Des lois Ferry aux 80 % d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat, la République s'est bâtie sur la promesse de la démocratisation par l'école.
Mais la bourgeoisie s'est toujours réservé, à l'aide de barrières plus ou moins masquées, un accès privilégié à la réussite scolaire et sociale. C'était vrai du temps où le latin et le baccalauréat n'appartenaient qu'à quelques-uns. L'allemand ou les mathématiques ont pris la relève. Les classes prépas restent à peu près aussi éloignées de l'université, dans leur recrutement et leurs débouchés, que jadis le secondaire du primaire supérieur. Et l'enseignement privé, qui n'a presque plus rien de catholique, est l'arme décisive d'une ségrégation qui ne dit pas son nom.
Tout cela est inévitable : il y va de la liberté des parents. Si du moins la bourgeoisie de gauche n'ajoutait à ses stratégies scolaires le cynisme ou la naïveté qui consistent à vanter l'école laïque - pour d'autres enfants que les siens. L'hypocrisie scolaire est de ces maux, parmi les mieux partagés, qui blessent au plus profond la République.
Premier ouvrage abordant les violences faites aux femmes dans le 9e art, À coups de cases et de bulles est à même de montrer la façon dont la bande dessinée franco-belge, les comics mais aussi les mangas traitent les agressions et les crimes de sang. La bande dessinée qui ne cesse d'ouvrir de nouveaux chantiers et de revisiter des domaines déjà balisés, soit en les renouvelant, soit en les inscrivant dans une tradition, continue d'investir l'imaginaire des sociétés contemporaines.
Les entreprises de sauvegarde et de valorisation des archives féministes, en rendant visibles les invisibles, participent au façonnage des mémoires et à la construction présente et future des récits du passé. Cet ouvrage propose de réfléchir, dans un dialogue interdisciplinaire et dans différents pays, à la constitution, la conservation et les usages des fonds féministes et d'éclairer et comparer les conditions d'émergence et de mise en 1/2uvre d'entreprises de consignation des traces, leurs modalités d'organisation, les opportunités politiques et les actrices qui les portent, entre archivage spontané et institutionnalisation, depuis le tournant des années 1968 qui a transformé le rapport aux archives, révolutionné le féminisme et les savoirs universitaires. Il rassemble les contributions de chercheuses, militantes, responsables d'archives, tout·es convaincu·es de la fécondité des archives féministes, mais aussi de leur fragilité et de la difficulté à les circonscrire une fois pour toute. Il donne à voir les réflexions et actions des féministes autour de la conservation des traces, sur les stratégies des associations et militantes, sur les fonctionnements des centres d'archives et le rôle des « archiveuses » ou les liens entre recherche et archives. Il aborde de nombreuses questions sur la définition de la définition des archives féministes, sur les modalités de collecte et de conservation et sur leur place dans la production scientifique.
L?a sociologie ne s'intéresse que trop peu à la relation entre médias et religion, alors que s'observent une amplification des informations religieuses et une multiplication des interventions journalistiques sur ces questions. Ce livre s'intéresse plus particulièrement à la sociologie de l'écriture journalistique, en s'interrogeant sur le traitement médiatique des faits religieux. Il croise une pluralité d'approches : supports (médias régionaux et nationaux; religieux et séculier; presse écrite, audiovisuelle et numérique); espaces considérés (Europe, Asie, Amérique du Nord); acteurs appréhendés (journalistes ou experts). Il en ressort un double constat : les médias ne sont pas neutres à l'égard du fait religieux et produisent une homogénéisation du traitement des informations religieuses; demeurent cependant des interstices dans lesquels peuvent se loger des perceptions différenciées des faits religieux. Des logiques de régulation et de résistance symboliques s'opposent alors, qu'il convient ici de confronter et d'analyser.
Les situations de pauvreté s'imposent inexorablement en France et en Europe, entraînant avec elles la chute sociale de populations croissantes et l'effondrement de leurs conditions de vie. Cet ouvrage propose une lecture sociologique renouvelée des mécanismes de pauvreté en faisant l'hypothèse d'une forme de solidarité à crédit et en s'intéressant aux supports dont disposent effectivement les individus les plus fragiles. L'état des lieux des travaux sociologiques sur cette notion indique combien les supports disponibles sont multiples mais également contradictoires. Si la protection sociale et les métiers du travail social apparaissent comme des supports historiques, leur remise en cause par les orientations politiques néo-libérales laisse la place à d'autres formes de supports concurrents comme les crédits monétaires, qui bien que sociologiquement sous-estimés, sont devenus incontournables pour comprendre les situations de pauvreté. À partir d'enquêtes sur le surendettement financier des individus les plus pauvres et sur l'action sociale contemporaine afférente, l'ouvrage explique comment les crédits sont devenus des supports fictifs, compensant faussement l'effritement des protections sociales à l'1/2uvre depuis une vingtaine d'années.
