Après la mort de son père, Didier Eribon retourne à Reims, sa ville natale, et retrouve son milieu d'origine, avec lequel il avait plus ou moins rompu trente ans auparavant. Il décide alors de se plonger dans son passé et de retracer l'histoire de sa famille. Évoquant le monde ouvrier de son enfance, restituant son ascension sociale, il mêle à chaque étape de ce récit intime et bouleversant les éléments d'une réflexion sur les classes, le système scolaire, la fabrication des identités, la sexualité, la politique, le vote, la démocratie...Réinscrivant ainsi les trajectoires individuelles dans les déterminismes collectifs, Didier Eribon s'interroge sur la multiplicité des formes de la domination et donc de la résistance.Un grand livre de sociologie et de théorie critique.
À l'heure où le monde semble fragilisé par des bouleversements profonds, quel regard porter sur les premières décennies de notre siècle ? Le «premier XXI? siècle», comme la première version d'un logiciel insuffisamment testé, révèle chaque jour de nouvelles failles. L'individu, qui croyait pouvoir changer le monde, est de plus en plus écrasé par lui. Il a perdu confiance dans la démocratie, et l'utopie identitaire remplace l'utopie politique. Comment en est-on arrivé là dans des sociétés aussi différentes que l'Amérique de Trump, le Brésil de Bolsonaro, l'Inde de Modi ou le Royaume-Uni de Boris Johnson ?Avec la hauteur de vue que lui confère son expérience dans la haute diplomatie, Jean-Marie Guéhenno va au-delà des explications économiques : la crise des démocraties - à laquelle l'élection de Biden et l'éviction de Bolsonaro et de Johnson n'ont pas mis fin - est une crise des sociétés.Analysant avec finesse un monde où l'émiettement de la puissance efface les repères et effraie, l'essayiste dresse un constat sombre mais non désespéré. Un autre avenir est possible : une écologie repensée, une nouvelle séparation des pouvoirs, une Europe qui ne cherche pas à être un super-État, sont quelques-unes des voies proposées par ce livre ambitieux et novateur.
Peut-on jouir, dans un monde injuste, sans être complice de l'injustice ? Pourquoi la politique, et en particulier la gauche, a-t-elle cessé de prendre au sérieux les questions du corps et du plaisir ?Dans un monde où nos plaisirs, qu'ils soient érotiques, alimentaires ou festifs, semblent formatés par le capitalisme et restreints par des impératifs politiques, Michaël Foessel tente de comprendre comment la dévalorisation de ce sentiment a fait, trop souvent, confondre modération et ascèse.Il nous invite à redécouvrir la dimension politiquement subversive du plaisir et à nuancer les injonctions du moralisme progressiste ambiant. Parce qu'il est temps, «devant l'imminence du désastre, de lui préférer les éclats de rire, le jeu ou toute autre forme d'allégresse susceptible de convaincre, malgré tout, que la fête n'est pas finie».
Persuadés d'avoir retrouvé en Afrique la nature disparue en Europe, les colons créent à la fin du XIXe siècle les premiers parcs naturels. Au lendemain des années 60, les anciens administrateurs coloniaux se reconvertissent en experts internationaux. Il faudrait sauver l'Eden ! Mais cette Afrique n'existe pas. Il n'y a pas de vastes territoires vierges de présence humaine, arpentés seulement par ces hordes d'animaux sauvages qui font le bonheur des safaris. Il y a des peuples, qui circulent depuis toujours, expulsés par milliers des parcs naturels, où ils subissent aujourd'hui la violence quotidienne des éco-gardes soutenus par l'Unesco, le WWF et d'autres ONG. Convoquant archives inédites et récits de vie, cette enquête met au jour les contradictions des pays développés qui détruisent chez eux la nature qu'ils croient protéger là-bas, prolongeant, avec une stupéfiante bonne conscience, le schème d'un nouveau genre de colonialisme.
Le problème, c'est l'obéissance. Ce monde va de travers, à tel point que lui désobéir devrait être une urgence partagée et brûlante : d'où vient donc notre docilité ? Conformisme social, soumission économique, respect des autorités, consentement républicain ? Pour Frédéric Gros, c'est en repérant les styles d'obéissance qu'on se donne les moyens d'inventer de nouvelles formes de désobéissance.
"Le présent ouvrage rassemble huit essais, qui s'échelonnent du début des années 1950 à la fin des années 1980.
