Editions De L'olivier
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Connell et Marianne ont grandi dans la même ville d'Irlande. Il est le garçon en vue du lycée, elle est la solitaire un peu maladroite. Pourtant, l'étincelle se produit : le fils de la femme de ménage et l'intello hautaine connaissent ensemble leur premier amour.
Un an plus tard, alors que Marianne s'épanouit au Trinity College de Dublin, Connell s'acclimate mal à la vie universitaire.
Un jour, tout est léger, irrésistible?; le lendemain, le drame pointe et les sentiments vacillent.
Entre eux, le jeu vient tout juste de commencer.
Sally Rooney réussit le tour de force de donner une dimension unique et universelle à cette histoire. Porté par des dialogues saisissants de justesse, Normal People est un roman magistral sur la jeunesse, l'amitié, le sexe, sur les errances affectives et intellectuelles d'une génération qui n'a plus le droit de rêver, mais qui s'entête à espérer.
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Conversations entre amis
Sally Rooney
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 5 Septembre 2019
- 9782823610710
Dublin, de nos jours. Frances et Bobbi, deux anciennes amantes devenues amies intimes, se produisent dans la jeune scène artistique irlandaise comme poètes-performeuses. Un soir, lors d'une lecture, elles rencontrent Melissa, une photographe plus âgée qu'elles, mariée à Nick, un acteur. Ensemble, ils discutent, refont le monde, critiquent le capitalisme comme les personnages de Joyce pouvaient, en leur temps, critiquer la religion. Ils font des photographies, ils écrivent, ils vivent. C'est le début d'une histoire d'amitié, d'une histoire de séduction menant à un « mariage à quatre » où la confusion des sentiments fait rage : quand Frances tombe follement amoureuse de Nick et vit avec lui une liaison torride, elle menace soudainement l'équilibre global de leur amitié.
Mais Conversations entre amis n'est pas qu'une banale histoire d'adultère : c'est avant tout le portrait attachant, empathique, des jeunes gens contemporains, ces millenials qui ne parviennent pas à trouver leur place dans le monde que leur ont laissé leurs aînés. La voix de Frances, poétique, désinvolte, parfois naïve, d'une extraordinaire fraîcheur est, par de multiples aspects, celle de sa génération.
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Un matin, Iréna découvre ses voisins juifs alignés devant l'entrée de leur magasin. Un gendarme les tient en joue : ordre des Allemands. Le lendemain, ils sont agenouillés, brutalisés, avant d'être assassinés. Leur magasin est pillé. Dans ce village ukrainien, la catastrophe est en marche, et elle provoque chez la jeune paysanne un sursaut. L'effroi de ne pas avoir pu secourir ses voisins se double de celui que lui inspire son mari, un brute qui la maltraite. Il faut partir.
Commence alors une longue errance aux accents prophétiques. De village en village, Iréna proclame que le Christ était juif, et que lever la main sur ses descendants est un crime inexpiable. Menacée par les hommes et protégée par les femmes - paysannes, aubergistes ou prostituées -, Iréna accomplira son destin jusqu'au bout.
« L'Histoire est un cauchemar dont je cherche à m'éveiller », a écrit James Joyce. Dans ce dernier roman publié de son vivant, Aharon Appelfeld relève le défi : La Stupeur plonge ses racines dans ce qu'il y a de plus archaïque en l'homme - la soif de détruire et le besoin de réparer.
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Nous sommes à Great Falls, Montana, en 1960. Dell Parsons a 15 ans lorsque ses parents commettent un hold-up, avec le fol espoir de rembourser ainsi un créancier menaçant. Mais le braquage échoue, les parents sont arrêtés, et Dell a désormais le choix entre la fuite ou le placement dans un orphelinat. Il choisit de fuir, passe la frontière du Canada et se retrouve dans le Saskatchewan. Il est alors recueilli par un homme, Remlinger, qui fait de lui son apprenti et son factotum. Remlinger est un " libertarien ", adepte de la liberté individuelle intégrale, qui vit selon sa propre loi en organisant des chasses. Canada est le récit de ces années d'apprentissage au sein d'une nature magnifique, parmi des hommes pour qui seule compte la force brutale, comme le montre l'épisode final, d'une incroyable violence. Des années plus tard, Dell, qui est devenu professeur à l'Université, se souvient de ces années qui l'ont marqué à jamais.
