Le Quartier Réservé est un haut-lieu de la pègre marseillaise des années 1920. Situé entre la Vieille Charité et le Vieux-Port, ce « chancre de l'Europe » abritait nombre de prostituées, de trafiquants et de marins en vadrouille. Il sera détruit pendant la seconde guerre mondiale.
Un père, maquereau prospère du Quartier réservé, écrit à son fils dans ce qu'il pense être sa dernière lettre. Ce qu'il aurait aimé, c'est que le fils prenne sa succession à la tête des « Colchides », sa maison close. Mais le fils n'en veut pas : c'est un intellectuel qui ne s'intéresse qu'à la poésie , aux livres et à des personnalités étonnantes comme Tête d'or le boxeur noir américain ou Salammbô le chanteur travesti traumatisé par la guerre. Mais Jeanne, une prostituée fantasque recrutée par le père, va semer la confusion.
Quartier réservé est un récit double : une partie racontée par le père (dans les nuances de rouge/jaune) et l'autre par le fils (nuances de Blanc/bleu). Ces couleurs jouent un rôle symbolique et psychologique.
Le roman graphique retrace une période trouble et révolue de l'histoire de Marseille. Quelques faits tragiques ou ayant profondément transformé l'aspect de la ville y figurent : le démantèlement du Pont transbordeur, l'incendie des Nouvelles galeries, la destruction du Quartier réservé par les Allemands.
Ce récit graphique s'inspire des romans de Claude Mc Kay « Banjo » et « Romance in Marseille » qui relatent la vie quotidienne du Quartier réservé : prostitution, trafics mais aussi l'arrivée du jazz grâce aux marins américains. Le « Marsiho » d'André Suarès ainsi que les archives abondantes sur le net ont servi de documentation graphique et littéraire.
La vie c'est des étapes... La plus douce c'est l'amour... La plus dure c'est la séparation... La plus pénible c'est les adieux... La plus belle c'est les retrouvailles.
On choisit parfois sa vie de manière audacieuse lorsqu'on a 20 ans.
J'avais brouillé les pistes sciemment sans penser que le temps courait vite.
À 23 ans, je suis devenu infirmier par souci d'autonomie et éviter les embûches que l'on me prédisait si je m'engouffrais dans une vie d'artiste.
Je le suis resté durant 25 ans.
C'est entre deux mondes qu'oscille ce récit : une expérience, mon parcours.
D'un côté, le trajet du soignant découvrant la réalité d'une communauté et la progression de sa profession au gré d'évolutions de politiques sanitaires. De l'autre, l'artiste se battant pour acquérir une légitimité dans une société où il peut être jugé comme non essentiel.
"Virginia Hill, journal d'une affranchie" est un biopic basé sur des fait réels, dans le plus grand respect des dates, des lieux et des personnes. Il se tient éloigné des romances qui présentent Virginia Hill uniquement comme la maîtresse de Siegel, alors que celui-ci ignorait la nature de ses relations avec la mafia de Chicago. L'audition de Virginia à la commission Kefauver en 1951 sert de fil conducteur. Ses déclarations sont émaillées de flash-back déroulant le fil de sa vie, en contradiction avec ses mensonges ou elle soutient mordicus, conformément au code des affranchis, qu'elle ne sait rien sur rien. Virginia est le témoin et l'actrice privilégié d'évènements marquants, et c'est par son point de vue que nous regarderons la mafia de l'intérieur dans une Amérique en pleine mutation.
- T'avais raison, c'est dur à l'extérieur. C'était mieux dans la clinique.
- C'est le début... C'est normal que tu sois chamboulée.
- Ouais je sais. Mais aussi, tu me manques grave. On se voyait beaucoup plus, enfermés là-bas !
- On y retourne si tu veux !
- Ils ne voudraient même plus de nous !
C'était il y a fort, fort longtemps. Dans un shtetl, petit village typique d'Europe de l'Est, là même où on parlait le yiddish. Les synagogues étaient encore debout, le rabbi était encore la personnalité la plus importante du bourg... Dans ce shtetl, par cette chaude soirée de juin, la jeune Tsirele se préparait à se coucher. Seule.
Une rue passante, une rue pleine de vie. Une rue vue à hauteur d'un homme à terre. Un SDF. Depuis son monde intérieur, un monde obscur traversé de quelques lumières et de rares espérances, il contemple l'indifférence, lui, l'invisible
- Je dis seulement la vérité ! Rappelle-toi la jeune Hala l'année dernière. Elle s'est mariée sans l'autorisation de tous ses frères, l'un d'eux a fini par lui éclater la tête à coups de pilon !
- Wahida ! Si tu veux rester à ma table, tu vas changer de conversation immédiatement !
- Moi, ce que j'en dis, c'est pour qu'elle soit prévenue la petite. C'est tout.