Les cinq premiers sont des écrits de jeunesse. Ils témoignent des questions qui étaient les miennes au moment où je quittai l'Europe, lecteur passionné de Saint-John Perse et de Malraux. Les autres articles suivent le fil de mes réflexions sur l'histoire du roman bientôt achevée, et qui n'allait faire qu'un pour moi avec celle du désir. "L'hypothèse mimétique apparaît dans ma critique de Valéry, auquel je préfère très vite Stendhal.
Déterminante dans ces années de formation, la question du "pseudo-narcissisme" oriente alors ma critique de l'illusion d'autonomie, que des articles plus tardifs sur Freud et Proust (1978), puis sur Nietzsche et Wagner (1986), continueront de creuser. Ces études figurent avant le texte d'une conférence sur Wagner donnée en 1983. " Je ne voudrais pas qu'on prenne ce livre pour un simple essai d'esthétique.
Cette jouissance m'est étrangère. Van ne m'intéresse en effet que dans la mesure où il intensifie l'angoisse de l'époque. Ainsi seulement, il accomplit sa fonction qui est de révéler. "
Votre vie est encombrée d'une ou plusieurs créatures malfaisantes ? Vous désirez vous en défaire ?
Avec humour et sagesse, Maxime Rovere démontre la capacité de la philosophie à affronter le quotidien et l'ordinaire, embrassant la vulgarité pour l'empêcher de nous envahir. Loin des grincheux qui dénoncent leurs contemporains, il examine nos interactions malheureuses et indique plusieurs issues possibles à nos conflits en tous genres.
Sans prétention ni complaisance, ce livre propose une nouvelle éthique afin de penser et soigner ce fléau de notre temps, maladie du collectif et poison de nos vies individuelles.
« La vie est en soi quelque chose de si triste qu'elle n'est pas supportable sans de grands allègements », nous dit Flaubert. Ces « grands allègements », ces échappatoires, Mona Ozouf les a trouvés dans les arts, l'histoire, le rapport à l'autre.
En évoquant tour à tour Henry James, George Eliot mais aussi la Révolution française, l'historienne fait l'éloge de la littérature comme accès à l'ambiguïté du réel et promeut les manières comme rempart contre la barbarie ; elle s'interroge sur la singularité d'une écriture féminine et évoque sa conception d'un féminisme qui laisse une place à la différence entre les sexes.
À bonne distance de tous les enrôlements et de toutes les assignations identitaires, Mona Ozouf maintient inébranlable le souci d'une ligne originale et nous livre ses secrets, ses « échappées belles » qui rendent la vie meilleure.
Evoque le conflit entre les normes morales imposées dès le plus jeune âge et son propre ressenti qui se manifeste par des maux corporels. Dans une première partie, illustre le propos à partir de biographies d'écrivains célèbres puis indique de quelles façons rompre le cercle vicieux de l'automystification.
« La marche, on n'a rien trouvé de mieux pour aller plus lentement. Pour marcher, il faut d'abord deux jambes. Le reste est vain. Aller plus vite ? Alors ne marchez pas, faites autre chose : roulez, glissez, volez. Ne marchez pas. Car marchant, il n'y a qu'une performance qui compte : l' intensité du ciel, l'éclat des paysages. Marcher n'est pas un sport. » Frédéric Gros explore ici, en une série de méditations philosophiques et en compagnie d'illustres penseurs en semelles (Nietzsche et Rimbaud, Rousseau et Thoreau, Nerval et Hölderlin...) mille et une façons de marcher - flânerie, errance ou pèlerinage -, comme autant d'exercices spirituels.
Traduit dans plus de vingt langues, ce livre est le bréviaire indispensable de qui veut se familiariser avec le Moyen Âge. Car, entre la légende noire d'un «âge des ténèbres» et la légende dorée d'une «belle époque» médiévale, il y a la réalité d'un monde de moines, de clercs, de guerriers, de paysans, d'artisans, de marchands ballottés entre violence et aspiration à la paix, foi et révolte, famine et expansion. Une société hantée par l'obsession de survivre et qui parvient à maîtriser l'espace et le temps, à défricher les forêts, à se rassembler autour des villages, des châteaux et des villes, à inventer la machine, l'horloge, l'Université, la nation. Ce monde dur et conquérant, c'est celui de l'enfance de l'Occident, un monde de « primitifs » qui transforment la terre en gardant les yeux tournés vers le ciel, qui introduisent la raison dans un univers symbolique, équilibrent la parole et l'écrit, inventent le purgatoire entre l'enfer et le paradis.
