux. Quand l'homme part, la femme attend son retour. Les femmes étant historiquement des êtres captifs, le voyage est l'un des moyens les plus symboliques pour qu'elles s'affranchissent de leur condition : voyager est toujours pour la femme un acte fondateur ; c'est dire «je vais où je veux, je ne suis qu'à moi». S'inspirant des histoires vraies de la littérature de voyage et de son expérience personnelle (dix ans d'arrivées et de départs), l'auteure évoque les territoires érotisés (comme le harem), dénonce la vision masculine de l'aventure et s'intéresse à la tension entre voyage et maternité. Lucie Azema le constate : il faut être libre «de» voyager et être libre «pour» voyager. Les femmes aussi sont du voyage s'adresse aux femmes qui sont déjà parties et à celles qui n'oseraient pas encore.
Ma famille maternelle a quitté la Roumanie communiste en 1961. On pourrait la dire «immigrée» ou «réfugiée». Mais ce serait ignorer la vérité sur son départ d'un pays dont nul n'était censé pouvoir s'échapper. Ma mère, ma tante, mes grands-parents et mon arrière-grand-mère ont été «exportés». Tels des marchandises, ils ont été évalués, monnayés, vendus à l'étranger.Comment, en plein coeur de l'Europe, des êtres humains ont-ils pu faire l'objet d'un tel trafic? Les archives des services secrets roumains révèlent l'innommable:la situation de ceux que le régime communiste ne nommait pas et que, dans ma famille, on ne nommait plus, les juifs.Moi qui suis née en France, j'ai voulu retourner de l'autre côté du rideau de fer. Comprendre qui nous étions, reconstituer les souvenirs d'une dynastie prestigieuse, la féroce déchéance de membres influents du Parti, le rôle d'un obscur passeur, les brûlures d'un exil forcé. Combler les blancs laissés par mes grands-parents et par un pays tout entier face à son passé.
Même les femmes les plus féministes se surprennent à aimer le regard conquérant des hommes sur elles ou à préférer des tâches ménagères à des activités censément plus épanouissantes. Ces désirs sont-ils incompatibles avec leur indépendance ? Comment la soumission se manifeste-t-elle ? Comment est-elle vécue et comment s'explique-t-elle ?
Les scandales sexuels qui ont agité le monde ces dernières années ont jeté une lumière crue sur l'envers de la domination masculine : le consentement des femmes à leur propre soumission.
Tabou philosophique et point aveugle du féminisme, la soumission des femmes n'est jamais analysée en détail, dans la complexité des existences vécues. Sur les pas de Simone de Beauvoir, Manon Garcia s'y attelle avec force, parce que comprendre pourquoi les femmes se soumettent est le préalable nécessaire à toute émancipation.
«Ils subissent un éloignement géographique, social, politique et culturel.Ils sont la majorité.Ils sont à l'origine de toutes les contestations actuelles, qui ne ressemblent à aucun des mouvements sociaux des siècles passés.Ils sont les dépossédés.»Dans ce nouvel essai, Christophe Guilluy montre comment les classes populaires répondent magistralement à leur disparition programmée, en imposant une alternative à un modèle condamné.
«Parce que je suis une femme, j'ai peur de sortir seule la nuit, de porter des vêtements qui me plaisent, d'exprimer mon opinion ou mes émotions. Ces peurs sont à l'origine d'une immense colère que j'essaie de contenir tant bien que mal. Cette colère, ça fait désormais trente-quatre ans que je vis avec et qu'elle me ronge les tripes, au point de se retourner régulièrement contre moi. Lassée d'être seule à en subir les conséquences, j'ai donc cherché à comprendre quels en étaient les origines et les éléments déclencheurs, afin de l'assainir et de la diriger non plus contre moi-même, mais contre ceux qui la méritent.»Taous Merakchi prend ici la parole pour toutes les femmes qui n'en peuvent plus d'avoir peur, de ne pas être prises au sérieux et de toujours devoir se justifier.
Nous voici entrés dans l'ère des incertitudes.
Faisons en sorte que ce soit pour une régénération de la politique, pour une protection de la planète et pour une humanisation de la société : il est temps de changer de cap.
Par cet essai personnel, à la fois sage et accessible, Edgar Morin nous appelle à penser le monde de l'après-crise. Les périodes de confinement successifs bouleversent nos modes de vie, notre rapport à la mort, notre conception de la solidarité. L'heure est venue de réfléchir aux défis de l'après : réformer l'économie, encourager la participation citoyenne, accentuer la solidarité entre les nations... Changeons de voie : c'est ce que martèle inlassablement le penseur de la complexité, tâchons de l'écouter. Un livre brûlant d'actualité par l'un des plus grands intellectuels de notre temps.