Comment la sociologie s'empare-t-elle d'un objet singulier comme le suicide ? De cet acte dont on cherche souvent d'abord les causes au niveau individuel et interindividuel, la sociologie a-t-elle véritablement quelque chose à dire ?
Cet ouvrage a vocation à rappeler comment la sociologie et les sciences sociales se sont appropriées cet objet qu'est le suicide, en actualisant les connaissances contemporaines sur ce phénomène. La démarche proposée est fondée sur une approche classique d'analyse des taux de conduites suicidaires et de leurs relations avec les différents facteurs sociodémographiques et économiques. Bien que classique, pourtant, la perspective n'en reste pas moins originale. En effet, la sociologie du suicide se fonde souvent sur l'exclusion d'un pan entier de ce que l'on appelle la suicidalité : les tentatives de suicide. L'ouvrage tentera précisément de montrer en quoi la focalisation sur le suicide est susceptible d'amputer une partie centrale de notre compréhension du phénomène suicidaire, notamment en matière de distribution genrée de ces conduites.
Avec le soutien de l'Observatoire national du suicide de la Drees et du Centre Pierre Janet de l'université de Lorraine.
D'ordinaire, les parties communes des habitats sont réduites au minimum, elles doivent rester neutres et fonctionnelles, on les considère comme le nid des problèmes entre voisins. L'habitat participatif fait le pari inverse : les parties communes sont au centre du projet qui vise à « vivre ensemble, chacun chez soi », cela pour mieux « se réapproprier notre habitat ».
Faire de l'habitat un commun, c'est partager des espaces et des équipements, se constituer en groupe d'habitants pour les gérer, établir des règles communes de gestion, vivre un cadre d'expérience commune, en un mot constituer tout un ensemble de dispositifs qu'il s'agit d'activer et de mettre à l'épreuve dans l'expérience concrète, ceci aussi bien en termes de projet immobilier que de projet politique et de projet d'habiter.
L'enquête propose ici un regard sociologique centré sur l'expérience de 16 habitats participatifs de l'ouest de la France construit sur la période des années 1970 aux années 2010, en suivant les récits des habitants, leurs joies, leurs doutes, leurs questionnements et leurs problèmes vécus en situation. Principalement à base d'entretiens collectifs et d'observations, l'enquête présente des notions innovantes telles que celles de « voisins-cohabitants », d'« extension du domaine de ce qui se discute », et de « plus-d'habiter ».
Il s'agit d'analyser une mutation qui a pris forme depuis une vingtaine d'années au sein du secteur social et médico-social français : celle des personnels de statut cadre, salariés par les associations qui composent ce champ d'activités. Si les fonctions d'encadrement ont historiquement été construites comme des prolongements des métiers sociaux, elles connaissent aujourd'hui une forme d'autonomisation. Une nouvelle structure managériale s'est déployée, fondée sur une dissociation entre l'encadrement opérationnel du quotidien et un management à distance préposé à la gestion de l'activité. De surcroît, bien que les cadres du social soient longtemps restés attachés à des identités relativement proches de celles des travailleurs sociaux, de nouvelles subjectivités apparaissent désormais. Cette métamorphose résulte d'un processus global de désencastrement de ce secteur, c'est-à-dire un changement radical de paradigme qui bouscule ses finalités et, par incidence, son organisation. C'est au sein de cette transformation que s'inscrit la production d'un univers en soi : celui des cadres, en cours de déconnexion vis-à-vis du travail social.
Les troubles de l'attention et de l'hyperactivité (TDAH) sont souvent dénoncés comme un mal du siècle. Parmi la gamme de réponses mobilisées pour y faire face, les traitements médicamenteux (Ritaline, méthylphénidate) occupent une place croissante à l'échelle mondiale, avec par exemple 800% d'augmentation en dix ans au Brésil.