Philippe Descola est aujourd'hui l'anthropologue français le plus commenté au monde, au point d'apparaître comme le successeur légitime de Claude Lévi-Strauss. De ses enquêtes auprès des Indiens jivaros de Haute-Amazonie à son enseignement au Collège de France, il revient sur son parcours d'anthropologue - son expérience du terrain et les discussions qui ont animé l'anthropologie des années 1970 et 1980 -, et éclaire aussi la question environnementale et le droit des sociétés indigènes.
René Girard aborde dans ces entretiens l'oeuvre de Carl von Clausewitz (1780-1831), stratège prussien auteur du De la guerre. Ce traité inachevé a été étudié par de nombreux militaires, hommes politiques ou philosophes.
On en a retenu un axiome essentiel : « La guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens. » Clausewitz aurait pensé que les gouvernements pouvaient faire taire les armes.
Mais le succès de cette formule témoigne d'un refus de voir la nouveauté du traité. Observateur des campagnes apoléoniennes, Clausewitz a compris la nature de la guerre moderne : les termes de « duel », d'« action réciproque » ou de « montée aux extrêmes » désignent un mécanisme implacable, qui s'est depuis imposé comme l'unique loi de l'histoire. Loin de contenir la violence, la politique court derrière la guerre : les moyens guerriers sont devenus des fins. René Girard fait de Clausewitz le témoin fasciné d'une accélération de l'histoire. Hanté par le conflit franco-allemand, ce stratège éclaire mieux qu'aucun autre le mouvement qui va détruire l'Europe. « Achever Clausewitz », c'est lever un tabou : celui qui nous empêchait de voir que l'apocalypse a commencé. Car la violence des hommes, échappant à tout contrôle, menace aujourd'hui la planète entière.
A-t-on le droit de sacrifier une vie pour en sauver plusieurs? Comment rendre justice quand il y a mort d'homme, mais ni responsables, ni coupables assignables? Vaut-il mieux mourir pour ses idées que se compromettre?Des questions de justice sociale aux nouveaux enjeux de la bioéthique ou du droit international, le débat moral s'invite sur tous les terrains. Mais la théorie de la justice ne peut pas tout:un scrupule, un souvenir, un doute peuvent survenir qui brouillent la réflexion.Parce qu'elle prend en charge la part des émotions et de l'imagination, la littérature offre ses propres ressources pour nous aider à répondre à la question récurrente:qu'est-il juste de faire?Convoquant aussi bien des oeuvres classiques que des références populaires, de Victor Hugo au soldat Ryan de Spielberg en passant par Kafka, Melville ou Camus, cet essai nous plonge dans les grands dilemmes pour mettre au jour, sans jugement tranché ni solution de facilité, les ressorts de nos luttes intérieures. La littérature est le laboratoire des cas de conscience.
En développant des exemples tirés de la littérature ou du théâtre, A. Badiou fait l'éloge de l'amour. Celui-ci serait menacé soit par une conception libérale (mariage arrangé par exemple), soit par une négation de l'amour au profit du seul plaisir égoïste. Mais, selon lui, l'amour est une véritable expérience métaphysique de l'éternel, un risque qu'il faut savoir prendre.
Dans l'imaginaire collectif, qu'on s'y promène ou qu'on le cultive, le jardin a toujours été considéré comme une sorte de havre, de refuge, de paradis.Le lecteur qui s'aventure dans ce livre traversera des jardins de toutes sortes - les uns réels, d'autres mythiques, historiques ou littéraires. Robert Harrison nous fait cheminer dans ces édens enchanteurs; déambuler dans les compositions de Le Nôtre comme dans les jardins transitoires des sans-abris new-yorkais; emprunter en imagination bien d'autres contre-allées fantasmées. De l'épopée de Gilgamesh aux poètes américains contemporains, nous y croisons Homère, Dante et Voltaire, mais aussi Thoreau, Mallarmé, Rilke et Arendt.Autant de parcours buissonniers qui interrogent notre rapport à la nature et élèvent le jardin au rang d'objet philosophique, à la fois antidote par temps de crise et emblème de la condition humaine.
Les religions sont trop utiles, trop efficaces et trop intelligentes pour être abandonnées aux seuls croyants.
Voilà le point de départ de l'exploration, par un athée, des religions catholique, juive et bouddhiste. Délogées de leurs structures transcendantes ou surnaturelles, envisagées comme des sagesses à l'usage de tous, ces religions aident à résoudre des problèmes concrets de la vie moderne: elles engendrent des sentiments de communauté humaine, encouragent la vertu, prônent des relations longues et durables, aident à contenir l'envie et le ressentiment, et luttent contre le matérialisme de la société de consommation.
