Éditeurs
Cornelius
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Pour Brian Milner et Laurie Dunn, le clap de fin approche. Entourés de leurs amis, les deux protagonistes se réunissent une dernière fois près d'un lac pour tourner les ultimes scènes de leur film amateur. Le soir venu, autour du feu de camp sur lequel grillent les poissons pêchés dans la journée, l'heure est à la fête et toutes conditions d'une happy end sont rassemblées. Pourtant, l'histoire ne semble pas suivre le storyboard initial...
Enchevêtrant subtilement le cinéma et la vraie vie, Dédales est une série qui construit sa narration autour du rapport entre l'inconscient et sa représentation. Ce thème est ici décliné par Charles Burns à travers d'incroyables séquences où le rêve devient source d'inspiration de la fiction mais aussi une échappatoire à la réalité.
Jouant avec la confusion des genres, Burns nous plonge dans une histoire qui oscille sans cesse entre science-fiction, romance et film d'horreur pour mieux nous emmener là où on s'y attend le moins. Il nous offre dans ce dernier et ultime tome un dénouement sublime qui, comme dans tout grand film, laisse de profondes réminiscences bien après le générique. -
Absorbé par l'image déformée que lui renvoie le grille pain en face de lui, Brian Milner s'aperçoit qu'il est en train de dessiner un auto-portait. Dans la pièce derrière lui, à des années lumières de sa propre pensée, ses amis font la fête. L'esprit de Brian a déjà traversé l'espace pour se perdre dans un autre monde où tout est plus vivant, plus étincelant, lorsqu'une ombre se glisse derrière lui. Cette première rencontre avec Laurie marque le début d'une nouvelle histoire dont elle jouera le rôle principal.
Enchevêtrant subtilement le cinéma et la vraie vie, Dédales est le premier tome d'une série qui construit sa narration autour du rapport entre l'inconscient et sa représentation. Ce thème, qui puise ses sources dans les fondements de la psychanalyse, est ici décliné par Charles Burns à travers d'incroyables séquences où le rêve devient source d'inspiration de la fiction. Pour l'auteur, comme pour Brian, le personnage central de la série, la caméra et le crayon deviennent alors des outils introspectifs qui créent un pont entre l'imagination et la réalité. Burns s'amuse ainsi à nous semer dans différents niveaux de lecture pour mieux renforcer le sentiment d'étrangeté qui se dégage de ses illustrations. Il livre au passage un brillant hommage au cinéma fantastique et à sa capacité d'agir comme un miroir déformant de l'existence. Le premier tome de cette nouvelle série, publié en exclusivité mondiale, prouve une nouvelle fois le génie de Charles Burns à travers son aptitude à s'emparer de sujets toujours plus complexes tout en créant des liens délicats entre les disciplines artistiques, le tout, servi par un dessin époustouflant.
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Alors que le premier tome de Dédales marquait la rencontre entre Brian, un jeune réalisateur au regard déroutant, et Laurie, l'égérie de son nouveau film, l'heure est désormais venue de commencer le tournage. Entourés de quelques amis, les deux protagonistes se retrouvent dans une cabane perdue au milieu de la forêt pour filmer les premières scènes. Les images du film s'esquissent à peine et les tensions émergent déjà au sein du petit groupe isolé...
Enchevêtrant subtilement le cinéma et la vrai vie, Dédales est une série qui construit sa narration autour du rapport entre l'inconscient et sa représentation. Ce thème, qui puise ses sources dans les fondements de la psychanalyse, est ici décliné par Charles Burns à travers d'incroyables séquences où le rêve devient source d'inspiration de la fiction. Pour Brian, le personnage central de la série, comme pour l'auteur, la caméra et le crayon deviennent alors des outils introspectifs qui créent un pont entre l'imagination et la réalité. Burns s'amuse ainsi à nous semer dans différents niveaux de lecture pour mieux renforcer le sentiment d'étrangeté qui se dégage de ses illustrations.