Qualifié de " page-turner " par le NY Times, ce roman d'une puissance et d'une beauté exceptionnelles rappellera aux lecteurs de Richard Ford le premier de ses livres publié à l'Olivier en 1991, Une saison ardente. Il marque le retour sur la scène littéraire d'un des plus grands écrivains américains contemporains.
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Mon père et ma mère
Aharon Appelfeld
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 1 Octobre 2020
- 9782823614688
C'est l'été 1938 en Europe centrale. Et comme chaque année ils sont là, sur la rive, en villégiature.
Il y a Rosa Klein, qui lit dans les lignes de la main. Mais peut-on se fier à ses prédictions ? Et Karl Koenig, l'écrivain. Pourquoi fréquente-t-il les autres vacanciers au lieu de consacrer toute son énergie au roman qu'il est en train d'écrire ? Qui sont vraiment « l'homme à la jambe coupée » et la jeune femme amoureuse que tous les Juifs appellent par l'initiale de son prénom ? Et le père et la mère d'Erwin, l'enfant si sensible à l'anxiété de ceux qui l'entourent ?
Dans ce roman magistral publié quelques années avant sa mort, Aharon Appelfeld tisse les questions intimes, littéraires et métaphysiques qui l'ont accompagné toute sa vie. Sous sa plume, ces dernières vacances avant la guerre sont le moment où l'humanité se dévoile dans ses nuances les plus infimes, à l'approche de la catastrophe que tous redoutent sans parvenir à l'envisager.
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Rien à déclarer
Richard Ford
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 2 Septembre 2021
- 9782823617283
« La vie, ce sera ça, désormais, pensa-t-il. Un catalogue. Les conversations, les rencontres, les gens, les départs, les arrivées. Les choses qui passent. Rien d'effroyable. » À New York ou dans le Michigan, à La Nouvelle-Orléans, à Paris, à Dublin, des hommes et des femmes se penchent sur leur passé. Solitaires le plus souvent, parfois malgré eux (ils sont séparés, veufs ou simplement célibataires), ils s'interrogent aussi sur leur avenir. Sans amertume, même quand la nostalgie joue en sourdine la petite musique des regrets, la ritournelle des occasions perdues et des rendez-vous manqués.
Rien d'autobiographique dans ces nouvelles, nous assure l'auteur. On est pourtant tenté d'y lire, entre les lignes, le bilan de la maison Ford. Car s'il ne dit jamais « je », il y a un peu de Richard Ford dans chacun de ces personnages, ne serait-ce qu'un certain goût pour l'ironie.
Tout en saluant au passage deux de ses modèles : James Salter, pour sa précision, sa cruauté et sa mélancolie, et Alice Munro, championne incontestée du discours indirect libre.
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«Quand la connexion s'établit, tout est relié et converge vers un moment d'émotion partagée, vers une affinité créatrice qui arrime chaque personne à un présent vécu comme une expérience collective. » Printemps 2020 : alors que la crise du Covid-19 impose au monde de se calfeutrer et prive de scène des milliers d'artistes, Kae Tempest nous livre une réflexion toute personnelle sur la créativité et ce qui la nourrit. À l'heure où les réseaux sociaux nous poussent à la représentation perpétuelle, où l'apathie nous gagne au point de nous faire oublier qui nous sommes, Tempest crie l'urgence de nous reconnecter. À nous-mêmes, aux autres, à la réalité, pour que jaillisse l'étincelle vitale de la création. On retrouve dans ce texte tout ce qui fait sa force : une voix qui porte, cogne parfois, et une grâce hors du temps.
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Corrections (les)
Jonathan Franzen
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 23 Août 2002
- 9782879292960
Et si les enfants ne naissaient que pour corriger les erreurs de leurs parents ? Nos vies familiales ressembleraient alors à des copies surchargées de ratures et de remarques - " faux ", " mal dit ", " à revoir " -, ponctuées de points d'exclamation ou d'interrogation.
Dans le livre de Jonathan Franzen, la famille s'appelle Lambert, mais c'est de l'Amérique qu'il s'agit, de sa manière de vivre, de ses idéaux : un continent entier en train de sombrer doucement dans la folie.
Alfred, Enid, et leurs trois enfants - Gary, Chip et Denise - sont les cinq héros de ce roman-fleuve où défilent toutes nos contradictions : le besoin d'aimer et la guerre conjugale, le sens de la justice et l'obsession des stock-options, le goût du bonheur et l'abus des médicaments, le patriarcat et la révolte des fils, la libération des femmes et la culpabilité de tous.