Leurs rituels et leurs lieux de culte enseignent l'importance de la beauté, du savoir et de la culture.
Mais surtout, elles dévoilent notre vraie nature: ce besoin d'être aimés et consolés qui ne peut jamais être entièrement satisfait par le cours ordinaire de la vie. Au lieu de moquer les religions, athées et agnostiques feraient mieux de "piller" les bonnes idées dont elles regorgent. Ce livre leur ouvre la voie avec un humour, une finesse et une perspicacité remarquables.
Mêlant la plus grande impiété et le plus grand respect, Alain de Botton prend ainsi à revers le sempiternel débat qui oppose croyants et non-croyants, invitant les seconds à jouir de tous les outils de connaissance de soi que les religions ont élaborés au fil des siècles.
Imaginons trois enfants et une flûte. Anne affirme que la flûte lui revient parce qu'elle est la seule qui sache en jouer; Bob parce qu'il est pauvre au point de n'avoir aucun jouet; Carla parce qu'elle a passé des mois à la fabriquer. Comment trancher entre ces trois revendications, toutes aussi légitimes? Aucune institution, aucune procédure ne nous aidera à résoudre ce différend d'une manière qui serait universellement acceptée comme juste.Face à ce constat, Amartya Sen s'écarte d'une conception idéaliste de la justice - dans la lignée de Hobbes, Rousseau ou encore de John Rawls - et s'inscrit dans une autre tradition des Lumières, portée par Smith, Condorcet, Bentham, Wollstonecraft, Marx et Mill:celle qui compare les différentes situations sociales pour combattre les injustices réelles.La démocratie, en tant que «gouvernement par la discussion», joue dans cette lutte un rôle clé. Car c'est à partir de l'exercice de la raison publique qu'on peut choisir entre les diverses conceptions du juste, selon les priorités du moment et les facultés de chacun. Pour combattre les inégalités de pouvoir comme de revenu, Sen propose d'augmenter les salaires, mais aussi de renforcer le pouvoir des individus de choisir, afin de mener la vie à laquelle ils aspirent.L'Idée de justice représente l'aboutissement de cinq décennies de travail et de réflexion, mais aussi d'engagement dans les affaires du monde.
S'il émane d'une historienne, l'essai que voici parle de littérature. C'est avant tout le livre d'une lectrice. Lectrice depuis longtemps assidue au tête-à-tête familier et toujours passionnel avec les textes littéraires mais tout à coup renvoyée à sa bibliothèque par un aujourd'hui devenu impitoyable. Il me fallait «tuer le temps».Les grands textes de fiction inventent leur puissance de vérité propre, y compris historique. Ils figurent des formes et des savoirs du temps, une pensée de l'événement, de l'attente, du recyclage, de la disparition et de la perte; ils enregistrent, parfois malgré eux, un nécessaire travail du négatif opposé au tropisme progressiste de notre modernité. Ils nous enjoignent non pas seulement de ralentir ou de tourner le dos au «Progrès» - déjà tout un programme! -, mais bien de réviser nos cadres temporels eux-mêmes. Ce faisant, depuis la Révolution française, les écrivains interrogent affectivement ce que signifie «être contemporain» de son époque; de quelle façon vivre - ou ne pas - vivre avec son temps.L'itinéraire de lectures ici présenté est buissonnier et sans aucune ambition systématique, cheminant à sa guise, dans un corpus de livres aimés, romans, récits ou grandes oeuvres de sciences sociales, d'histoire et d'ethnologie. Chaque chapitre ménage une rencontre entre les uns et les autres et révèle des styles de pensée comparables, organisant des constellations d'oeuvres complices. Toutes décrivent magnifiquement une carte des possibles de l'existence. Souhaitons que ce livre, nourri des mille façons de vivre le temps, nous aide à mieux habiter le nôtre.E.L.
La psychose, la drogue, la criminalité sont-elles les répercussions codées des expériences des premières années de la vie ?
Alice Miller dénonce les méfaits de l'éducation traditionnelle, qui a pour but de briser la volonté de l'enfant pour en faire un être docile et obéissant. Elle montre comment les enfants battus battront à leur tour, les menacés menaceront, les humiliés humilieront. Car à l'origine de la pire violence, celle que l'on s'inflige à soi-même ou celle que l'on fait subir à autrui, on trouve presque toujours le meurtre de l'âme enfantine.
