« Peut-être ferais-je mieux de commencer par expliquer que mon grand-père n'est pas mon grand-père. Bouz, Boris, Baruch n'est pas le père de ma mère. Le père de ma mère a été tué à Auschwitz en 1942. B.B.B. - appelons-le ainsi, pour faire plus court - est l'homme avec qui ma grand-mère, la vraie, a refait sa vie... si l'on peut dire ».
Né en Moldavie, province tour à tour roumaine et soviétique avant d'être partiellement annexée par l'Ukraine, B.B.B. traverse le siècle sans déranger personne. Occupant cette place laissée vacante, il joue un rôle à la fois discret et nécessaire. Lui, le « remplaçant », est devenu irremplaçable. En confrontant son image avec celle du directeur de l'orphelinat du ghetto de Varsovie, Janusz Korczak, Agnès Desarthe trace le portrait de son anti-héros favori.
En 1993, Robert Altman réalise un vieux rêve : adapter au cinéma l'oeuvre de Raymond Carver. Le résultat : Shortcuts, film mythique interprété (entre autres) par Jennifer Jason Leigh, Tim Robbins, Jack Lemmon, Tom Waits et Frances McDormand. Altman s'est inspiré de neuf nouvelles et d'un poème. À ce jour, ils demeurent la meilleure initiation aux écrits de « Ray » Carver, sans nul doute l'un des plus grands écrivains américains du XXe siècle. Son écriture limpide met en scène des gens « ordinaires » - une serveuse de restaurant, un chômeur, un père anxieux, trois pêcheurs, des voisins trop curieux - hantés par deux idées fixes : le besoin d'une véritable intimité et la quête toujours remise au lendemain d'une introuvable dignité.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-Pierre Carasso, Simone Hilling, François Lasquin et Gabrielle Rolin.
« L'homme y est souvent inégal, mesquin, plus petit que lui-même, l'espèce s'y révèle décevante, médiocre, et pourtant, à l'intérieur de ce monde modeste, on se sent bien, réconforté, rassuré, terriblement chez soi. La Patience des buffles sous la pluie fait partie de ces livres à la fois formidablement simples et sobrement raffinés qui nous rendent intelligibles à nous-mêmes, qui nous rattachent les uns aux autres, nous donnent envie de tenir debout et de nous ancrer encore plus profondément dans cette étrange activité suicidaire qu'est la vie. » Jean-Paul Dubois Premier recueil de David Thomas, La Patience des buffles sous la pluie a été lauréat du prix Découverte de la Fondation Prince Pierre de Monaco en 2009. On y décèle déjà son art de la brièveté, la précision de son écriture et sa singulière façon de regarder le monde.
C'était à Manhattan, dans les années 80. Corrine était courtière en Bourse. Russell, éditeur. Ils avaient trente ans et des poussières. Tout semblait parfait autour d'eux. Les amis, les soirées branchées et les fluctuations du Dow Jones. Ils pensaient rester éternellement jeunes, talentueux et intelligents.
Mais Corrine a voulu des enfants et Russell n'était pas prêt. Jeff est retombé dans la drogue, Trina Cox est arrivée. Soudain, plus rien ne s'est passé comme prévu.
Le 18 octobre 1987, les golden boys se jetaient du haut des immeubles, à Wall Street, en réaction au krach boursier. La comédie new-yorkaise se teintait de désenchantement, annonçant la fin des grandes espérances.
Ex-écrivain, ex-journaliste sportif, ex-mari, Frank Bascombe habite toujours dans le New Jersey, et travaille dans l'immobilier.
Les élections approchent. Qui sera le prochain président des Etats-Unis, Bush ou Dukakis ? Frank attend avec impatience le week-end du 4 Juillet. Justement, il s'agit d'une fête, et pas n'importe laquelle : celle de l'Indépendance.
Mais la vie dont il avait cru pouvoir se protéger va le frapper cruellement, au moment où il s'y attend le moins. Il ne lui restera plus, alors, qu'à tenter de faire face, avec tout l'humour, le courage et l'intégrité dont il est capable.
"Et si, s'interroge la critique, Richard Ford avait écrit le Grand Roman Américain de la décennie, le roman de nos vies ? Est-ce qu'il ne ressemblerait pas à cela ?" Traduit de l'anglais par Suzanne V. Mayoux
Imaginez un très vieil immeuble de l'Upper West Side, le Preemption, au coin de la 82e Rue et de Riverside Drive. Une de ces tours mythiques, presque gothiques, avec gargouilles, clochetons et mâchicoulis - on croit parfois y voir rôder le spectre de John Lennon ou le double de Mia Farrow. Tous ceux qui l'habitent - un comptable timide qui parle aux ascenseurs, un acteur raté, un étrange séducteur, une jeune fille à la recherche de l'amour, etc. - participent, sans le savoir, d'une même conspiration...
Entre le New York de Woody Allen et les bars branchés de Sex And The City, David Schickler invente une géographie mystérieuse qui n'appartient qu'à lui.