C'est cela, Les Corrections : une " tragédie américaine " dont la puissance balaye tout sur son passage.
Mais aussi une comédie irrésistible, un humour qui s'autorise à rire de tout, une férocité sans limites Et le sens aigu de notre appartenance à la communauté humaine.
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Memorial Drive
Natasha Trethewey
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 19 Août 2021
- 9782823617320
Le 5 juin 1985, Gwendolyn est assassinée par son ex-mari, Joel, dit « Big Joe ». Plus de trente ans après ce drame qui a changé sa vie, Natasha Trethewey, sa fille, affronte enfin sa part d'ombre en se penchant sur le destin de sa mère. Tout commence par un mariage interdit entre une femme noire et un homme blanc dans le Mississippi. Suivront une rupture, un déménagement puis une seconde union avec un vétéran du Vietnam. À chaque fois, Gwendolyn pense conquérir une liberté nouvelle. Mais la tâche semble impossible. Elle est toujours rattrapée par la violence.
Dans ce récit déchirant, Natasha Trethewey entremêle la trajectoire des femmes de sa famille et celle d'une Amérique meurtrie par le racisme. Elle rend à sa mère, Gwendolyn Ann Turnbough, sa voix, son histoire et sa dignité.
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Histoire d'une vie
Aharon Appelfeld
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 27 Août 2004
- 9782879294391
Aharon Appelfeld a dix ans lorsqu'il s'évade du camp de concentration. Il se réfugie dans la forêt, survit grâce aux marginaux voleurs, vagabonds, prostituées qui le protègent. Nous sommes en Roumanie, à la frontière de l'Ukraine, en 1942.
À la fin de la guerre, après plusieurs années d'errance, Aharon Appelfeld s'embarque pour la Palestine. Sa solitude est totale, son désarroi absolu. Quelques grands aînés lui ouvrent le chemin. Grâce à Gershom Scholem, il comprend qu'il est porteur d'un héritage, celui du judaïsme européen, et que son refus équivaudrait à un suicide. Grâce à Max Brod, il découvre Kafka : une écriture sèche, débarrassée du « kitsch allemand » ; et surtout une description rigoureuse de ce qu'il a vécu, lui, pendant la guerre, et qu'il ne peut formuler avec des mots.
Aharon Appelfeld deviendra l'un des plus grands écrivains juifs de notre temps. Pourtant, il récuse avec énergie le statut d'« écrivain de la Shoah » dont on a voulu l'affubler. Il n'a jamais voulu être un chroniqueur. Il lui a fallu en effet se forger une langue et créer un monde bien à lui pour accéder à la vérité intérieure qui est l'objet même de sa recherche. Une langue péniblement arrachée au silence, puis au bégaiement, nourrie du yiddish qu'il apprend tardivement cette « langue sacrée » que parlaient ses grands-parents, et qu'il n'avait pas le droit d'utiliser à la maison, lorsqu'il était enfant.
À la fin des années 80, Philip Roth découvre cette oeuvre avec émerveillement. Il comprend qu'il est en présence d'un écrivain exceptionnel, proche de Kafka et de Bruno Schulz par sa puissance et sa singularité, et fait de lui l'un des personnages de son roman, Opération Shylock.
En France, Pierre Belfond, puis les Éditions Gallimard ont tenté dans le passé de l'imposer, sans y parvenir. Si nous reprenons aujourd'hui le fil de ce travail interrompu, c'est parce que nous sommes convaincus que l'oeuvre d'Aharon Appelfeld est, enfin, devenue audible. C'est nous qui n'étions pas prêts à recevoir ces livres empreints d'une terrible douceur, et qui nous parlent, comme on murmure à l'oreille, d'un monde qui n'a jamais cessé d'être présent.
Quatre ouvrages paraissent simultanément : deux de ses plus beaux romans, Le Temps des prodiges et Tsili, dans la collection « Points » au Seuil. Et deux inédits, Histoire d'une vie et L'Amour, soudain aux Éditions de l'Olivier Dans Histoire d'une vie, Aharon Appelfeld nous livre des fragments qui sont autant de clefs pour la compréhension de son oeuvre : souvenirs de sa petite enfance à Czernowitz, en Bucovine. Portraits de ses parents, des juifs assimilés, et de ses grands-parents, un couple de paysans dont la spiritualité simple le marque à jamais. Puis des scènes brèves, d'une violence inouïe, visions arrachées au cauchemar de la déportation et de l'extermination. Vient ensuite l'arrivée en Israël, et l'élaboration progressive de son oeuvre.