Cette nouvelle série, publiée en exclusivité mondiale, prouve une nouvelle fois le génie de Charles Burns à travers son aptitude à s'emparer de sujets toujours plus complexes tout en créant des liens délicats entre les disciplines artistiques comme entre les personnages, le tout servi par un dessin époustouflant.
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Seymour, 27 ans, d'origine irakienne, est monteur dans le cinéma du Hollywood des années 1970. Films de série B, bandes annonces... il n'est que simple exécutant au sein des studios Revery. Or, Seymour se rêve cinéaste, et espère qu'il pourra bientôt réaliser son premier projet, Blood of the virgin, un film de loup-garou qu'il a presque fini d'écrire. Lorsqu'on lui propose enfin de le produire, le budget alloué est minime, on lui en refuse la direction et il s'en retrouve très vite complètement dépossédé. Perpétuellement rabroué lors des conflits avec ses collaborateurs et leurs egos, Seymour traverse en même temps une crise dans son couple, fragilisé depuis la naissance de leur fils.
Tout semble lui échapper à mesure qu'il s'accroche. Seymour évolue dans un système qui broie les individus, les rend fous ou désabusés. Dans un monde où les apparences deviennent identités et les vérités avancent sous le masque du non-dit, il n'a pas d'autres choix que de partir en quête de lui-même et de la femme qui partage sa vie.
Cette histoire captivante et profonde sur le désenchantement du rêve hollywoodien s'enrichit de digressions géographiques et temporelles, de changements de points de vue et d'un découpage nerveux et cinématographique.
Sammy Harkham réussit avec brio à nous plonger dans le quotidien de ses personnages, dont la sensibilité et l'imperfection provoquent immédiatement l'attachement. -
Pelléas et Mélisande et autres récits
Nicole Claveloux
- Cornelius
- Solange
- 14 Septembre 2023
- 9782360812073
Composé d'une première histoire longue suivie de plusieurs récits courts, ce quatrième volume de l'anthologie que nous consacrons au travail de Nicole Claveloux témoigne de l'affection que l'autrice porte aux clowns. Dans Pelléas et Mélisande, oeuvre principale qui introduit l'ouvrage, Nicole Claveloux revisite la célèbre pièce de théâtre de Maurice Maeterlinck créée en 1893 (reprise en opéra par Debussy) et transforme la totalité des personnages en facétieux bébés à gros nez rouges. Elle offre ainsi une toute autre lecture à cette complexe histoire d'amour et de jalousie, épurant les scènes de tout décors au profit d'un humour espiègle et délicieusement outrancier. Ce récit d'une quarantaine de pages est complété de deux Histoires de clounes construites comme de courtes scénettes mettant en scène le désir amoureux, d'une série de quinze dessins spectaculaires initialement paru dans l'ouvrage Pour de rire, ainsi que de deux histoires inédites Quand ça va plus, ça va plus et Macaroni malade contre dragonorgeuilleux.
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Ces histoires courtes ont été publiées dans les années 1970 dans les pages du célèbre magazine de manga d'avant-garde Garo (qui révèlera Shigeru Mizuki, Yoshiharu Tsuge ou Seiichi Hayashi...). Inspirées par l'enfance de l'auteur dans un petit village de bord de mer au sud de la péninsule de Bôsô, les histoires d'Anzai Mizumaru s'attachent à retranscrire un moment fugace, le passage à l'âge adulte. Une période de transition et de flottement incarnée par la couleur bleue du ciel nocturne, juste avant le naissance de l'aube.
Entre chroniques nostalgiques et instantanés poétiques, Anzai Mizumaru s'inspire de ses souvenirs pour évoquer l'atmosphère moite du village portuaire dans lequel il a grandit. La naissance de nouvelles émotions, les tourments de l'amour, les coutumes folkloriques ou encore la passion naissante du dessin sont autant de nuances ajoutées à sa palette onirique. Avec un trait plein de douceur et de sensibilité, Mizumaru invite le lecteur à se connecter à ses propres expériences et à ressentir les sentiments délicats qui accompagne la transition vers l'adolescence. Une « période bleue » bercée de sensations éphémères et précieuses, évoquée avec épure à la manière d'un recueil de haïkus. -
Mizuki pose une question aujourd'hui encore sans réponse : qui était Hitler ? Pour circonscrire cet effrayant mystère, il convoque les avatars du Führer : l'étudiant famélique, le caporal bavarois, l'agitateur politique, le chancelier du Reich, le chef de guerre.