Cet ouvrage mobilise des chercheurs et chercheuses venant de disciplines très variées (sciences de l'éducation, psychologie, neurosciences, médecine, sociologie, économie, humanités) pour analyser les pratiques actuelles de diagnostic et de traitement. Il adopte une approche comparatiste en se penchant sur les situations de la France, du Brésil et du Chili. Il resitue enfin les questions attentionnelles dans l'histoire longue des transformations de nos modes de production.
Cette approche historicisée, internationale et interdisciplinaire invite à regarder de plus près ce qui se passe sur le terrain concret de la médecine scolaire et des conditions institutionnelles d'enseignement. Sans cautionner ni diaboliser le recours aux traitements chimiques individuels, l'ouvrage propose de limiter le déferlement de Ritaline sur nos écoles en sollicitant des pratiques pédagogiques alternatives et novatrices.
Publié avec le soutien du Centre de formation aux métiers de la petite enfance L'HORIZON, du Service de la recherche de l'université Paris 8 Vincennes-Saint Denis et de l'EUR ArTeC _PIA ANR-17-EURE-0008.
Cet ouvrage offre une cartographie des féminismes du temps présent à partir d'une approche mobilisant des champs pluridisciplinaires (histoire, sociologie, philosophie, sciences de la communication, arts) et des aires géographiques et culturelles larges (Europe de l'Ouest, États-Unis, Canada, Inde, Japon). Il interroge le renouveau du féminisme en termes générationnels, il questionne la légitimité d'un sujet politique hégémonique et il explore les cadres théoriques et les modalités d'action de cette « troisième vague » féministe.
Avec le soutien de l'université Cergy-Pontoise et de l'université Paris-Diderot.
En vertu de la Convention internationale relative aux droits de l'enfant, la France s'est engagée à protéger tout enfant privé de son milieu familial, sans considération de nationalité ou d'origine. Pour avoir accès à ce droit, les mineurs non accompagnés (MNA), jeunes migrants sans représentant légal sur le territoire français, doivent toutefois être sélectionnés au terme d'une procédure d'évaluation de leur minorité et de leur isolement. Ils sont alors soumis à une épreuve de crédibilité et doivent se dévoiler, se mettre à nu dans leur corps, dans leurs récits, dans leurs émotions, en restant à tout prix un enfant aux yeux de ceux qui les jugent. De l'extension de la trajectoire migratoire hasardeuse à la trajectoire administrative, tout aussi hasardeuse, apparaît la problématique du devenir mineur - condition pour sortir de l'exil. Obtenir une protection devient une série d'opérations de catégorisation et de sanctions qui sont à même de tomber à chaque étape de l'épreuve administrative. À partir d'une enquête menée de l'intérieur et au croisement de la sociologie de l'action publique et des migrations, ce livre pose cette principale question : dans ce contexte de forte incertitude, comment le jugement se construit-il et à quel prix se paye-t-il ?
Malgré l'expérience que l'humanité a faite du confinement dans le contexte de crise sanitaire, elle continuera très probablement à vivre dans des espaces urbains plus ou moins denses. Mais les villes seront-elles telles qu'on les imagine, avec leur centralité, la concentration des fonctions et leur périphérie ?
Éléments de réponse dans cet ouvrage, organisé autour d'un glossaire et d'entretiens avec des chercheuses et des chercheurs de différents horizons disciplinaires, mais qui n'en partagent pas moins un point commun : ils oeuvrent avec la nouvelle Université Gustave Eiffel, qui a vocation à contribuer à une meilleure connaissance des "villes de demain", de leurs défis et des manières d'y faire face.
Avec le soutien de l'Université Gustave Eiffel, la Comue université Paris-Est.
Militante ou professionnelle ? Organisation contestataire ou partenaire de l'État ? Ce livre porte sur le travail féministe réalisé au Planning familial et analyse les modalités et les enjeux de la professionnalisation d'une association historique et centrale au sein de l'espace de la cause des femmes. Située au croisement de la sociologie de l'engagement, du travail et des professions et de l'action publique, l'ouvrage démontre, en prenant le contrepied d'une hypothèse répandue dans l'espace académique et militant, que les processus d'institutionnalisation et de professionnalisation d'une organisation militante peuvent conduire à des dynamiques de politisation.