L'Amour, soudain est un roman d'amour qui met en scène un écrivain vieillissant et malade et une jeune fille inculte est une confrontation permanente entre le proche et le lointain, l'identification et la distanciation, la vie quotidienne et la métaphysique. À l'arrière-plan de cette idylle entre le vieil homme et l'orpheline qui prend soin de lui comme d'un bébé, c'est toute la vie de l'auteur qui se déroule en accéléré, traversée par le thème de la politique, et particulièrement du communisme. Pourtant, cette méditation sur l'Histoire n'est là que pour nous ramener au coeur même de l'oeuvre d'Aharon Appelfeld, dans une confrontation avec cette présence divine que connaissaient les « Juifs Célestes » des Carpates dont il sait si bien nous parler.
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Ils vivent en Suisse, au Japon, à New York, Los Angeles ou Tel-Aviv. Ce sont des hommes et des femmes de tous âges qu'a priori rien ne rapproche. Et pourtant... Saisis à un moment décisif de leur parcours, les personnages d'Être un homme sont poussés à questionner le sens profond de leur existence. Pour certains, il s'agit de leur judéité. Pour d'autres, des liens familiaux, amoureux ou amicaux qui les unissent. Une aura de mystère les entoure, comme si une présence invisible les accompagnait. Dans ce recueil de nouvelles conçu avec l'ampleur d'un roman, Nicole Krauss fait mouche par la justesse et la poésie de son écriture. Elle tient une place à part dans le paysage littéraire américain et le prouve une fois de plus. Magistralement.
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Méridien de sang
Cormac Mccarthy
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 4 Novembre 1998
- 9782879292038
L'action se passe il y a un siècle et demi, au lendemain de la guerre entre le Mexique et les Etats-Unis, dans l'implacable décor de la Sierra Madre, des déserts du Texas au rivage du Pacifique.
Au centre du livre, un jeune garçon de quatorze ans, dit le Gamin. Après avoir fui la hutte paternelle au Tennessee, il s'enrôle dans une bande d'irréguliers, payés au scalp, qui traquent l'Indien pour le comte du gouverneur de l'Etat mexicain du Chihuahua.
Cette bande de soldats de fortune qui pillent, brûlent et tuent, a pour chefs le capitaine Glanton et son second, appelé le Juge, géant surhumain au savoir encyclopédique.
Arrivée au Colorado, la bande est décimée par les survivants d'Indiens yumas. Un long affrontement commence entre le Juge et le Gamin, et la poursuite engagée au pied des dunes de la Vallée de la Mort trouve son grotesque et tragique épilogue, une vingtaine d'années plus tard, dans le bordel d'une bourgade texane.
" Un western métaphysique, une équipée nihiliste au terme de laquelle rien n'est révélé, où l'on massacre pour cent dollars le scalp, où l'on ne récolte qu'un collier d'oreilles séchées.
Le livre contient des scènes fantastiques et grotesques, certaines inoubliables et incroyablement culottées. " Philippe Garnier, les Inrockuptibles.
Publié une première fois en France en 1988, ce livre admirable, sur lequel plane l'ombre d'Edgar Allan Poe, contient déjà en germe ce qui sera plus tard La Trilogie des confins.
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Un bonheur parfait
James Salter
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 6 Juin 2013
- 9782823602548
"Toute vie est un processus de démolition", écrivait Scott Fitzgerald. James Salter semble lui donner raison avec ce roman cruel et subtil.
Nedra est belle, assurée, et sait donner aux gestes quotidiens une sorte d'élégance. Viri est architecte. Il rêve d'accomplir une oeuvre qui lui survivra, et dévore les biographies d'hommes illustres.Ils habitent une vieille demeure non loin de New York, ils s'aiment. Peut-être sont-ils moins heureux qu'ils ne le disent.
Quand le temps aura fait son oeuvre, il ne restera plus, des amours de Nedra et Viri, que des ruines et des regrets.
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Patty, Walter et Richard , ou Les chemins de la liberté.