« Nous ne vieillirons pas ensemble s'apparente à ces grands romans de la faiblesse masculine. Insidieusement la réalité de l'abandon s'impose à un homme incrédule qui abusait de son pouvoir, rêvait sa vie et rêvait sa violence. L'art de Pialat est un art d'une puissante humanité, sans précaution, sans scrupule, sans effort pour rendre les personnages sympathiques. On est dans la peau, le gros grain, "l'homme nu" disait Simenon. ».
Ces paroles de Jacques Fieschi (célèbre critique de cinéma, réalisateur et écrivain) résument bien la méthode Pialat, qui dissèque sans complaisance les tourments amoureux, où chacun épouse tour à tour le rôle du fort et du faible. Un grand film, mais aussi un roman mémorable.
Une jeune femme, blonde depuis peu, entre au Londres-Louxor. Dans cet ancien cinéma parisien des années 1920 se retrouve la diaspora de Bosnie. On y parle peu de la guerre, davantage d'affaires, et beaucoup des soeurs Vitch. Ariana est comptable, Esme est écrivain. L'une séduit les hommes, l'autre les comprend. Ces derniers temps, au Londres-Louxor, on croise surtout Esme à la recherche de son aînée partie sans explication. Cette disparition émeut les habitués du lieu et pousse chacun à abattre ses cartes dans un jeu déroutant : l'évocation d'un pays d'origine dont l'histoire s'est éparpillée au fil de versions multiples ou dégradées, de fragments et de mythes.
Postface inédite de l'autrice.
Yeux bleus, cheveux clairs et peau blanche, white folks est un noir.
Grâce à son physique et son talent pour l'entourloupe, il se fait respecter là oú les plus forts survivent. avec son partenaire, old blue, ils forment la paire d'arnaqueurs la plus efficace de chicago. jusqu'au jour oú ils s'attaquent involontairement à la mafia. " trick baby est un roman total. les péripéties entraînent le lecteur dans leur rythme trépidant, mais ce sont les ravages de l'exclusion et de la xénophobie qui enracinent le récit, au-delà de la seule différence de couleur de la peau.
Le polar, quand il atteint l'ampleur de trick baby, rejoint la famille des grands romans d'aventures qu'on ne se lasse jamais de relire parce qu'ils apaisent notre voyeurisme, le désir d'être un autre. " hugo marsan, le monde.
" Tombé pour détention et trafic de drogue, John est incarcéré à la " Ferme ".
Détenus, matons et psychiatres s'y affrontent avec d'autant plus de brutalité que tous partagent la même défiance envers un système absurde où les remèdes sont bien pires que le mal. Bienvenue en enfer est la chronique d'un monde vertigineux, mais aussi la métaphore d'un enfermement plus essentiel. Cette prison intérieure dans laquelle se débat le héros, celle d'une irrémédiable lucidité. Sur le piège de sa condition.
Et sur la condition de l'homme en général. Le roman prend alors toute sa dimension, celle d'une tragédie universelle, magnifiquement exprimée. " Michel Abescat (Le Monde).
Dans ce portrait d'un jeune homme qui se noie, écrit par un noir, tous les personnages sont des blancs.
Tous sauf un, qui se fait enterrer vivant. " a travers ce récit ?dipien mélancolique, perry raconte l'ascension d'un jeune voyou blanc que perdra l'amour dévorant qu'il porte à sa mère. le titre est une référence transparente au portrait de l'artiste en jeune homme de james joyce. c'est une indication ces auteurs se vivaient d'abord comme des écrivains, et pas uniquement comme des auteurs-de-polars. le genre étant à leurs yeux le moyen idéal de rendre compte d'une partie - la plus tragique - de l'expérience noire en amérique.
" bernard loupias (le nouvel observateur).
La pesanteur et la grâce" Le trou était au bout de l'allée du garage de Tal Walker. Une couche de goudron le recouvre aujourd'hui. Mais voilà douze étés, Tal est descendu à l'intérieur et n'est jamais remonté.Des semaines plus tard, ma mère me prenait encore dans ses bras sans raison, me serrait de toutes ses forces chaque fois que je quittais la maison, et dans la soirée, avant que j'aille me coucher, elle fourrait les doigts dans mes cheveux en brosse en murmurant mon prénom. "En dix nouvelles, l'écriture délicate et pure d'Andrew Porter évoque un amour de jeunesse, l'implosion d'une famille ou la mort d'un ami, dans la grande tradition des nouvellistes américains comme Raymond Carver et John Cheever. Très remarqué à sa sortie, ce premier recueil a reçu de nombreux prix, dont le prestigieux Flannery O'Connor Award.
Flannery O'Connor (1925-1964) est considérée comme le plus grand écrivain du Sud depuis Faulkner.