A partir d'une enquête sociohistorique, d'une enquête ethnographique multi-située et d'une enquête par questionnaire, l'auteure analyse les processus de politisation du travail et les politisations au travail, et étudie les relations entre État et organisations militantes au-delà de l'opposition entre intégration et conflictualité. Elle éclaire ainsi ce que les politiques publiques en direction des femmes font aux associations féministes qui participent à leur mise en ½uvre et ce que, réciproquement, les associations féministes font aux politiques publiques, c'est-à-dire comment ces dernières sont appropriées et traduites dans les activités de l'association.
La presse, le débat public, les juges, les historiens et quelques sociologues recourent souvent aux témoignages, ces récits personnels relatant à la première personne des expériences qui sans eux seraient perdues. Pourtant, de façon surprenante, il n'existait pas de manuel dédié à la façon de conduire un appel à témoignages et de donner sens au matériau recueilli. Le présent ouvrage propose de combler cette lacune.
Il entreprend de définir ce que "témoigner" veut dire et ce que cela engage, et il fournit un aperçu des usages de cette méthode en histoire, en droit, dans la presse et en sociologie. Il dégage quelques principes généraux pour la conduite d'enquêtes fondées sur le recueil de témoignages écrits, que ce soit en matière de conception et de diffusion de l'appel ou de présentation des résultats. Ces "façons de faire" sont présentées à partir d'un cas concret, sensible et récent : une enquête sur les usages et les représentations des masques sanitaires durant la pandémie de Covid-19.
La reconnaissance sociale et politique de la langue des signes émergeant à partir de la fin des années 1970 se fit l'instrument de la mutation d'une conception déficitaire de la surdité en une représentation culturelle et identitaire des sourds. Cette représentation prend aujourd'hui rang parmi le traitement social consenti aux minorités, parallèlement à la montée au zénith de la problématique de l'inclusion relative à la prise en compte des handicaps.
Cette représentation ne rend pourtant pas grâce à la diversité des surdités, des sourds et de leurs trajets individuels réels. Elle échappe à la prise en compte des enjeux éducatifs, pédagogiques et psychiques propres aux surdités congénitales sévères et profondes chez l'enfant, et objecte à l'appréhension de leurs retentissements sur la parentalité.
Dès lors, que recouvrent les dynamiques militantes, inscrites dans les espaces professionnels, sociaux et culturels de la surdité ? Quelles images, quels espoirs, quels fantasmes la langue des signes vient-elle plus largement faire résonner ? Quelle est donc l'économie psychique sous-tendant la fascination pour la langue des signes, pendant contemporain de son ancienne diabolisation ?
Ce livre dresse une large fresque de la façon dont des insectes ont été consommés par l'homme, depuis nos plus lointains ancêtres jusqu'à l'époque contemporaine. Il envisage leur contribution à la sécurité alimentaire de la population mondiale pour le XXIe siècle. De nombreux spécialistes apportent, à travers des exemples pris sur tous les continents, des réponses claires, précises et rigoureuses aux interrogations que soulève la consommation d'insectes.
À rebours de l'image d'Épinal des étudiantes et étudiants sur les barricades du quartier Latin, il s'agit de proposer ici un regard décalé sur les luttes sociales des années 1968, à partir du cas de Rennes et de l'Ille-et-Vilaine. Au moyen d'une enquête au long cours articulant archives et entretiens biographiques, les autrices et auteurs reviennent sur une série de mobilisations féministes, professionnelles, syndicales ou partisanes caractéristiques de cette période, et analysent leurs conséquences biographiques pour les individus y ayant participé. Nouvelle centralité étudiante, relégation du monde ouvrier et industriel, poids du catholicisme et du socialisme municipal : en repartant des spécificités du bassin rennais, cet ouvrage contribue à une meilleure compréhension des dynamiques sociales et politiques des années 1968.
Des centaines de milliers de mères ont abandonné leur enfant au cours du XXe siècle. Elles sont encore actuellement 700, chaque année. La vox populi les juge souvent comme des femmes de mauvaise vie. Cet ouvrage va à l'encontre de ces préjugés. Il présente qui elles sont réellement, à travers leur âge, leur situation matrimoniale et familiale, leur origine géographique, leur profession et leurs ressources. Il vise aussi à mieux cerner les raisons qui conduisent ces mères à cette décision. Des caractéristiques communes rassemblent ces femmes. Des différences apparaissent aussi, liées à la singularité de chacune, et fonction des conditions économiques, des moyens contraceptifs disponibles, de la législation et du regard de la société.
