L'histoire du mouvement sectaire protestant révolutionnaire des anabaptistes de Münster est une histoire vraie, peu connue, mais très riche de sens. Elle se passe dans l'Allemagne de 1493 à 1536, à l'époque de Luther, d'Erasme et de Dürer.
Souvent qualifiés de proto-communistes, les anabaptistes de Münster ont développé une idéologie de la révolution étonnamment moderne, qui trouve de troublantes similitudes avec plusieurs idéologies de notre XXe siècle.
Dans l'ivresse de leur action, les anabaptistes ont cru toucher de près le faîte de la victoire politique. Mais tout, très vite, s'est précipité vers l'échec, et les anabaptistes furent abandonnés puis trompés par leurs premiers compagnons de route, les luthériens.
L'Histoire consacra, comme on le sait, les luthériens. En retenant les noms de Luther et de Melanchthon aux dépens de ceux de Joss Fritz, Thomas Müntzer ou Jan van Leiden, l'Histoire a donné raison aux révolutionnaires qui ont su se détourner de l'option radicale, trouvant plus judicieux de pactiser avec les forces politiques dominantes. La véritable défaite politique fut subie par les anabaptistes, anéantis pour ne jamais avoir fléchi, ni accepté la moindre concession.
Faust, en qui l'homme contemporain se reconnaît volontiers, est sans doute la figure mythique la plus souvent reprise dans la littérature moderne. Il est le héros d'un grand nombre d'ouvrages, mais ce sera Goethe qui apportera au mythe sa lecture la plus achevée. Première adaptation en bande dessinée de la célèbre pièce de Goethe (publiée en 1790), Ambre et David Vandermeulen transposent l'un des plus importants textes de la littérature occidentale dans une version en images inédite et totalement époustouflante. Un cahier de huit pages narre le mythe faustien dans la littérature occidentale.
Que se passe t-il quand les adultes perdent le contrôle de la situation ? Quand un verre de vin peut faire basculer le quotidien d'une famille ordinaire vers un cauchemar sans nom ?
Nous sommes en France, aujourd'hui, dans une ville austère de l'est. June est une petite fille comme les autres. Quand son père Otis ne tient plus ses promesses, quand il laisse son addiction le submerger au détour d'une gorgée d'alcool de trop, les choses ne peuvent pas se passer au mieux.
June regarde son père tomber. June voit la catastrophe et la prend de plein fouet. Mais June encaisse...
Et qui sommes-nous pour juger qui que ce soit ?
J'ai fini par remarquer, au fil de mes lectures et de mes pérégri-nations, à quel point la mythologie du loser magnifique enhardissait encore les foules. Le type se sert de grandes rasades de Scotch, se fout de tout, et tire sur sa clope en restant irrémédiablement cool.
On nous présente toujours les excès d'alcool sous la forme de la satire légère, on nous montre des bitures potaches, des gueules de bois bon-enfant, des ivrognes clownesques, de ce genre qui, saouls comme des cochons, iront au devant des pires ennuis mais s'en sortiront toujours comme des chefs, le litron encore vaillant à la main...
Les revers de la médaille les plus triviaux sont rarement observés : les mensonges, les secrets honteux, les vies brisées, les odeurs de pisse et de vomi. Quand ces problématiques vous touchent de près, l'acuité avec laquelle on regarde alors la chose prend une tout autre tournure. et prend l'allure d'une plaie.
C'est cette plaie que j'ai eu à coeur d'éclairer avec June...
Nicolas Moog
Entre une Sphinge dévoreuse de héros, un garçon valeureux, parricide malgré lui, un inceste consommé et fertile, et la guerre fratricide que se livrent les Labdacides, l'antique cité grecque de Thèbes est le théâtre d'une tragédie et de drames dont une jeune fille semble vouloir sa part. La vie d'Antigone est-elle prédestinée à une telle fatalité ?
Alors que le sang des Labdacides, de la lignée du grand-père d'oedipe, Labdacos, n'a de cesse de se répandre, Antigone, envers et contre tous, décide de ce qui est sa loi. Histoire de l'émancipation d'une femme, Fille d'oedipe cherche à interroger sur le sens du sacrifice. Éduquée à tenir son rang et sa place, Antigone se rebelle. Elle refuse la loi du tyran Créon et s'accroche jusqu'aux portes du tombeau à son orgueil. Dans quelle mesure ce chemin n'est-il pas justement celui qui était attendu par tous ? La place qui lui était socialement assignée (le pratico-inerte oedipien) ne porte t-elle pas en elle les germes du destin tragique d'Antigone ? Devenir sainte ou martyre, voilà ce que son père lui a laissé comme héritage. Comment se défaire d'un tel poids ?