Son oeuvre brève et intense - cinq ouvrages de fiction, un recueil d'essais et un volume de correspondance - est pourtant méconnue en France. En mêlant sa propre voix à celle de Flannery O'Connor, Geneviève Brisac nous rend infiniment proche cette femme qui consacra sa vie à scruter le mystère de la Grâce et la folie des moeurs, sans jamais perdre son sens de l'humour.
David Goodis est le poète maudit du roman noir.
Le destin de ses héros coincés entre un passé obsédant et une déchéance inexorable (Tirez sur le pianiste, Sons espoir de retour, Vendredi 13) est à l'image du sien : écrivain précoce au succès commercial presque immédiat, scénariste à Hollywood, il se brise un jour, sombre dans l'alcoolisme et meurt à cinquante ans dans l'indifférence la plus totale, en 1967.
C'est du moins le cliché que s'acharnent à conserver de lui ses lecteurs de ce côté-ci de l'Atlantique.
Là-bas, à Philadelphie et à Hollywood, il en allait tout autrement.
Ce livre n'est ni une biographie ni un livre de plus sur le polar. C'est une enquête sur la littérature et sur les images qui la parasitent au point, parfois, de prendre sa place.
Quelque part près de vukovar, nico pénètre par erreur dans un village en ruine.
Dans une maison, un garçon de son âge agonise. nico recueille ses dernières paroles. il s'appelle josué, et devient le fil conducteur d'un périple insolite qui le mène au cour d'un " paysage après la bataille " - ou plutôt entre deux batailles. car toute la singularité du livre de jean hatzfeld tient dans ce pari : écrire non pas le roman de la guerre, mais le roman des " blancs " de la guerre. le roman de l'attente.
Pennsylvanie, hiver 1974.
Une petite ville sans histoire. Des coups de feu claquent, étouffés par la neige. Annie Marchand vient d'être abattue en plein jour par son mari. Pourquoi Annie a-t-elle été assassinée ? Pourquoi chacun s'acharne-t-il à détruire ce qu'il aime ? Quinze ans après, Arthur Parkinson s'interroge, et démêle l'enchevêtrement des fils tissés par le Destin. "A l'envers du rêve américain de conquête de l'espace, les personnages d'O'Nan sont perdus dans un pays trop grand qui ne contient pas de place pour eux.
Leur cauchemar, d'une violence inouïe, parle des ombres tapies sous la surface ripolinée d'une société encline au fantasme d'innocence. Ces ombres, Stewart O'Nan les fait planer sur Dean anges dans la neige, son très beau premier roman. " Raphaëlle Rérolle, Le Monde.
D'un séjour à Harlem, Jean-Hubert Gailliot a rapporté une vision singulière : celle d'une cité bouleversée par un nouveau mixage entre les cultures et les communautés. Les garçons noirs déambulent au bras de jeunes asiatiques dans les rues saturées « par la bande-son la plus agressive jamais diffusée en milieu urbain » et littéralement embrasées par la pyrotechnie publicitaire «abolissant toute distinction entre le dedans et le dehors».
Iceberg slim, alias robert beck, est le proxénète le plus célèbre des etats-unis.
Pimp, qui raconte en détail sa carrière de maquereau, est un livre cru, qui sent la sueur, le sexe et les parfums lourds. c'est un document unique sur les bas-fonds de l'amérique noire et blanche, sa beauté sauvage et son abjection. publié en 1969, il est toujours le livre de chevet de toute une génération d'étudiants et de rappeurs. " les livres d'iceberg slim présentaient les noirs comme des êtres humains et nous rendaient notre dignité.
Avant d'avoir entendu parler des panthers, iceberg slim m'a fait comprendre qu'il était important d'écrire sur les ghettos. " sapphire
" J'imaginais que toutes les familles du monde étaient basées sur le modèle de ma famille maternelle.
Une matriarchie tentaculaire, dans laquelle chacun était tenu de présenter ses respects une fois par semaine à ma grand-mère, en une parodie inconsciente des dîners de cour auxquels nos aïeux avaient été habitués. Car nous descendions de la haute noblesse française. Rohan, disait le Larousse, était le nom d'une des plus illustres familles de France. " Mais le Larousse ne dit pas pourquoi sa grand-mère a une telle aversion pour les singes, et Christian attendra des années pour être éclairé sur la question.
Le garçon qui passe ses journées retranché derrière ses livres s'ouvre alors au monde et à ses merveilles inconnues. En Angleterre, il découvre les piers de Brighton, les filles, la S.F., la pornographie, l'écriture. Et la tragédie qui se prépare.
Un directeur de prison distribue des caleçons roses aux détenus, des rebelles squattent un bout de désert tandis qu'un agent immobilier vend des parcelles de Lune au public, des bourreaux racontent leurs exécutions, un pasteur propose l'enfer en tableaux vivants, un homme invente l'autopsie en self-service...
Portrait d'une société dans laquelle cohabitent tous les excès, se répandent toutes les fièvres morales et raciales, ce livre est le roman vrai de l'Amérique. Une Amérique qui sait, depuis le 11 septembre 2001, qu'elle est aussi mortelle.