Patty a décidé une fois pour toutes d'être la femme idéale. Mère parfaite, épouse aimante et dévouée, cette ex-basketteuse ayant un faible pour les bad boys a fait, en l'épousant, le bonheur de Walter Berglund, de St. Paul (Minnesota). A eux deux, ils forment le couple " bobo " par excellence. En devenant madame Berglund, Patty a renoncé à bien des choses, et d'abord à son amour de jeunesse, Richard Katz, un rocker dylanien qui se trouve être aussi le meilleur ami de Walter. Freedom raconte l'histoire de ce trio, et capture le climat émotionnel, politique et moral des Etats-Unis de ces 30 dernières années, dans une tragi-comédie d'une incroyable virtuosité. Comment vivre ? Comment s'orienter dans une époque qui semble devenue folle ? Jonathan Franzen relève le défi et tente de répondre à cette question, avec cette histoire d'un mariage d'une implacable cruauté.
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Un docteur irréprochable
Damon Galgut
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 8 Avril 2005
- 9782879294117
Lorsque Frank Ellof voit arriver Laurence Waters, il se dit qu'il ne tiendra pas longtemps. « J'étais assis dans le bureau, en fin d'après- midi, lorsqu'il est soudain apparu dans l'encadrement de la porte, une valise à la main, en vêtements de ville un jean et une chemise marron sous sa blouse blanche. Il avait l'air jeune et perdu, et vaguement décontenancé, mais ce n'est pas cela qui m'a amené à penser ainsi.
C'était autre chose, que je lisais sur son visage. » Dans l'hôpital où Frank Ellof et Laurence Waters sont censés exercer leur mission de médecin, rien ne fonctionne. Cela fait sept ou huit ans, depuis que sa femme l'a quitté pour son meilleur ami, que Frank travaille ici. Désabusé, sans illusions ni projets, il a renoncé depuis longtemps à l'idée d'apporter quoi que ce soit à la population noire qui survit dans cette capitale fantôme, artificiellement créée dans un homeland en Afrique du Sud.
Laurence Waters, lui, est convaincu du contraire. C'est par idéalisme qu'il a insisté pour passer son année de service social dans cet hôpital et qu'il compte y introduire des changements radicaux, en dépit du manque de moyens et d'argent. Rempli de bonnes intentions, il assaille Frank de ses questions directes, lui manifeste une amitié indéfectible, à la fois émouvante et inquiétante. Dans le huis-clos de la chambre qu'ils sont contraints de partager, les deux médecins "les seuls blancs du personnel", n'ont guère que leurs innombrables discussions pour tuer le temps. Une confidence de trop, une semi-vérité en réponse, et l'engrenage est en place pour produire un drame inévitable.
Dans ce récit porté par le lyrisme amer du narrateur, Frank, plane le spectre de l'apartheid. Tout contribue à rendre l'atmosphère étrange et oppressante : le huis-clos de la chambre, le bush qui entoure la ville, la chaleur, les tensions qui se font de plus en plus lourdes au sein de l'équipe médicale. Un roman d'une beauté âpre et envoûtante sur la vanité humaine.
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Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout
Alice Munro
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 17 Octobre 2019
- 9782823613711
De quoi parlent les histoires d'Alice Munro ?
De baisers donnés.
De meubles encombrants dont on ne parvient pas à se séparer.
De trahisons nécessaires.
De mots d'adieu.
De femmes déchirées entre la passion et la vie domestique, le désir d'être libre et la bonne éducation.
Neuf histoires d'amour, en somme
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Des jours d'une stupéfiante clarté
Aharon Appelfeld
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 19 Janvier 2018
- 9782823610499
Theo Kornfeld a vingt ans lorsqu'il quitte le camp de concentration que ses gardiens viennent d'abandonner à l'approche des Russes. Il n'a qu'un seul but : retrouver la maison familiale.
Errant sur les chemins, blessés au plus profond d'eux-mêmes, les déportés qu'il croise lui rappellent l'horreur à laquelle il a survécu, tandis que d'autres figures émergent de son passé. Celle de sa mère, Yetty, une femme à la beauté exceptionnelle, au caractère fantasque, qui aimait les églises, les monastères et l'oeuvre de Bach. Celle de Martin, un père trop discret que Theo va apprendre à mieux connaître à travers une autre rencontre.