Les structures inégalitaires de l'ordre social rangent certains individus dans des catégories infériorisées (femme, gay, noir, etc.). L'appartenance à l'une de ces catégories produit un type spécifique de psychisme et de rapport au monde. Prenant pour fil conducteur les écrits de Genet, mais aussi ceux de Proust, Green, Jouhandeau, Fanon et bien d'autres, Didier Eribon décrit ce que suscite dans la conscience et dans l'inconscient le fait d'être insulté, stigmatisé, voué à l'«abjection». Il élabore une analyse historique et sociologique de la subjectivité minoritaire, qui place en son centre l'un des affects les plus puissants de la vie sociale : la honte.Comment la honte est-elle inscrite dans le corps des individus différents ? Comment ceux-ci se réinventent-ils à partir de l'exclusion qui les a façonnés et deviennent-ils, par l'affirmation de ce qu'ils sont, les producteurs de nouvelles subjectivités ? En soulevant ces questions, Didier Eribon récuse la conception psychanalytique du sujet, et lui oppose une politique de décolonisation des esprits.
Mars 1772. L'innocent M. Thomas, académicien distingué, publie un Essai sur le caractère, les moeurs et l'esprit des femmes qui déclenche chez ses contemporains - notamment chez Diderot et Mme d'Epinay - une vive polémique. La question, en effet, est d'importance:la femme est-elle le produit de son éducation, ou bien est-elle prioritairement façonnée par les lois de la Nature?Inauguré à l'aube de la Révolution, ce débat entre les points de vue culturaliste et essentialiste a connu la fortune que l'on sait. Il a entraîné dans son sillage une autre interrogation à la pertinence toujours brûlante:la femme est-elle la semblable de l'homme ou reste-t-elle à jamais l'Autre, désirée en même temps que crainte?Ce recueil reproduit le texte de Thomas et les commentaires qu'en firent Diderot et Mme d'Epinay. Il est précédé d'une longue mise en perspective d'Elisabeth Badinter, qui en analyse les implications et la portée pour les lecteurs d'aujourd'hui.
Le coût de la vie est aujourd'hui un problème central pour des milliards d'individus à travers le monde. Alors que l'inflation atteint des niveaux importants, nombreux sont ceux qui ne parviennent pas à subvenir aux besoins qu'ils jugent essentiels. Mais une telle situation engendre-t-elle nécessairement la colère ? Il ne suffit pas à un problème d'exister pour être considéré comme injuste, ni à une injustice d'être ressentie pour amener à la révolte.Ce livre raconte comment la vie chère est devenue l'un des principaux terreaux de la colère en Afrique. Revenant sur l'histoire d'une grande partie du continent, Vincent Bonnecase analyse la manière dont la contestation de l'ordre social s'est cristallisée dans de nombreux pays autour de la question des prix. Il s'intéresse aux représentations que les populations les plus modestes se font de l'économie : le prix ne découlerait-il pas de décisions prises par de vraies personnes plutôt que d'un marché inaccessible auquel on ne peut rien ?Alors que les signes de colère face à l'augmentation des prix se multiplient au-delà du continent africain, il est plus que jamais nécessaire de décentrer notre regard. Et si l'Afrique avait beaucoup à nous dire, non seulement sur elle-même, mais aussi sur l'Europe et la place grandissante que peuvent y prendre les prix dans les sentiments d'injustice et la révolte sociale ?
Rares sont les hommes de la Révolution qui s'intéressèrent au sort des femmes. Et s'ils modifièrent de façon décisive leur statut juridique, ils furent, à l'exception de quelques-uns, beaucoup moins préoccupés par leurs droits civiques.Ceux dont les textes sont réunis ici se réclamaient de l'idéologie républicaine, fondée sur la liberté et l'égalité des citoyens. Mais, pour la grande majorité d'entre eux, à commencer par Rousseau, la femme devait «se borner au gouvernement domestique, ne point se mêler du dehors». À les lire, on voit bien à quel point la proximité, la similitude et la confrontation des sexes leur faisaient horreur. 1789-2022:deux cents ans plus tard, si les femmes sont devenues des citoyennes à part entière, le combat pour la reconnaissance continue.Ce recueil de textes édité par Elisabeth Badinter expose les causes profondes, philosophiques aussi bien qu'événementielles, de cette longue glaciation dans l'évolution de nos moeurs et le rôle mal connu qu'y ont joué les révolutionnaires.