Salvatore et Alice se rencontrent au Palais Longchamp à Marseille, alors qu'ils ont dix ans l'un et l'autre. Pour Salvatore, c'est le coup de foudre. Salvatore vient des quartiers populaires, Alice est issue de la bourgeoisie locale. Pourtant, Salvatore se fait une promesse : plus grand, il épousera Alice. Mais la vie les sépare et une lourde menace pèse sur eux, conformément à la funeste prédiction de la carte de l'arcane 16 qu'Alice a autrefois offerte à Salvatore... Ils grandissent. Il deale, elle consomme. Il l'aime, pourtant il va la détruire.
Dans le tarot marseillais, la Maison-Dieu marque la fin, la destruction, l'irréparable, le point de non retour. Il peut aussi s'agir d'une destruction lente et méthodique de l'âme et du corps. Quoi qu'il fasse, le consultant est impuissant.
Printemps 1942. Hélène a 12 ans quand elle est internée avec sa mère au camp de Brens près de Gaillac dans le Tarn. Été 2018. Mary Aulne découvre par hasard l'existence de ce lieu de honte que toute la région semble vouloir cacher. Un camp uniquement pour les femmes. En pleine zone libre. « Les Roses Blanches » c'est l'histoire de la rencontre d'Hélène et de Mary. Mais c'est aussi celle de toutes ces femmes qui ont été internées à Brens entre 1942 et 1945 et qui ne doivent jamais être oubliées.
Une petite fille grandit dans le Quartier latin, portée par l'élan de mai 68. Elle adore les chansons populaires et les programmes télé des années 70. Elle va à l'école, s'amuse, s'étonne, rêve, fait tout pareil que la plupart des jeunes Français de sa génération. Le seul hic, ou pas, c'est qu'elle est d'origine chinoise.
68-78 Made In France va dans le sens du magazine culturel Koi fondé par la jeune eurasienne Julie Hamaïde ou le spectacle de Caroline Guiela Nguyen, Saïgon, qui a obtenu un beau succès au Festival d'Avignon en 2017 :
Des créations qui cherchent à dépasser les clivages sans nier la variété des origines et qui témoignent de ce désir de trait d'union entre tous les Français, d'origine asiatique ou non.
Dire que je vais revoir Marco... mon premier amour, c'était il y a 20 ans. Il doit arriver à la gare de lyon à 18h30. J'ai dit à Patrick que je dînais avec une vieille copine... Je me demande à quoi Marco ressemble aujourd'hui... on s'était rencontrés sur la plage de Termoli en Italie. J'avais 19 ans, lui 22...
Dans ce livre, on pourra voir que je ne fais pas trop de cases, que j'aime bien dessiner le carrelage, que le personnage principal (qui s'apparente quelque peu à un genre de moi-même) n'a pas toujours la même tête. Qu'il y a aussi des monstres, parce que c'est marrant à dessiner, que les portes et les fenêtres des immeubles sont beaucoup trop petites par rapport aux personnages, (mais j'ai pas le choix, sinon ça ne rentre pas dans la page). Et que j'aime bien les concerts DIY, mais que J'ai une carte d'abonnement pour les cinémas multiplex.
Ce roman graphique, dont l'intrigue a lieu dans les quartiers nord de Marseille, raconte l'histoire de deux fratries, Omar et Wonder, Djamila, Lago, Malic et Souali. Plus Daniel, pièce rapportée, dont le destin est de s'enrichir en vendant de la drogue, et dont l'ambition est d'être un artiste, un écrivain. A l'origine de ce roman graphique, il y a Aouine, un film interprété par les habitants d'une cité de Marseille, lors d'ateliers d'improvisations. Au cours de ce tournage, nous avions recueilli tellement d'histoires, nous nous étions nourris de tellement d'émotions, que nous avions le sentiment que seul, ce film ne suffirait pas à en rendre compte.
C'est ainsi qu'est née l'idée de cette BD. Notre duo devint trio, avec la rencontre de l'illustrateur, Cépé.
1975 : la guerre civile vient d'éclater au Liban.
Ismahane a 5 ans. Seule fille d'une fratrie de 4, elle passe le plus clair de son temps à jouer avec ses frères et son cousin Malek, 9 ans. Elle est élevée par sa tante Amira. Son père, Abou Ali, n'est pas très présent et fait figure de chef de clan. La famille est musulmane, mais pas vraiment pratiquante. Le tome 1 suit le parcours d'Ismahane, depuis son adolescence jusqu'à son arrivée à Paris, où son idylle avec son cousin Malek se concrétisera, en violation totale avec les traditions du clan familial.
A Paris, la relation passionnelle entre les deux amants est ternie par un sentiment de culpabilité. Leur histoire démarre à peine, que le retour se profile déjà. Au pays, le père d'Ismahane meurt. Elle doit rentrer au Liban pour les funérailles, avec Malek.