Des jours d'une stupéfiante clarté raconte son voyage à travers les paysages d'Europe Centrale baignés de lumière. Chaque pas, chaque être croisé, suscite en Théo d'innombrables questions. Comment vivre après la catastrophe ? Comment concilier passé et présent, solitude et solidarité ?
Comment retrouver sa part d'humanité ?
Par-delà le fracas de l'Histoire, ce livre admirable est le récit d'une résurrection.
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Incident au fond de la galaxie
Etgar Keret
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 19 Mars 2020
- 9782823614725
Dans un cirque, un employé chargé de nettoyer les cages des animaux accepte d'être envoyé dans le ciel comme un boulet de canon ; le jeune pensionnaire d'un étrange orphelinat découvre qu'il est un clone d'Adolf Hitler créé pour venger les victimes de la Shoah ; un accidenté de la route perd la mémoire et se retrouve dans une pièce virtuelle avec une femme virtuelle, à moins que ce ne soit l'inverse...
Facétieuses, corrosives et incroyablement brillantes, les vingt-deux nouvelles d'Incident au fond de la galaxie nous immergent dans l'univers « keretien », où le virtuel et le fantastique viennent subtilement troubler la réalité pour faire surgir de profondes réflexions sur le deuil, la solitude et les stigmates de l'Histoire.
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Quelle différence y a-t-il entre une jeune paysanne grecque fuyant Smyrne incendiée par les Turcs en 1922, et une lolita américaine qui découvre, à l'âge de quinze ans, qu'elle est aussi un garçon ? Deux générations.
C'est en effet ce qui sépare Desdemona et Cal, la grand-mère et la petite-fille. C'est aussi la durée dans laquelle s'inscrit cette extraordinaire saga gréco-américaine. Mi-épopée (à la troisième personne), mi-roman d'apprentissage (à la première), ce livre est un hybride. Tout comme son héros/héroïne, qui connaît la joie - et la douleur - d'appartenir aux deux sexes, avant d'opter définitivement pour celui qui lui convient.
Des collines d'Asie Mineure aux villas cossues de Grosse Pointe, du fracas des canonnières dans le Bosphore aux explosions des grenades lacrymogènes dans les rues de Detroit, du ragtime au rock'n'roll, un demi-siècle d'Histoire se déroule sous nos yeux. Pour aboutir à ce conte de fées moderne la transformation d'une teenager en un personnage mythologique. Dix ans après Virgin Suicides, Jeffrey Eugenides est de retour avec ce livre qui transcende tous les genres : c'est une idylle, une comédie postmoderne, une histoire de la littérature, un récit érotique, une confession, une élégie.
Bref, un roman irrésistible.
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écrits fantômes
David Mitchell
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 9 Mars 2004
- 9782879292793
L'argument premier de ce récit relève du fantastique. Les dix épisodes qui le constituent se jouent de toute linéarité ou chronologie. Ils convoquent des dizaines de personnages - on y découvre, entre autres, un membre d'une secte apocalyptique auteur d'un attentat au gaz sarin dans le métro à Tokyo, deux amoureux fans de jazz au Japon, une femme qui parle à un arbre au sommet d'une montagne sacrée en Chine, ou encore l'esprit d'un gangster Mongol qui voyage de corps en corps - , et explorent le système complexe de la causalité au sein d'un groupe d'individus de tous bords, éparpillés aux quatre coins du monde. Ainsi chaque histoire a-t-elle des implications sans lesquelles les autres ne sauraient exister.
La force de ce texte tient à son absence volontaire d'homogénéisation ; tour à tour histoire d'amour, thriller post-guerre froide, ou roman d'anticipation, il trouve son unité dans sa thématique même : une réflexion sur le hasard et les moyens de le contrer. Au fil de la lecture, on est alors invité à traquer les réapparitions d'éléments qui semblaient au premier abord insignifiants, à guetter « l'éternel retour » des personnages et des objets susceptibles d'infléchir le cours de la narration.
David Mitchell avec brio mène cette polyphonie où viennent se mêler voix humaines ou d'outre-tombe, voix perdues dans l'éther du cyber ou investissant des machines. Le lecteur apprendra vite à tendre l'oreille pour déceler la clef de cette oeuvre singulière qui s'inscrit dans la lignée de Jorge Luis Borges ou Yukio Mishima.