Désormais, deux France s'ignorent et se font face : la France des métropoles, brillante vitrine de la mondialisation heureuse, où cohabitent cadres et immigrés, et la France périphérique des petites et moyennes villes, des zones rurales éloignées des bassins d'emplois les plus dynamiques. De cette dernière, qui concentre 60 % de la population française, personne ne parle jamais. Laissée pour compte, volontiers méprisée, cette France-là est désormais associée à la précarité sociale et au vote Front national.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi a-t-on sacrifié les classes populaires sur l'autel d'une mondialisation volontiers communautariste et inégalitaire, aux antipodes des valeurs dont se réclame la classe politique ? Comment cette France populaire peut-elle changer la donne, et regagner la place qui est la sienne, la première ? Dans cet essai polémique et percutant, Christophe Guilluy dresse un diagnostic sans complaisance de notre pays, et esquisse les contours d'une contre-société à venir...
Partant d'une violence symbolique et d'un imaginaire méconnu, Laurent Vidal fait la genèse des hommes lents, ces individus mis à l'écart par l'idéologie du Progrès. On y croise tour à tour un Indien paresseux et un colonisé indolent, des ouvriers indisciplinés et, plus proches de nous, le migrant en attente ou le travailleur fainéant.Mais l'auteur révèle aussi la façon dont ces hommes s'emparent de la lenteur pour subvertir la modernité:de l'oisiveté revendiquée aux ruses déployées pour s'approprier des espaces assignés, les hommes lents créent des rythmes inouïs, jusque dans les musiques syncopées du jazz ou de la samba. En inventant de nouveaux modes d'action fondés sur les ruptures de rythme, ils nous offrent un autre regard sur l'émancipation.Mêlant la rigueur de l'historien à la sensibilité de l'écrivain, cet essai ouvre des horizons inédits pour repenser notre rapport à la liberté.
«II n'y a rien de pire que les femmes entre elles».Cette phrase, que nous avons tous entendue au moins une fois dans notre vie, est loin d'être anodine. C'est la conséquence directe de siècles durant lesquels les femmes ont été conditionnées à considérer leurs semblables comme des menaces.Pourquoi voit-on l'autre femme comme une rivale? Où cette rivalité prend-elle racine? Comment se manifeste-t-elle socialement encore aujourd'hui? Et surtout, comment y mettre fin?Marie-Aldine Girard a recueilli le témoignage de nombreuses femmes et en a extrait un essai captivant sur la rivalité féminine, où l'on comprend pourquoi la sororité passe d'abord par le fait d'accueillir avec bienveillance la parole des femmes.Un essai pour en finiravec la rivalité féminine.
Poursuivant les recherches entreprises dans Morale et communication, Habermas cherche dans cet essai à dépasser l'opposition qui marque les débats, en philosophie morale, entre un universalisme abstrait («la morale est la même pour tous») et un relativisme contradictoire («si chacun peut défendre sa morale, comment précisément se défend-il ?»). La question morale centrale n'est plus de savoir comment mener une vie bonne, mais à quelles conditions une norme peut être dite valide ; elle n'est plus tant celle du bien que celle du juste. En ce sens, il est nécessaire de distinguer les questions morales, sur lesquelles on peut argumenter rationnellement, des questions éthiques, qui relèvent de choix subjectifs et davantage circonstantiels, propres à chacun. Habermas suggère qu'un «usage pragmatique, éthique et moral de la raison pratique» permettrait d'élaborer un consensus dans la discussion intersubjective, et ouvrirait la porte à une opinion démocratique et publique.
Trump, le Brexit, les Gilets jaunes : trois exemples frappants de ce que le géographe Christophe Guilluy décrit comme « l'irruption au salon » des classes populaires.
Aujourd'hui, les « invisibles » sont devenus « incontournables » : pour la première fois depuis les années 1980, la classe dominante fait face à une véritable opposition. On l'a vu pendant la crise sanitaire de la Covid-19, ce sont bien les caissiers, les ouvriers, les infirmiers qui sont revenus sur le devant de la scène, accueillis en héros.
Les valeurs traditionnelles - l'attachement à un territoire et à la nation, la solidarité et la préservation d'un capital culturel - imprègnent tous les milieux populaires.
Nous sommes à un tournant : un plaidoyer puissant pour la démocratie des gens ordinaires.
A-t-on le droit de sacrifier une vie pour en sauver plusieurs? Comment rendre justice quand il y a mort d'homme, mais ni responsables, ni coupables assignables? Vaut-il mieux mourir pour ses idées que se compromettre?Des questions de justice sociale aux nouveaux enjeux de la bioéthique ou du droit international, le débat moral s'invite sur tous les terrains. Mais la théorie de la justice ne peut pas tout:un scrupule, un souvenir, un doute peuvent survenir qui brouillent la réflexion.Parce qu'elle prend en charge la part des émotions et de l'imagination, la littérature offre ses propres ressources pour nous aider à répondre à la question récurrente:qu'est-il juste de faire?Convoquant aussi bien des oeuvres classiques que des références populaires, de Victor Hugo au soldat Ryan de Spielberg en passant par Kafka, Melville ou Camus, cet essai nous plonge dans les grands dilemmes pour mettre au jour, sans jugement tranché ni solution de facilité, les ressorts de nos luttes intérieures. La littérature est le laboratoire des cas de conscience.