De la synthèse de ces images multiples et contradictoires naît un personnage rusé et naïf, cabotin et cruel, inquiétant et ridicule, silhouette dérisoire qui sifflote, enrage, pleure et répète : "Mon empire durera mille ans". Son expression se concentre dans ses moustaches et dans un regard, tour à tour hypnotique comme celui de Mabuse, ou mouillé comme celui en battu. Pour décor, le mangaka use de photos d'archives, qui soulignent la froide réalité de la tragédie mais créent aussi l'ambiance expressionniste et angoissante d'une Allemagne hantée, possédée, où rôde la Mort montée sur son cheval pâle.
Claier et didactique, cette biographie déroule les étapes d'une catastrophe implacable, rythmée par le bruit des bottes. Si elle reproduit parfois la légende hitlérienne, noire ou dorée, elle évite de diaboliser son sujet, qui demeure humain, trop humain. Terré dans son bunker, l'artiste frustré meurt sous l'écroulement de son oeuvre, le Reich de mille ans. Il n'est plus qu'un cadavre anonyme parmi des millions d'autres.
Le charnier de l'Histoire engloutit les victimes et leurs bourreaux. Les ruines de Berlin font écho à celles de Hiroshima ou de Nagasaki. La folie de Hitler est celle d'un homme, de tous les hommes.
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Shigeru Mizuki est né en mars 1922 à Sakai-minato, petite ville côtière du sud-ouest du Japon. Il connaît dans cette province tranquille une enfance libre et heureuse, période faste dont il s'inspirera à de nombreuses reprises dans ses mangas. Très tôt, il montre des aptitudes étonnantes pour le dessin, talent encouragé sans réserve par ses parents. Il a à peine vingt ans lorsque la guerre du Pacifique vient interrompre ses espoirs de carrière.
Enrôlé dans l'armée impériale japonaise, il est envoyé dans la jungle de Nouvelle-Guinée, où il va vivre un véritable cauchemar: il contracte rapidement la malaria, assiste à la mort de ses camarades et perd le bras gauche dans un bombardement... Détenu sur place à la fin de la guerre, il se lie avec les membres d'une tribu locale, amitié qui le sauvera de la famine, de la maladie et de la folie. Ce n'est finalement qu'en 1957, après une vie déjà trop riche de souvenirs et de blessures, qu'il entame la carrière de mangaka qui a fait de lui l'un des plus grands raconteurs d'histoires de son pays.
Auteur singulier et généreux, il ne cesse d'explorer tout au long de son oeuvre les univers qui se cachent derrière notre monde pour mieux dire sa profonde compréhension de l'âme humaine, et communiquer à ses lecteurs l'empathie qu'il éprouve pour toutes les formes de vie. Après NonNonBâ et Opération Mort (Fauves du Meilleur Album et du Patrimoine en 2007 et 2009 au festival d'Angoulême), les éditions Cornélius présentent avec Vie de Mizuki un autre chef-d'oeuvre et une nouvelle facette de ce géant du manga.
Le succès sans commune mesure de la bande dessinée au Japon, son ancrage dans la société, sa forme unique et ses thèmes de prédilection, s'expliquent une fois placés en regard de l'Ere Showa (1926-1989). Les biographies des pionniers du manga, de Vie et Mizuki de Shigeru Mizuki à Une vie dans les marges de Yoshihiro Tatsumi, témoignent autant de l'explosion d'un art populaire que de cette période parmi les plus complexes de l'histoire du Japon.
La Vie de Mizuki rappelle qu'en un peu plus d'un siècle, cet archipel presque exclusivement constitué de villages de pêcheurs s'est mué en l'une des plus grandes puissances industrielles mondiales. Entre-temps, un élan de modernité et de nationalisme a emporté ses hommes vers la guerre, avant de rapatrier les survivants sur une terre occupée, en perte d'identité, en marche d'industrialisation forcée, démunie de son armée et de son besoin de produire de l'énergie.