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Le garçon qui voulait dormir
Aharon Appelfeld
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 4 Juillet 2011
- 9782879297552
Un "grand" AppelfeldErwin a 17 ans lorsque - au sortir au sortir de la guerre - il se retrouve après une longue errance en Europe sur la côte de Naples au coeur d'un groupe de réfugiés apatrides. Il a tout perdu : père, mère, langue, environnement familier... et émerge peu à peu du sommeil auquel il a recours pour faire revivre tout un pan de sa vie anéanti. Enrôlé, avec d'autres jeunes gens de son âge, par un émissaire de l'Agence juive, il se prête à l'apprentissage intensif de l'hébreu et à l'entraînement physique, quasi-militaire, que celui-ci leur impose chaque jour pour les préparer à une nouvelle vie dans l'Etat d'Israël sur le point de naître.Vient le temps de la traversée en bateau sur une mer déchaînée, de l'immigration clandestine (la Palestine est encore sous mandat britannique) et de l'arrivée dans les montagnes de Judée où les jeunes pionniers sont affectés à la construction de terrasses agricoles. Erwin, comme tous ses camarades, accepte de changer de prénom et s'appelle désormais Aharon.Lorsque la guerre d'Indépendance éclate, les jeunes pionniers sont affectés à des missions militaires. Erwin-Aharon, blessé au cours de l'une d'elle, restera de longs mois paralysé dans une maison de repos, subissant opération sur opération. C'est là qu'il renoue avec le sommeil et le passé. Il craint de trahir les siens en adoptant une nouvelle langue et un nouveau pays et seuls ses échanges avec un médecin et ses discussions avec de vieux pionniers blessés l'aident à surmonter le sentiment de culpabilité qu'il le hante. Peu à peu, une décision s'impose à lui : celle de mettre ses pas dans ceux de son père disparu, et devenir l'écrivain que celui-ci rêvait d'être.Si dans chacun des romans d'Aharon Appelfeld on peut déceler un élément autobiographique, celui-ci est clairement une tentative de relier l'imaginaire et le vécu à travers l'insertion des noms de ses parents, ses grands-parents, et de son propre nom bien sûr, mais aussi d'extraits de poèmes ou de prose de ses jeunes années.
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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?
Jeanette Winterson
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 23 Mai 2012
- 9782879298702
Dans Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?, sorti en Angleterre il y a quelques mois, le personnage n'en est plus un. Il s'agit de l'auteur, Jeanette Winterson. Elle écrit sans fard le « roman vrai » d'une vie : la rigueur mystique d'une mère adoptive à l'esprit étroit, l'Angleterre des années 60, les démons de la dépression. Comment devient-on écrivain alors qu'on se destinait à entrer dans les ordres ? Winterson nous raconte sa trajectoire hors du commun. Dans une maison interdite aux livres, elle a su malgré tout nourrir et préserver la toute-puissance de l'imaginaire.
Ce texte exceptionnel est surtout le récit d'une quête d'identité, celle de Jeanette et, à travers elle, de toutes les femmes engagées dans la bataille pour leur liberté. Mères, amantes, amies, écrivains, modèles, adorées ou honnies, Winterson leur rend hommage dans ces mémoires d'une jeune fille issue du prolétariat de Manchester.
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L'amour soudain
Aharon Appelfeld
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 27 Août 2004
- 9782879294384
Aharon Appelfeld a dix ans lorsqu'il s'évade du camp de concentration. Il se réfugie dans la forêt, survit grâce aux marginaux voleurs, vagabonds, prostituées qui le protègent. Nous sommes en Roumanie, à la frontière de l'Ukraine, en 1942.
À la fin de la guerre, après plusieurs années d'errance, Aharon Appelfeld s'embarque pour la Palestine. Sa solitude est totale, son désarroi absolu. Quelques grands aînés lui ouvrent le chemin. Grâce à Gershom Scholem, il comprend qu'il est porteur d'un héritage, celui du judaïsme européen, et que son refus équivaudrait à un suicide. Grâce à Max Brod, il découvre Kafka : une écriture sèche, débarrassée du « kitsch allemand » ; et surtout une description rigoureuse de ce qu'il a vécu, lui, pendant la guerre, et qu'il ne peut formuler avec des mots.
