Délicat et viscéral, comme le plaisir qu'il exalte?: tel est ce livre, le plus intime et le plus personnel de María Hesse. Elle y raconte son cheminement vers l'éveil sexuel, un chemin tortueux parsemé de culpabilité, de honte et d'ignorance, qu'elle a surmonté grâce à une curiosité insatiable et à l'exemple de ces femmes illustres qui ont su explorer le mystère et la puissance de la sensualité, affronter les préjugés de leur époque, donner un nom à ce qui leur manquait, et éclairer le chemin du plaisir pour que d'autres le suivent avec plus de légèreté. Des femmes de chair et de sang ou de fiction, telles Lilith, Marie-Madeleine, Colette, Anaïs Nin, Mata Hari, Simone de Beauvoir, Erika Lust, Daenerys Targaryen et bien d'autres...
Marilyn e´tait l'une des plus grandes ico^nes du XXe sie`cle, dont l'image sulfureuse de jeune femme aux cheveux blond platine sur une soufflerie de me´tro, restera dans les me´moires. Grand public, cine´astes, e´crivains et pre´sident des E´tats-Unis tomberont amoureux de ce sexe symbole dont le reflet parfois trop lisse et nai¨f cachait une femme e´nigmatique, cultive´e et intelligente, souvent insoumise. Maria Hesse s'attache donc a` dresser le portrait de cette femme de l'ombre, une femme rebelle et peut-e^tre dangereuse dont l'e´poque se me´fiait, pre´fe´rant conside´rer le cliche´ de la femme artificielle qui amuse et distrait son public sans faire de vague. Finalement, Marilyn aurait probablement e´te´ une fervente porte-parole du mouvement Me too...
Inspirée par l'intensité de Frida Kahlo et de ses tableaux les plus célèbres, l'artiste espagnole María Hesse nous livre ici une oeuvre singulière sous formes d'articles, de lettres, de dessins très colorés qui illustrent magnifiquement les fragments de la vie de l'icône mexicaine.
Voyage et maternité ne font pas bon ménage. C'est pour- quoi, après une période heureuse consacrée à son enfant, Augustina Guerrero décide de reprendre la route (enfin l'avion) en compagnie de sa meilleure amie Loly. Destination : le Japon. Les copines ont planifié leur séjour et sont impatientes de s'envoler vers l'inconnu, mais au moment de partir, c'est la panique. Les angoisses surgissent et l'autrice du Journal d'une emmerdeuse est ramenée à cette vérité accablante : même à l'autre bout du monde, on n'échappe jamais à soi-même. Maniaque du contrôle, sujette aux insomnies, submergée par l'exotisme d'un pays dont la langue et les coutumes lui sont étrangères, Augustina Guerrero lutte contre ses démons. Heureusement, elle peut compter sur le soutien de son amie Loly, dont l'optimisme et l'appétit semblent inébranlables.
David Bowie est bien plus qu'un chanteur qui a vendu 136 millions de disques, bien plus qu'un artiste qui a expérimenté une multitude de styles et a défini les contours de la culture pop. Avec son alter ego venu de l'espace, Ziggy Stardust, et des chansons comme « Starman » ou « Space Oddity », il a défié les règles de la musique et s'est transformé en l'icône de sa génération et le modèle des générations futures. Sa grande carrière d'artiste est intimement liée à sa biographie personnelle.
Ce livre nous plonge dans tous les aspects de sa vie, notamment les plus profondes énigmes de la star. On y redécouvre sa constante obsession de la réussite, son addiction à la cocaïne, ses histoires tumultueuses avec les femmes et sa relation très fusionnelle avec son demi-frère schizophrène. Comme un hiéroglyphe, Bowie est un mystère que nous aimerions tous élucider. Maria Hesse et Fran Ruiz ont réussi à brosser un authentique portrait introspectif et poétique rédigé à la première personne.
Au Japon, l'art de la vulve ne passe pas. L'artiste tokyoïte Rokudenashiko a été inculpée le 24 décembre 2014 et incarcérée six mois après sa première arrestation, pour avoir enfreint la loi relative à l'obscénité, en moulant son sexe puis en le scannant en 3D afin de construire un canoë kayak.
Son travail, insolite et non dénué d'humour, vise à casser le tabou de la représentation du sexe féminin dans son pays, où la pornographie est largement diffusée, mais où la représentation des appareils génitaux reste interdite - ceux-ci sont floutés, pixellisés ou estompés sur les photos, les dessins et dans les films.
Le récit de cette arrestation, médiatisée dans le monde entier, a permis de mettre en évidence les contradictions d'une société japonaise sclérosée par ses tabous, concernant plus généralement le statut de la femme.