L'auteure apporte aussi un éclairage sur ce que les mères transmettent à leur enfant, sur leurs demandes ultérieures de nouvelles et de reprise, ainsi que sur les démarches de leurs enfants pour les retrouver.
Ce livre qui s'inscrit dans l'histoire des femmes et l'histoire de l'enfance abandonnée rend visible les plus invisibles des femmes et montre combien loin d'être des mères indignes ce sont des mères courage. Leur histoire dit beaucoup du regard de la société sur les personnes en difficultés ou en dehors de la norme.
Que signifie être indien et migrant en Amérique, au début du XXIe siècle ? Cet ouvrage suit des femmes et des hommes identifiés comme Indiens qui se sont d'abord installés à Mexico avant d'émigrer aux États-Unis, sans titre de séjour, dans le Wisconsin. Il s'interroge sur le poids de l'expérience de l'altérité sur les projets migratoires. Attentive à l'intersection des rapports sociaux de classe, d'ethnicité, de genre et de statut migratoire, l'enquête s'approche au plus près du vécu quotidien des migrants.
Que signifie être Indien et migrant en Amérique, au début du XXIe siècle ? L'ampleur des migrations indiennes mexicaines au cours des dernières décennies et la mise en place au Mexique de politiques de reconnaissance donne à la question une actualité particulière. Cet ouvrage suit des femmes et des hommes identifiés comme indiens qui se sont d'abord installés à Mexico avant d'émigrer aux Etats-Unis, sans titres de séjour, dans le Wisconsin. Il s'interroge sur le poids de l'expérience de l'altérité sur les projets migratoires. Pourquoi, alors que les communautés d'origine constituent une ressource pour émigrer, de nombreux migrants cherchent-ils à s'en éloigner aux États-Unis ? Dans cette gestion de la différence ethno-raciale, quel est le rôle des contextes locaux et d'une expérience migratoire intergénérationnelle, articulant migration interne et internationale ? Quel soutien les migrants trouvent-ils malgré tout dans leur communauté d'origine et comment les frontières de celle-ci se redessinent-elles au fil des mobilités ? Quelles stratégies développent-ils face au racisme et quels apprentissages transposent-ils d'une société à l'autre ?
Avec une préface de Yvon Le Bot.
Alors que les attentats de 2015 ont remis sur le devant de la scène médiatique les parcours de placement des jeunes issus de l'immigration tout autant que leur « intégration », cet ouvrage se propose de revenir sur les enjeux actuels et historiques qui traversent le champ de la protection de l'enfance, notamment dans son rapport aux populations minorisées. Il permettra de documenter l'histoire de la protection de l'enfance qui a, par sa structure même, participé à déployer l'idéal républicain intégrateur tout en proposant un nouvel « enracinement » aux jeunes dont l'État avait la charge.
Il s'agira de montrer que le champ de la protection de l'enfance continue d'être régulièrement le lieu de construction et d'actualisation des origines des enfants, dans un contexte où les liens de filiation sont toujours considérés comme les liens les plus forts. En abordant plus spécifiquement deux associations de protection de l'enfance imprégnées par le religieux (par le judaïsme pour l'¼uvre de Secours aux Enfants, par le catholicisme pour les Apprentis d'Auteuil), il ressort que les personnes anciennement placées mettent régulièrement à l'épreuve ces assignations, en s'identifiant tantôt au lieu de placement, tantôt à leur famille d'origine, tantôt réinventent de manière originale des auto-identifications. Enfin, la dernière partie aborde le terrain religieux, pour analyser les différentes manières dont il est mobilisé, tant par les individus que par les institutions.
Aux États-Unis, la notion de "race" est utilisée de manière routinière par les médecins en tant que variable biologique, culturelle ou sociale, selon les situations de soins. Croisant les notions de citoyenneté, de responsabilité et de droits civiques, ainsi que les questionnements autour de la politisation de la science, cet ouvrage retrace l'histoire de la médicalisation du corps noir par la profession psychiatrique aux États-Unis, du XXe siècle jusqu'à l'époque contemporaine.
Conjuguant l'histoire et la sociologie, il est ainsi question de retracer les différents régimes par lesquels la notion de race a été jugée pertinente par les psychiatres pour naturaliser les différences corporelles des années 1920 jusqu'à l'époque contemporaine.