Aharon Appelfeld deviendra l'un des plus grands écrivains juifs de notre temps. Pourtant, il récuse avec énergie le statut d'« écrivain de la Shoah » dont on a voulu l'affubler. Il n'a jamais voulu être un chroniqueur. Il lui a fallu en effet se forger une langue et créer un monde bien à lui pour accéder à la vérité intérieure qui est l'objet même de sa recherche. Une langue péniblement arrachée au silence, puis au bégaiement, nourrie du yiddish qu'il apprend tardivement cette « langue sacrée » que parlaient ses grands-parents, et qu'il n'avait pas le droit d'utiliser à la maison, lorsqu'il était enfant.
À la fin des années 80, Philip Roth découvre cette oeuvre avec émerveillement. Il comprend qu'il est en présence d'un écrivain exceptionnel, proche de Kafka et de Bruno Schulz par sa puissance et sa singularité, et fait de lui l'un des personnages de son roman, Opération Shylock.
En France, Pierre Belfond, puis les Éditions Gallimard ont tenté dans le passé de l'imposer, sans y parvenir. Si nous reprenons aujourd'hui le fil de ce travail interrompu, c'est parce que nous sommes convaincus que l'oeuvre d'Aharon Appelfeld est, enfin, devenue audible. C'est nous qui n'étions pas prêts à recevoir ces livres empreints d'une terrible douceur, et qui nous parlent, comme on murmure à l'oreille, d'un monde qui n'a jamais cessé d'être présent.
Quatre ouvrages paraissent simultanément : deux de ses plus beaux romans, Le Temps des prodiges et Tsili, dans la collection « Points » au Seuil. Et deux inédits, Histoire d'une vie et L'Amour, soudain aux Éditions de l'Olivier Dans Histoire d'une vie, Aharon Appelfeld nous livre des fragments qui sont autant de clefs pour la compréhension de son oeuvre : souvenirs de sa petite enfance à Czernowitz, en Bucovine. Portraits de ses parents, des juifs assimilés, et de ses grands-parents, un couple de paysans dont la spiritualité simple le marque à jamais. Puis des scènes brèves, d'une violence inouïe, visions arrachées au cauchemar de la déportation et de l'extermination. Vient ensuite l'arrivée en Israël, et l'élaboration progressive de son oeuvre.
L'Amour, soudain est un roman d'amour qui met en scène un écrivain vieillissant et malade et une jeune fille inculte est une confrontation permanente entre le proche et le lointain, l'identification et la distanciation, la vie quotidienne et la métaphysique. À l'arrière-plan de cette idylle entre le vieil homme et l'orpheline qui prend soin de lui comme d'un bébé, c'est toute la vie de l'auteur qui se déroule en accéléré, traversée par le thème de la politique, et particulièrement du communisme. Pourtant, cette méditation sur l'Histoire n'est là que pour nous ramener au coeur même de l'oeuvre d'Aharon Appelfeld, dans une confrontation avec cette présence divine que connaissaient les « Juifs Célestes » des Carpates dont il sait si bien nous parler.
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Rendez-vous à Samarra
John O'Hara
- Editions de l'olivier
- Litterature Etrangere
- 7 Février 2019
- 9782823614428
Décembre 1930, vacances de Noël. Gibbsville, petite bourgade tranquille de Pennsylvanie, est en pleine effervescence. On y danse et on y boit, dans les bars louches comme dans le milieu très fermé de l'élite locale. Parmi les membres de cette élite se trouvent Julian et Caroline English. En pleine réception, Julian lance le contenu de son verre à la figure de Harry Reilly, sans raison apparente... simplement par agacement. Sans qu'il le sache, ce geste impulsif vient de précipiter Julian English dans une spirale autodestructrice qui va durer quarante-huit heures : après avoir cherché secours dans l'amour de sa femme et de ses amis, dans l'alcool, dans la fuite, il aura finalement à se rendre à ce « rendez-vous à Samarra », qui est un rendez-vous avec la mort.
Le roman de John O'Hara avait fait scandale lors de sa parution en 1934. Exploration crue et directe des rapports entre les sexes, autopsie au scalpel de la vie de province américaine, pessimisme omniprésent, autant d'éléments qui ont fait de ce livre un chef d'oeuvre précurseur de tout un pan de la littérature américaine. C'est également une fresque extraordinaire sur l'Amérique au temps de la Dépression, où l'on croise des personnages inoubliables, notamment des gangsters et des bootleggers.
Traduction de l'anglais (États-Unis) par Marcelle Sibon, révisée par Clément Ribes.