Cette « pédagogie noire », selon l'expression de l'auteur, est illustrée par des textes des xviiie et xixe siècles, stupéfiants ou tragiques, reflétant les méthodes selon lesquelles ont été élevés nos parents et nos grands-parents, et par trois portraits d'enfances massacrées : celle de Christine F., droguée, prostituée, celle d'un jeune infanticide allemand et enfin celle d'Adolf Hitler, que l'on découvrira ici sous un jour tout à fait inattendu.
L'irruption sur la scène publique, culturelle et politique de l'affirmation homosexuelle a entraîné une prolifération de discours sur la définition même de l'homosexualité, et soulevé tout un ensemble de problèmes théoriques, sociologiques, philosophiques : qu'est-ce qu'un homosexuel aujourd'hui ? Qu'est-ce qu'une identité ? Qu'est-ce qu'une mobilisation politique ?
Didier Eribon propose ici une série de réflexions qui se déploient selon trois axes.
D'abord une analyse de l'expérience vécue, dans laquelle il s'efforce de ressaisir comment une place infériorisée est assignée aux homosexuels dans la société, et comment leur subjectivité s'en trouve marquée. Il s'efforce ensuite de restituer quelques étapes cruciales de la constitution de l'identité gay moderne au XIXe siècle, à la fois dans la littérature et dans la culture populaire.
Il étudie alors comment le procès d'Oscar Wilde mit un terme provisoire à l'émergence de cette prise de parole, et comment il en alimenta par la suite les résurgences (chez Gide et Proust notamment).Enfin, il s'attache à commenter les textes de Michel Foucault sur toutes ces questions en s'interrogeant sur ce que peut être une « culture gay » aujourd'hui.
Comment les gays peuvent-ils reformuler eux-mêmes leurs propres personnalités, dans un geste toujours recommencé d'écart par rapport aux normes ? Telle est finalement la préoccupation autour de laquelle s'articulent les trois parties de ce livre.
Ces conversations avec Alain Robbe-Grillet ont d'abord été filmées dans le cadre de l'IMEC, à l'abbaye d'Ardenne, près de Caen, où l'écrivain a déposé toutes les archives de sa vie et de son oeuvre. Grand connaisseur de l'oeuvre de Robbe-Grillet, Benoît Peeters parvient à entraîner l'écrivain au-delà des sentiers battus. Conteur brillant et plein d'humour, Robbe-Grillet évoque sa jeunesse dans une famille non-conformiste, avant de raconter l'aventure du Nouveau Roman et du Nouveau Cinéma, ressuscitant talentueusement le climat de toute une époque et proposant des portraits inattendus de figures comme Jérôme Lindon, Roland Barthes, Marguerite Duras et Jean-Paul Sartre. À la fois accessibles et approfondis, ces « jeux de mémoires » devraient séduire autant les spécialistes de Robbe-Grillet que ceux qui ignorent presque tout de son oeuvre.
Grâce aux avancées en psychologie expérimentale et en imagerie cérébrale, Olivier Houdé a découvert qu'il existe dans le cerveau de l'enfant une région permettant d'inhiber les intuitions trop rapides.C'est le signal «STOP» du cerveau, qui nous force à réfléchir avant de prendre une décision. Or l'école a une vision négative de l'inhibition, qui est pourtant la clé de l'intelligence. Par conséquent, cette capacité de contrôle inhibiteur n'est pas assez entraînée chez l'enfant, ce qui explique les illogismes qui persistent chez l'adulte, comme par exemple l'adhésion déraisonnable aux fake news.Il est urgent d'apprendre à résister!
Paru en octobre 2009, Retour à Reims a rencontré un écho considérable et suscité de très nombreux débats. Didier Eribon entreprend ici d'approfondir le récit et les réflexions qui s'entrecroisaient dans son précédent ouvrage, devenu un classique.
La société assigne des places. Elle énonce des verdicts, qui s'emparent de nous et marquent nos vies à tout jamais. Elle installe des frontières et hiérarchise les individus et les groupes.
La tâche de la pensée est de mettre au jour les mécanismes d'infériorisation et les logiques de domination et de reproduction sociales. Didier Eribon nous convie à un véritable renouvellement de l'analyse des classes, des trajectoires, des identités et du rôle central et ambivalent des institutions (notamment le système scolaire, la justice, la politique...).
Pour lui, seule une démarche qui place au centre de ses préoccupations le problème des déterminismes par lesquels nos vies sont régies peut nous permettre d'ouvrir la voie à une politique de l'émancipation.