En s'appuyant sur un corpus d'archives personnelles de médecins, d'institutions de soins et de centres de recherche en psychiatrie, ainsi que sur une enquête qualitative réalisée auprès de psychiatres en Californie, ce livre démontre que la catégorie de "race" irrigue encore et toujours les pratiques et les discours institutionnels, aussi bien dans les représentations que les médecins véhiculent des corps soignés, que dans les stratégies de naturalisation du social employées pour prendre en charge leurs patients.
Cet ouvrage compile des photographies et les articles de chercheurs en sciences humaines et sociales qui ont participé au projet de coopération européenne Fusée de détresse, conçu par Paloma Fernandez Sobrino et coordonné par L'âge de la tortue.
Il rend visible une expérience artistique de coopération pluridisciplinaire traitant de l'accueil des personnes migrantes aujourd'hui en Europe. Fusée de détresse est né d'une volonté d'interpeler tous ceux qui composent nos sociétés contemporaines (citoyens, décideurs publics, médias) vis-à-vis de la situation politique et sociale des personnes migrantes. Dans chaque pays (France, Belgique, Turquie, Espagne, Italie et Portugal), une semaine de résidence artistique a réuni des artistes professionnels, des interprètes amateurs migrants et non-migrants et un.e chercheur.e en sciences humaines et sociales autour des témoignages intimes de personnes migrantes contenus dans L'Encyclopédie des migrants.
Les auteurs ont participé à ces résidences suivant des modalités variables (participation observante, observation participante, ...), produisant à chaque fois des réflexions inscrites dans leurs champs scientifiques. Chaque article présente un éclairage transdisciplinaire du projet : l'anthropologie (Espagne), la psychologie sociale et culturelle (Italie), la sociolinguistique (Belgique) et la sociologie (Turquie, Portugal et France).
L'anti-manifeste, inséré dans l'ouvrage scientifique, est une déclaration commune aux structures participantes du projet de coopération européenne Fusée de détresse, de leurs interrogations sur la manière de créer un projet artistique participatif.
Cet ouvrage propose de se confronter à des enjeux culturels, politiques et sociaux de la Chine contemporaine à travers l'étude de mots-clés. Certains sont des concepts familiers aux praticiens des sciences sociales occidentales (moderne, nation, nature, civilisation), d'autres appartiennent à la catégorie des "mots courants", mais témoignent d'usages particuliers où se donnent à voir les bouleversements subis au cours de cette période cruciale (voyage, héros, performance). Résultant d'une pratique de la traduction et des échanges culturels, ou d'une relecture d'un passé à la fois aimé et haï, ces mots structurent le paysage idéologique des élites intellectuelles et politiques chinoises, imprègnent les imaginaires populaires et orientent les pratiques du quotidien.
Les auteurs rassemblés dans ce volume s'inscrivent dans différents champs disciplinaires allant de l'anthropologie à la science politique, en passant par les études littéraires et cinématographiques, la sociologie et l'histoire. Ils se sont demandé quels étaient pour eux, à partir de leur domaine de recherche, les mots qui donnaient le mieux à penser les ruptures, les persistances et les émergences propres à l'histoire de la Chine moderne et contemporaine.
La sociologie militaire a reçu peu d'attention dans le monde universitaire au sens large et se concentre principalement sur les relations civilo-militaires. Ce livre cherche à combler cette lacune et combine des idées, des théories et des idées des fondateurs de la sociologie, chaque chapitre se concentrant sur un penseur spécifique. Il y a des chapitres sur Max Weber, Emile Durkheim, Karl Marx, Georg Simmel, Jane Addams, W.E.B. du Bois, Pitirim Sorokin, Erving Goffman, Michel Foucault, Morris Janowitz, Norbert Elias, Cornelis Lammers, Arlie Russell Hochshild, Cynthia Enloe et Bruno Latour. Chaque essai discute de leurs idées et théories en relation avec des sujets qui préoccupent dans et autour de l'armée aujourd'hui. Les études militaires sont prises dans un sens large ici, de sorte que le volume englobe un large éventail de questions, y compris les relations civilo-militaires, les affaires militaro-politiques, la performance et les résultats des opérations militaires, et les arrangements organisationnels, y compris la technologie et la composition, la performance et le bien-être du personnel.
Le livre vise à fournir des points de vue et des idées qui aideront les militaires à innover dans leurs organisations et leurs pratiques, pas nécessairement de la manière fonctionnelle habituelle d'innover (c.-à-d. plus rapidement, plus précisément, etc.), mais d'une manière plus large.