Cette société qui n'aurait plus besoin de se défendre ni de se nourrir allait accoucher d'une forme d'expression naturellement enfantine, mais d'une richesse indéniable: le manga. Shigeru Mizuki, cet artiste qui a ressuscité le goût du folklore au Japon, incarne plus que quiconque cette édifiante réaction artistique face au poids de l'Histoire: celle d'un homme qui a perdu un bras au combat et rentre dans son pays pour donner vie à un courageux fantôme à qui l'on a volé un oeil.
Récit d'un destin hors du commun, témoignage unique sur la mutation d'un monde, Vie de Mizuki est une extraordinaire fresque romanesque qui embrasse un siècle de chaos et d'inventions.
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Maître d'un monde fantastique et fascinant, Charles Burns n'a jamais caché sa passion pour les comics des années 50. Inspiré par cette esthétique souvent romanesque, l'auteur de Dédales s'est amusé à créer une collection de couvertures de comics fictifs dans laquelle il intègre des éléments propres à son univers étrange et organique.
Dans Caprice, il dévoile une trentaine d'illustrations inédites pensées comme autant de livres potentiels. La force de ses dessins offre ainsi une multitude d'interprétations, et suggère au lecteur d'imaginer l'histoire qui découle de chaque image. On retrouve dans cette série un condensé des thèmes qui parcourent l'ensemble de son oeuvre?: l'adolescence, la métamorphose, les cauchemars ou encore la sexualité, qui sont ici autant de prétextes à la création d'une imagerie mystérieuse et envoûtante. Publié en exclusivité mondiale, cet ouvrage est le premier numéro de la nouvelle collection Kim. -
Jack et Patience filent le parfait amour, malgré quelques problèmes d'argent ils forment un couple harmonieux et comblé par l'arrivée futur de leur premier enfant. Un jour, ce bonheur vole en éclats. Jack rentre du travail et découvre qu'un étranger lui a arraché son fragile équilibre familial. Pour empêcher l'irréparable, Jack fera tout ce qui est en son pouvoir même si pour cela il doit courber l'espace et le temps.
Daniel Clowes signe ici l'une des oeuvres les plus abouties et des plus accessibles de sa carrière. Avec subtilité, il joue avec les codes de la science-fiction pour mieux exprimer les sentiments complexes de ces protagonistes. Fluide et addictive, la lecture de Patience transporte le lecteur dans un tourbillon d'émotions jusqu'au dénouement final, proche du «happy end». Avec une virtuosité incomparable, l'auteur utilise la fiction et les voyages temporels pour mieux aborder des problématiques multiples, la construction de l'identité, la part du secret dans le couple, le deuil, la vengeance et bien sûr, l'amour. Sorte de Retour vers le futur pour adulte, Patience mélange rêves d'enfance et questionnement matures dans un enchevêtrement de rebondissements et une intrigue à couper le souffle.
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Durant la période couverte par ce sixième volume, la production de Yoshiharu Tsuge connaît un nouveau passage à vide. Marqué par la dépression, affaibli par les traitements psychiatriques auxquels il est soumis et fatigué par les efforts que lui demande la bande dessinée, Tsuge est bien décidé à renoncer à son métier pour devenir antiquaire. Après les trois premiers récits qui ouvrent Désir sous la pluie, il cesse de publier pendant presque trois ans, ne revenant à la bande dessinée qu'en 1984, sur l'insistance de l'éditeur Hiroshi Yaku, qui propose de créer un trimestriel autour de son nom. Tsuge livre des récits moins torturés que dans Saisi par la nuit (oeuvres 1975-1981) et se montre étonnamment régulier. Puisant majoritairement son inspiration dans son enfance et sa jeunesse au dépend des visions oniriques qu'il avait privilégiées les années précédentes, il donne des suites ou des compléments à des histoires publiées par le passé. Mais, fidèle aux principes du Watakushi manga (le manga du moi), il s'attache moins à la réalité des faits qu'à la vérité des émotions. Il se représente sous des identités et des visages changeants, moins soucieux de raconter ses souvenirs que de suivre le fil impressionniste de ses perceptions. Il laisse aussi libre cours au déploiement de ses obsessions sexuelles, brodant sur des bases autobiographiques les motifs récurrents de ses fantasmes. La forme des récits et leur traitement graphique affirment une quête de simplicité entièrement dirigée vers l'expression de la complexité émotionnelle. Tsuge trouve ici sa pleine maturité, quelques mois avant d'entamer L'homme sans talent.