De la lecture de ce chef d'oeuvre autobiographique, qui aborde notamment le thème de l'intégration, on en ressort bouleversé. Et troublé. Par ce personnage complexe, ambivalent, mais terriblement attachant. Et par la force créative d'Halfdan Pisket qui a su transcender cette histoire tragique avec une énergie résiliente étonnante.
Cafard, second tome de cette trilogie après Déserteur, le père d'Halfdan décide de quitter la Turquie, un pays qui n'est plus le sien, à la fin des années 70, afin de fuir un passé douloureux et reconstruire sa vie. Mais les choses sont plus complexes que prévu, comme si le sort s'acharnait sur cet homme seul au monde, déstructuré, insoumis et malmené par ses crises d'épilepsie. Au Danemark, il trouve un travail provisoire et dépense son argent dans les bars de nuit où il rencontre de jeunes suédoises. Il finit par tomber amoureux de Sofie, une jolie danoise avec laquelle il aimerait construire sa vie. Mais les différentes entraves qui viennent se mettre sur sa route, à savoir la validité de ses papiers, la possibilité de travailler, le racisme et l'injustice sociale, vont l'entraîner bien vite dans une chute irrémédiable.
Prisonnier d'une geôle lugubre, le père de Halfdan Pisket se souvient du moment où il habitait ce village non loin de Kars dans la zone frontalière instable entre la Turquie et l'Arménie. Né dans une famille aisée, d'un père turc et d'une mère russo-arménienne, il y menait une vie d'adolescent presque normale même si les alentours sous tension étaient surveillés par les conscrits turcs - les « sans-visage ». Toutes les religions et coutumes cohabitaient en paix mais la terre sombre de ce pays recélait encore le souvenir funeste du génocide arménien. Les évènements dramatiques commencent à s'accumuler lorsque son meilleur ami est abattu par les « sans-visage », alors qu'il ne faisait que prendre du bois dans la forêt. Suite au choc émotionnel, rempli de haine, le jeune homme est terrassé par ses premières crises d'épilepsie. Alors qu'il est enrôlé de force dans l'armée des « sans-visage », il suffira qu'une visite à son père malade soit refusée par sa hiérarchie pour qu'il décide de prendre la fuite. Très vite repris, c'est de cette sinistre geôle qu'il nous raconte - quand il n'est pas torturé - son histoire chaotique, au rythme des crises d'épilepsie et des flash-back, créant ainsi une pulsation très singulière entre la réalité transcendée pleine de poésie et le récit historique. Basée sur des interviews du père de l'auteur et des anecdotes tirées de sa vie dans les années 60-70, cette histoire troublante d'une famille qui part en lambeaux est sublimée par un dessin intense, tourmenté et convulsif.
De?1840 à?1940, le Freak Show est une véritable institution aux USA, avec ses grands étendards et ses fanfares de rue, où chacun se dispute des monstres toujours plus extraordinaires. Si on peut se féliciter de la disparition de ces cirques ambulants - car certainement perçus comme une simple exploitation de monstres -, beaucoup d'entre eux ont fait le choix de ce statut «?d'artiste?» afin de connaître une authentique chance d'ascension sociale.
Surnommé «?Tête d'épingle?», Schlitze Surtees est également apparu en 1932 dans Freaks, film culte et maudit de Tod Browning qui sera interdit pendant une trentaine d'années. C'est en découvrant cette oeuvre en 1963 que Bill Griffith a une véritable révélation et décide d'écrire sur ce personnage particulièrement affectueux et attachant.
Une voix nous raconte une histoire... Celle d'un jeune homme ex-délinquant, Yusuf, hanté par un passé dissolu. Son ami d'enfance Rafil, fidèle compagnon, est dans un service de cancérologie à l'hôpital royal de Copenhague. Il est atteint d'une tumeur au cerveau et ses espoirs de survie s'amenuisent au fur et à mesure du récit. C'est une danse inexorable avec la mort, mais ce n'est pas que cela. Cette maladie qui semble toucher étrangement toute la population est un cancer social, un crabe qui s'immisce silencieusement au fond de nous tous. Mais dans cette danse macabre il y a surtout Alma, l'amoureuse de Yusuf, un amour qu'il néglige, un amour qu'il aimerait s'inoculer pour combattre cette étrange épidémie, un amour de tragédie grecque. Halfdan Pisket fusionne à la perfection le réalisme social et la prose lyrique. Il devient encore une fois un funambule fabuliste halluciné et génialement hallucinant...