Ce roman graphique noir est écrit à la deuxième personne du singulier, au présent. La narratrice, Emma Nochère, s'adresse à un homme qu'elle a aimé, et remonte le fil de leur histoire. Depuis leur rupture, il a essayé d'aller mieux, a rencontré une autre femme, est devenu père. La vie semble avoir repris ses droits. Désormais absente de sa vie, Emma l'interpelle pourtant comme si elle pouvait le voir agir, penser, rêver. Entre eux, le lecteur comprend peu à peu qu'il y a davantage qu'une séparation douloureuse. Au fil des planches, se révèle, en creux, une histoire bien plus sombre. Bien plus folle. Les dernières planches ménagent une vraie surprise au lecteur, tandis que résonne, à rebours, une histoire étrangement obsédante.
De retour de la guerre d'Afghanistan, Damien est sous l'emprise d'un terrible souvenir. Les fantômes de sa mémoire hantent son quotidien et l'isolent de sa femme et de son fils. Sa rencontre avec François, le prêtre du village, va lui permettre de se libérer du passé et de renouer avec les siens. Au coeur des Ruines de Tagab, il y a la métamorphose identitaire d'un homme victime de l'horreur. Comment vivre avec soi-même quand le miroir nous renvoie un reflet abject ? Damien ne sait plus qui il est et s'il peut continuer à être. Ce malaise qu'il porte, à la manière d'un virus, menace de se transmettre sous la forme du tabou, à toutes les générations qui le suivent. C'est par l'art et la parole que François conjure le mauvais sort.
Ce sont des événements réels survenus à Londres en 1991, que les auteurs ont décidé de transposer en fiction dans leur ville, Bordeaux.
C'était un jour comme les autres. Pourtant Louis et sa soeur Anne-Lise vont être victimes d'un attentat à la bombe dans un train.L'histoire débute alors que chacun tente de retrouver une vie « normale » après ce drame. Anne-Lise consulte un psychologue, Louis se renferme petit à petit sur lui-même. De l'incompréhension à la colère en passant par la peur, Louis essaye de donner un sens à toute cette violence.
Lorsqu'elle rencontre Serge, Sylvia aimerait croire qu'elle a enfin trouvé l'amour. Mais le musicien talentueux se révèle vite tyrannique et manipulateur. Son égocentrisme, sa paresse, son appétit et sa démesure rappelle le géant Gargantua. Loin d'être aussi débonnaire, Serge dénué d'empathie, cultive sa nature tyrannique et destructrice et cache un terrible secret.
Les Panthères est l'histoire d'un parcours initiatique : celui de Manu, surnommé « Petit Canard », l'idiot de la cité qui, par amour, va découvrir et aimer la littérature et les arts. Ouvrier, il va rencontrer Alex, membre d'un groupe d'étudiants frondeurs, les « Panthères », anarchistes de pacotille.
Entre ces deux mondes se situe la figure tutélaire de M. Suarès, professeur de littérature à la fac, qui va devenir un véritable phare pour Petit Canard. T out, dans la génétique de Petit Canard, était programmé pour qu'il demeure dans son ghetto ouvrier, au milieu de ses copains délinquants des quartiers Nord de Marseille. Mais c'est sans compter sur l'improbable rencontre de Marie, étudiante en Lettres, dont le tatouage - une Panthère haute en couleurs - va rendre fou Petit Canard.
« Pièces obliques » est un recueil de nouvelles graphiques. on y croise des destins exceptionnels comme celui de bill braxton, l'incomparable saxophoniste new-yorkais qui n'a jamais appris la musique, comme cet improbable indien à la recherche d'une mort qu'on lui a volée, ce rugbyman enterré sur son terrain fétiche ou encore ce téléviseur qui fi nit par avaler le téléspectateur. certaines de ces histoires sont grinçantes, d'autres plus légères, mais toujours y pointent ironie et poésie. Des récits -presque des contes- « obliques » en ce que toute vérité ne peut se dire que de façon métaphorique: c'est en quelque sorte la diagonale du sage, même s'il n'y a en fi n de compte (ou de conte) que peu de sagesse en ce recueil.
Après Fausse Route, un album sombre et dense dans la veine du pur polar américain, Vincent Gravé et Joseph Incardona, sortent un second album. Quittant les extérieurs nuits seventies d'un road-movie où il était question d'une femme fatale et d'un évadé de prison, ils abordent cette fois-ci dans Petites Coupures l'univers en huis clos et oppressant de la boxe dans les années 1940. Le temps d'un combat opposant Paul Norman à Max Chavez. L'histoire se déroule en 9 rounds sur et autour du ring. Inserts et flash-back permettent de dérouler deux existences que tout oppose en apparence et qui se retrouvent confrontées lors d'un match de gala. D'un côté Paul Norman, le champion déchu et, de l'autre, Max Chavez, l'étoile montante. Ce qui doit être alors une simple confrontation sans enjeux spécifiques, sinon pour Norman d'empocher une bourse rondelette et pour Chavez de peaufiner les derniers « réglages » avant son combat pour le titre, prend soudain une tournure inattendue et tragique.