L'irruption sur la scène publique, culturelle et politique de l'affirmation homosexuelle a entraîné une prolifération de discours sur la définition même de l'homosexualité, et soulevé tout un ensemble de problèmes théoriques, sociologiques, philosophiques : qu'est-ce qu'un homosexuel aujourd'hui ? Qu'est-ce qu'une identité ? Qu'est-ce qu'une mobilisation politique ?
Didier Eribon propose ici une série de réflexions qui se déploient selon trois axes.
D'abord une analyse de l'expérience vécue, dans laquelle il s'efforce de ressaisir comment une place infériorisée est assignée aux homosexuels dans la société, et comment leur subjectivité s'en trouve marquée. Il s'efforce ensuite de restituer quelques étapes cruciales de la constitution de l'identité gay moderne au XIXe siècle, à la fois dans la littérature et dans la culture populaire.
Il étudie alors comment le procès d'Oscar Wilde mit un terme provisoire à l'émergence de cette prise de parole, et comment il en alimenta par la suite les résurgences (chez Gide et Proust notamment).Enfin, il s'attache à commenter les textes de Michel Foucault sur toutes ces questions en s'interrogeant sur ce que peut être une « culture gay » aujourd'hui.
Comment les gays peuvent-ils reformuler eux-mêmes leurs propres personnalités, dans un geste toujours recommencé d'écart par rapport aux normes ? Telle est finalement la préoccupation autour de laquelle s'articulent les trois parties de ce livre.
Paru en octobre 2009, Retour à Reims a rencontré un écho considérable et suscité de très nombreux débats. Didier Eribon entreprend ici d'approfondir le récit et les réflexions qui s'entrecroisaient dans son précédent ouvrage, devenu un classique.
La société assigne des places. Elle énonce des verdicts, qui s'emparent de nous et marquent nos vies à tout jamais. Elle installe des frontières et hiérarchise les individus et les groupes.
La tâche de la pensée est de mettre au jour les mécanismes d'infériorisation et les logiques de domination et de reproduction sociales. Didier Eribon nous convie à un véritable renouvellement de l'analyse des classes, des trajectoires, des identités et du rôle central et ambivalent des institutions (notamment le système scolaire, la justice, la politique...).
Pour lui, seule une démarche qui place au centre de ses préoccupations le problème des déterminismes par lesquels nos vies sont régies peut nous permettre d'ouvrir la voie à une politique de l'émancipation.
Qu'est-ce que le patriarcat ? Une forme d'organisation sociale et juridique fondée sur la détention de l'autorité par les hommes. Pourquoi perdure-t-il ?
Après avoir interrogé un panel de jeunes hommes et de jeunes femmes, Carol Gilligan avance une hypothèse nouvelle : si le patriarcat perdure, c'est non seulement parce que les personnes en position de pouvoir sont réticentes à renoncer à leurs privilèges, mais aussi parce qu'il sert une fonction psychologique. Dans la mesure où il requiert le sacrifice de l'amour au nom de la hiérarchie, le patriarcat s'érige en rempart contre la vulnérabilité associée au fait d'aimer. La prise de conscience que c'est notre capacité à communiquer nos sentiments et à capter ceux des autres qui menace les structures hiérarchiques change entièrement la donne. Une thèse forte, et un combat résolument actuel.
Comprendre l'islam ou plutôt : pourquoi on n'y comprend rien « Depuis des années, nous sommes abreuvés d'informations et d'opinions sur l'islam. L'actualité tragique du monde comme les mutations profondes de la société française, tout ne cesse de pointer vers cette religion à laquelle journaux, sites Internet et émissions de télévision consacrent tant de décryptages. Pourtant, le paradoxe est là : plus on l'explique, moins on le comprend. » Pourquoi peut-on dire sur l'islam tant de choses contradictoires ? Et pour connaître son « vrai visage », comment s'y prendre ? Suffit-il de lire le Coran ? Peut-on enfin savoir si cette religion, avec son milliard de croyants, en veut vraiment à notre mode de vie et à la paix dans le monde ? Dans ce livre lumineux, qui éclaire sans prétendre tout résoudre, Adrien Candiard explique pourquoi, en ce qui concerne l'islam, rien n'est simple. Une lecture dont on sort heureux d'avoir, enfin, compris quelque chose.