Récit féministe sur la liberté individuelle et le rejet de toute ingérence patriarcale, Antigone nous pose deux questions essentielles : la sororité, solidarité entre les femmes, est-elle une réponse globale possible à la domination masculine ? Et la Justice des Hommes existe-t-elle vraiment ?
Quelqu'un va venir est l'adaptation d'une pièce de théâtre de Jon Fosse, un auteur norvégien.
Un couple, vient d'acheter une vieille maison isolée dans une lande humide en bord de mer, sur une île visiblement peu habitée. Ils fuient le monde et leurs semblables pour vivre et croire à deux en un absolu. La venue de l'homme qui leur a vendu la maison révèlera la fragilité du couple et dévoilera en de subtils glissements leurs faiblesses et leurs forces vacillantes. La demeure semble littéralement "habitée" par le spectre des anciens propriétaires, elle renvoie, en miroir, la vision d'une mort à venir et s'infiltre dans l'illusoire promesse de bonheur du couple. Réédition en version cartonnée d'un chef d'oeuvre de Pierre Duba, indisponible depuis plusieurs années. Quelqu'un va venir est l'adapation en bande dessinée de la pièce de théâtre éponyme (Nokon kjem til å komme en version originale) écrite en 1996 par le dramaturge norvégien de renommée mondiale, Jon Fosse.
Jan Van Leiden constitue le dernier volet de la trilogie La passion des Anabaptistes. Il est l'épisode le plus rude, le plus brutal et surtout le plus puissant. Il raconte la prise de la ville de Münster par un luthérien radical, Bernhard Rottmann (l'homme rouge), qui en 1534 réussit à convaincre les habitants d'une petite ville fortifiée de Westphalie, que ceux-ci occupaient en vérité le nouvel Éden terrestre.
Cette annonce, qui vue d'aujourd'hui nous apparait comme folle, fit pourtant venir par centaines des anabaptistes de toute l'Europe. Parmi eux, un Hollandais, ancien comédien, Jan van Leide. Il s'improvisa prêcheur et imposa aux Münstérois sa vision hystérique de l'anabaptisme en s'autoproclamant roi du Paradis. Subjugués par son autorité et son charisme exceptionnels, des milliers d'anabaptistes se rêvèrent dès lors en anges terrestres mus par une volonté de vivre en parfaite communauté de biens, à la manière des premiers apôtres, mais libérés de l'esprit du Christ. Ils partagèrent leurs biens, puis, au-delà des biens, femmes et enfants... Cas rare et fascinant d'une utopie qui se réalisa et qui sombra dans le désastre, l'aventure de Jan van Leiden et de ses anabaptistes demeure à jamais l'un des épisodes les plus fous de l'Histoire allemande.
Basée sur une pièce de théâtre de Philippe Dorin (Dans ma maison de papier, j'ai des poèmes sur le feu, ed. L'École des loisirs), Dans ma maison de papier est un huis-clos à trois personnages qui se joue des contraintes de temps et d'espace. La mort vient rendre visite à une vieille dame, il est temps... Tel Antonius Block dans Le septième sceau d'Ingmar Bergman, la vieille dame (nommée Emma), engage un dialogue avec le funeste visiteur. Est-ce pour retarder l'échéance ou n'est-ce, l'espace d'un instant, que le questionnement métaphysique sur sa vie passée et son sens ? Une petite fille du nom d'Aimée, apparaît, les souvenirs affluent, la curiosité de l'enfant se déploie, les lieux changent... la mort attend. Qu'ont en commun les personnages d'Aimée et Emma ? Leur complicité, à la fois ludique et fusionnelle, teinte d'émotions positives ce face-à-face avec la mort.
Joss Fritz, qui donne le titre au premier volet de l'histoire des anabaptistes traduit en bande dessinée ce que fut au début du XVIe siècle, selon l'expression de l'historien du protestantisme Emile Guillaume Léonard, la «révolution socialiste et religieuse allemande», ou, pour le dire d'une autre façon, les événements que l'on baptisa ensuite Guerre des paysans et Révolte anabaptiste. Ces deux faits historiques qui s'inscrivent dans le mouvement religieux connu sous le nom de Réforme, véritables liminaires de ce qu'allaient annoncer les temps modernes, sont deux événements indissociablement liés à l'avènement de Martin Luther, mélangeant à la fois caractère religieux le plus pieux et révolution sociale radicale.
Trois années auront été nécessaires à Ambre & Vandermeulen pour parachever ce prologue de La Passion des anabaptistes. Ecrit avec la rigueur qu'on lui connait lorsqu'il entreprend des récits historiques documentés, David Vandermeulen (prix Château de Cheverny de la BD historique 2009 pour Fritz Haber) continue, en s'appuyant sur une importante bibliographie, sa lecture personnelle de l'histoire allemande.