Oskar Ed a reçu le grand prix au festival international de Pologne, en 2015 et le prix Muriel Awards dans les catégories "Meilleur livre original" et "Meilleur scénario original 2016". Oskar Ed, Mon plus grand rêve est l'aboutissement d'un travail de huit années qui vient finaliser une trilogie éponyme commencée il y a 20 ans et publiée sous 3 tomes de 2003 à 2006.
Au cours de l'été 2015, Ali Fitzgerald commence un atelier hebdomadaire de bandes dessinées avec des réfugiés à Berlin, soutenu par Amnesty International. Dans cette "non-fiction graphique surréaliste" - c'est ainsi qu'elle définit sa bande dessinée - , l'autrice présente avec beaucoup de sensibilité les difficultés que rencontrent les réfugiés en Europe. En leur proposant de dessiner, elle leur offre un moyen d'exprimer, sans forcément parler, ce qu'ils ont vécu et ce qu'ils espèrent.
Tout en suivant leur parcours, elle raconte Berlin et établit avec beaucoup d'habilité un parallèle instructif entre ce drame actuel et celui des Juifs obligés de fuir les progroms des années 1920, puis persécutés plus tard par les nazis.
Dans ce roman graphique sans paroles, Mikkel nous dessine, au stylo à bille et avec une superbe dextérité, l'histoire d'une jeune mulâtresse esclave dans une plantation de cannes à sucre haïtienne, à la veille de la révolution de 1791...
Le rythme sourd de la révolte gronde dans la nuit profonde, tandis que les vibrations des percussions emplissent les plantations se propageant ainsi jusque dans les geôles où la rage enchaînée se mord les lèvres...
L'auteur nous emmène ensuite dans les pas d'un personnage anonyme qui nous guide dans le Bruxelles du xxie siècle où l'esprit insurrectionnel résonne toujours.
De certains lieux underground jaillissent des sons vrombissant qui se tortillent le long des rues jusque dans les manifestations pour se mêler à la contestation.
Cette confrontation historique pose la question de la pérennité de l'esprit révolutionnaire à une époque contemporaine où la révolte se transfigure en de multiples et différentes formes.
Trois histoires qui se croisent et finissent par s'entremêler.
Chacune d'elles est empreinte d'étrange et de science-fiction.
On découvre un futur possible où les expériences scientifiques ont engendré des mutations irréversibles de l'être humain. Les humains mutants contaminent leur entourage mais tout cela est étouffé et gardé secret.
Impossible de dénouer le fil du récit tissé par l'auteur qui nous laisse haletant, pantois et distille en nous l'angoisse sourde d'un mystère non élucidé. Genre, sexualité, condition sociale, espèce, rien n'est établi. Et le portrait encadré d'un singe, à la manière d'une photo de famille, nous interpelle sur le passé de notre espèce et donc son futur à venir...
Dana, jeune femme noire vivant dans les années 1970, est soudainement et inexplicablement transportée de sa maison en Californie vers le Sud d'avant la guerre civile (1861-1865). Alors qu'elle voyage dans le temps en plusieurs allers et retours entre sa réalité contemporaine où elle est une femme libre et l'époque de la guerre de Sécession, elle se retrouve à devoir survivre dans une plantation sudiste, confrontée à Rufus, son ancêtre blanc et esclavagiste.
Adapté du célèbre roman d'Octavia E. Butler, Liens de sang (Kindred) a reçu l'Eisner Awards 2018 de la meilleure adaptation d'une oeuvre littéraire. Dans son roman, Octavia E. Butler explore en profondeur la violence et la perte d'humanité causées par l'esclavage aux Etats-Unis, et souligne son impact complexe et durable sur le monde actuel.
Lorsque Giulia Pex découvre le récit Khalat de Davide Coltri tiré du recueil d'histoires Dov'è casa mia, elle accepte la proposition d'un éditeur italien de l'adapter. Le journaliste écrivain est spécialisé dans les projets d'éducation d'urgence dans le domaine humanitaire. Il s'est rendu en Irak, au Soudan, en Sierra Leone, en Turquie, en Syrie et dans d'autres pays, où il a collecté de nombreux témoignages de réfugiés en difficulté qui traversaient les frontières à la recherche d'un nouveau pays qui pourrait les accueillir. Il décrit non seulement les guerres civiles et les actes de terrorisme, mais aussi la solidarité, la résistance et l'espoir pour tenter de construire une vie différente.
À partir de mars 2011, au moment du début du printemps arabe, Khalat, jeune femme kurde syrienne, quitte sa ville natale pour intégrer l'université de Damas. Le déclenchement de la guerre civile détruit ses rêves mais pas son désir de résister à la violence et de sauver sa famille. Devenue mère par adoption, elle s'enfuit à travers huit pays et plusieurs camps de migrants pour trouver finalement refuge en Allemagne.