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Connaissez-vous le pêche à la barbe, le caressage de mognoles ou encore le dressage des pijaunes ? Dans Creuser Voguer, Delphine Panique nous invite dans son monde poétique et fantaisiste pour mieux nous parler de la dure réalité des travailleuses saisonnières. À travers dix histoires, imaginées comme des témoignages sensibles, nous suivons les journées harassantes de Plopine, Raoula ou de la jeune Flippa qui ont chacune quitté leur foyer pour un travail de misère le temps d'une saison.
L'imagination fertile de Delphine Panique se met ainsi au service d'une vérité invisible, la précarité économique des femmes, mères de famille ou célibataires, contraintes de s'exiler pour subvenir aux besoins financiers de leurs familles. Avec finesse, l'autrice nous parle de la fatigue subie, de l'ingratitude des tâches, du mal du pays, du manque des siens et de la solidarité qui naît, malgré tout, entre les travailleuses.
De la banquise hivernale au champ estival, le lecteur explore le monde à la fois révolté et poétique de Delphine Panique qui nous invite à la rêverie, à la divagation et au voyage mais aussi à une profonde remise en question de notre hiérarchie sociale, qu'elle soit économique, de genre ou de classe. -
Nous sommes au début des années 1930, dans une petite ville de la côte ouest du Japon.
NonNonBâ, une vieille dame misérable, mystique et superstitieuse, est accueillie dans la famille du jeune Shigeru. Encyclopédie vivante des croyances et légendes populaires de la région, elle abreuve l'imaginaire déjà débordant du petit garçon d'histoires de monstres et de fantômes. Les yôkaï, ces créatures surnaturelles qui peuplent l'univers des hommes, deviennent vite les compagnons de rêverie quotidiens de Shigeru, qui trouve en eux d'excellents guides pour visiter les mondes invisibles.
Si ces voyages l'aident à fuir et à comprendre les émotions parfois compliquées qui naissent dans son coeur, ils embrouillent aussi considérablement sa vie quotidienne: il est déjà bien assez difficile de savoir à qui se fier sans que des monstres bizarres et malicieux viennent s'en mêler... En conjuguant le ton de la chronique et les ambiances fantastiques qui ont fait sa réputation depuis Kitaro le repoussant (également publié aux éditions Cornélius), Shigeru Mizuki livre avec NonNonBô une oeuvre aussi touchante qu'exigeante.
S'inspirant des jours heureux de son enfance, il écrit la partition universelle du temps qui passe, du bonheur éphémère et de l'urgence de vivre, laissant à ses lecteurs le souvenir impérissable des rivages de Sakai-minato et réveillant pour chacun d'eux les accords précieux des nostalgies les plus intimes.
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Le mangaka évoque les difficultés du métier à travers sa propre expérience. Il raconte ses années de galère pour percer dans le milieu, son retour en Nouvelle-Guinée et la nostalgie du bonheur dans un Japon en pleine expansion économique et culturelle.
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Tout commence par un arbre terrassé par le vent, puis des notes de guitare sur un air manouche, de l'herbe pailletée par les cendres, une réunion de gueules cassées, l'infinie recherche de la courbe parfaite... Ludovic Debeurme rassemble ses multiples souvenirs pour réaliser un autoportrait tout en nuances.