A l'âge de 16 ans, Karl Rossmann est exilé en Amérique par ses parents pour avoir eu une liaison avec la cuisinière de la maison, à qui il a fait un enfant.
Accusé d'avoir abandonné son poste et soupçonné de vol, Karl s'est enfui de l'hôtel Occidental dans le taxi emportant un Robinson à demi mourant. Pour échapper à la police, il se réfugie chez Brunelda, une cantatrice séduite par Delamarche. Celui-ci veut mettre Karl au service de Brunelda afin de remplacer Robinson dont elle s'est lassée. Karl se révolte mais ne peut que se résigner. Plus tard,un matin de bonne heure, pour ne croiser personne, il conduit Brunelda devenue impotente dans une curieuse Entreprise. En repartant, il croise sur sa route l'équipe de recrutement du théâtre de la nature d'Oklahoma. Il réussit à se faire engager en tant que machiniste tout en abandonnant sa véritable identité. Il part en train vers son nouveau destin, rempli d'espérance.
Thomas Münzer constitue le second volume de la trilogie « La passion des Anabaptistes ». Il aborde la théorisation de la révolution et conte le second soulèvement populaire du début du xvie siècle dans le Saint-Empire romain germanique.
Pendant les guerres paysannes, le jeune Martin Luther prit la défense des paysans et des miséreux et prêcha des idées plutôt guerrières, suggérant par exemple de « se laver les mains avec le sang des évêques et des cardinaux de Rome ». La jeune secte anabaptiste, à cette même époque (1517), adhéra pleinement au discours de Luther et diffusa avec lui une haine énergique de Rome.
Apparut ensuite, vers les années 1520, un certain Thomas Münzer, jeune théologien atypique qui se fit rapidement connaître comme le nouvel héros de la révolte paysanne et mit en place une véritable ligue secrète et séditieuse, ayant pour objectif de déstabiliser le pouvoir en place. Ses discours étaient plus durs encore que ceux prêchés par Luther, si bien que ce dernier fit marche arrière assez rapidement et opta pour la diplomatie, préférant les intrigues et les compromissions avec les instances au pouvoir. Dérouté par ce Münzer venu de nulle part, Luther s'éloigna de plus en plus des vues du champion des anabaptistes et finit par lui jeter publiquement l'anathème.
A l'âge de 16 ans, Karl Rossmann est exilé en Amérique par ses parents pour avoir eu une liaison avec la cuisinière de la maison, à qui il a fait un enfant.
A l'auberge où il fait halte, après avoir quitté en pleine nuit la villa de Monsieur Pollunder, Karl rencontre deux vagabonds aventuriers, Robinson l'Irlandais et Delamarche le Français. Il les accompagne afin de trouver du travail dans une ville à deux jours de marche de New-york mais il les abandonne bien vite pour prendre un emploi de groom dans un hôtel. Robinson vient le rejoindre à "L'Hôtel Occidental" en lui demandant son aide ce qui lui crée des soucis. Il est renvoyé et reprend la route avec ses deux compagnons.
« On the road again - de nouveau sur la route»
« Mais il n'avait pas fait cinq cents mètres qu'il rencontra un Renard clopinant sur trois pieds et un Chat aveugle. Ils allaient, s'aidant l'un l'autre, comme deux bons compagnons d'infortune. Le Renard boiteux s'appuyait sur le Chat aveugle qui se laissait guider par son camarade. »
Carlo Collodi « Les Aventures de Pinocchio » 1883
Le tome 2 de l'adaptation de l'Amérique, roman de Franz Kafka écrit en 1912, montre notre héros très proche de celui de Collodi, le pantin Pinocchio. Comme lui, Karl rencontre sur son chemin Delamarche, le Renard, et Robinson, le Chat. Comme lui, il est séduit puis effrayé par les deux aventuriers qui deviennent alors ses compagnons de fortune et d'infortune lui permettant tour à tour d'assouvir quelques rêves pour mieux les détruire aussitôt. Malgré ses efforts pour leur échapper, Karl restera sous l'influence néfaste de Delamarche. Souffre-douleur permanent de l'autorité brutale des gérants-chefs, des portiers-chefs, des grooms-chefs, Karl ne trouve repos et compréhension qu'auprès des femmes qu'il croise et qui l'attrapent au vol. Mais tout changera lorsqu'il rencontrera Brunelda la Cantatrice déchue, à qui il servira de valet de chambre. Chassé de l'Hôtel Occidental, Karl trouve aussitôt refuge dans le taxi qui emporte Robinson à l'agonie, et le conduit à Brunelda.
Robert Cara