Giulia Pex illustre avec une grande sensibilité et un souci du détail qui amplifie le pouvoir de l'écriture : les yeux, les mains et les gestes presque imperceptibles sont dessinés avec un trait délicat qui donne à ce récit toute sa profondeur.
Dans ce roman graphique nous de couvrons un monde e trange ou les arbres perdent leurs feuilles, et jamais elles ne reviennent. Les oiseaux partent, le ciel est pesant. La nature semble morte dans cette grande ville brumeuse qui rappelle ces grandes me tropoles chinoises ou la pollution s'habille d'un brouillard e pais. E trangement, les habitants semblent s'accommoder de cette atmosphe re hivernale ouate e de me lancolie. Au nombre de feuilles mortes gisant a terre re pond celui des tuyaux qui trament cette ville.
Un jour tout aussi maussade que les pre ce dents, le jeune homme que nous suivons trouve une feuille palpitant d'une lueur vive et bleue. Une feuille vivante. Il en reconnaî t la pre ciosite , me me s'il ne comprend pas d'ou elle vient, et pourquoi elle est unique.
C'est alors qu'il la montre a cet employe qui s'occupe de balayer toutes ces feuilles mortes pour en alimenter les tuyaux qui convergent vers cette e norme et myste rieuse usine. Que font-ils la -bas avec toutes ces feuilles re colte es ? L'homme tenterait-il de reconstituer la vie ve ge tale ? Et cette e nergie lumineuse serait-elle un vestige de l'e poque ou ve ge taux et hommes cohabitaient encore ? Ou bien repre sente-t-elle l'e tat d'esprit du jeune homme ?
C'est tout en poe sie, avec un dessin fascinant, que Daishu Ma nous pose toutes ces questions essentielles sur l'environnement tout en sugge rant au lecteur qu'il est important de garder espoir pour tenter d'endiguer cette de shumanisation forcene e.
L'autrice brésilienne Carolina de Jesús a été l'un des plus grands phénomènes littéraires du Brésil en 1960, notamment avec son livre Quarto de Despejo.
Carolina raconte le combat de cette femme noire, pauvre et mère de trois enfants, vivant dans la favela de Canindé, au nord de São Paulo. On y découvre sa renommée littéraire - le livre a été traduit en 14 langues étrangères et s'est vendu à 1 millions d'exemplaires dans le monde - puis son déclin, car très vite oubliée.
Une voiture de police stylée années 50 fonce à travers le désert du sud des États-Unis, quelque part entre l'Arizona et l'Alabama. À son bord, l'officier Alonzo, son jeune coéquipier et, dans le coffre, un noir bâillonné prêt à être livré en offrande à une secte sataniste mâtinée d'un racisme à la KKK. Dans ces contrées sudistes, c'est en tuant un noir que l'on gagne la confiance et le respect des siens. Mais cette fois, les règles de l'épreuve initiatique sont changées et c'est son coéquipier qu'Alonzo va devoir tuer...
Le tableau ne serait pas complet sans la présence d'évangélistes mormons qui retirent leurs globes oculaires avant de se coucher comme d'autres déchaussent leurs lunettes, de femmes à quatre seins, de revenants qui viennent hanter les mauvaises consciences des vivants, de policiers véreux à la gachette sensible qui vivent mal leurs pulsions homosexuelles...
Construit selon un principe circulaire hérité du film Pulp Fiction, ce roman graphique aux ambiances surréalistes explore avec une étonnante virtuosité l'étrange et le fantastique dans un monde en décomposition qui n'est pas sans rappeler l'univers de David Lynch.
Le bon choix en amour ? Tout est une question de nez...
Lui et elle: un couple en crise. Après trois ans, quelque chose s'est cassé, les disputes sont continues et il n'y a rien de pire que de se retrouver spectateur d'une relation en train de s'effriter. Les protagonistes de Sniff s'aiment follement, mais ils sont sur le point de se perdre pour toujours. Des vacances ensemble à la montagne sont la dernière chance de retrouver la compréhension et la passion.
Là-haut, dans la neige, des choses étranges commencent à se produire ...
Un roman graphique léger et surréaliste, avec des échos de Calvino et Gogol, amusant et intriguant pour raconter la danse des sentiments, la fragilité et la versatilité du coeur. Avec les yeux vifs de l'écrivain et réalisateur Fulvio Risuleo, avec les couleurs chaudes et les lignes sinueuses d'Antonio Pronostico, illustrateur à ses débuts brillants dans la bande dessinée.