Avec une grande douceur, il retrace son histoire, celle de ses parents et de ses grands-parents pour explorer la notion de filiation dans tout ce qu'elle a d'immuable et paradoxalement de changeant. Au fil des pages, il recrée des liens avec sa généalogie mais aussi avec le monde qui l'entoure jusqu'à développer une vraie conscience de l'écosystème avec lequel il cohabite.
Le temps paraît malléable, Debeurme laisse libre cours à ses pensées qui se déversent dans des compositions fluides et dansantes. Il nous propose un véritable retour aux sources, à l'essence même de l'être humain, porté par ses traits épurés où la force de la ligne s'exprime avec vigueur. En replongeant dans son histoire familiale pour recomposer les fragments de son identité, Ludovic Debeurme offre une autobiographie sensible et puissante qui soulève la question de la transmission et de l'héritage informel. Tout en finesse, il convoque en chacun de nous une question universelle : quelle part de notre identité doit-on à nos parents et comment nous en affranchir ? -
Le succès sans commune mesure de la bande dessinée au Japon, son ancrage dans la société, sa forme unique et ses thèmes de prédilection, s'expliquent une fois placés en regard de l'Ere Showa (1926-1989). Les biographies des pionniers du manga, de Vie de Mizuki de Shigeru Mizuki à Une vie dans les marges de Yoshihiro Tatsumi, témoignent autant de l'explosion d'un art populaire que de cette période parmi les plus complexes de l'histoire du Japon.
La Vie de Mizuki rappelle qu'en un peu plus d'un siècle, cet archipel presque exclusivement constitué de villages de pêcheurs s'est mué en l'une des plus grandes puissances industrielles mondiales. Entre-temps, un élan de modernité et de nationalisme a emporté ses hommes vers la guerre, avant de rapatrier les survivants sur une terre occupée, en perte d'identité, en marche d'industrialisation forcée, démunie de son armée et de son besoin de produire de l'énergie.
Cette société qui n'aurait plus besoin de se défendre ni de se nourrir allait accoucher d'une forme d'expression naturellement enfantine, mais d'une richesse indéniable : le manga. Shigeru Mizuki, cet artiste qui a ressuscité le goût du folklore au Japon, incarne plus que quiconque cette édifiante réaction artistique face au poids de l'Histoire : celle d'un homme qui a perdu un bras au combat et rentre dans son pays pour donner vie à un courageux fantôme à qui l'on a volé un oeil.
Récit d'un destin hors du commun, témoignage unique sur la mutation d'un monde, Vie de Mizuki est une extraordinaire fresque romanesque qui embrasse un siècle de chaos et d'inventions.
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Le quotidien d'un groupe d'adolescents est chamboulé lorsque deux jeunes filles sont retrouvées un matin, sauvagement assassinées aux abords du lycée. La présence de la police empêche Pola de dealer autour de l'école, le discret Daniel a des pulsions de plus en plus morbides, et la populaire Laurie commence à se remémorer des souvenirs traumatisants. La vie de la petite bourgade est très vite rythmée par les flashs télévisés et la rumeur d'un dangereux meurtrier armé d'une batte se propage rapidement dans la ville. La fin des cours approchant, l'avenir semble incertain, pourtant chacun veut préserver l'illusion d'une éternelle insouciance. Mais le mal est pourtant bien là, dissimulé sous leurs yeux...
Véritable hommage au cinéma de genre américain, L'Entaille nous plonge dans le quotidien d'une petite ville de bords de mer dont la tranquillité est soudainement rompue pars l'arrivée d'un tueur en série. On y retrouve ainsi tous les codes du slasher ou du teen movie qui sont ici habilement adaptés en bande dessinée. Les planches, entièrement réalisées au crayon papier, provoquent un sentiment d'irréalité proche du rêve éveillé et nous baignent instantanément dans une ambiance feutrée.
Avec L'entaille, Antoine Maillard signe un récit initiatique contemporain où les adolescents quittent subitement le monde préservé de l'enfance pour affronter un univers d'adulte, inconnu et menaçant. Ainsi, l'intrigue centrale met en exergue les états d'âme juvéniles des personnages, leurs doutes et leur mal-être quotidien, dans des moments introspectifs qui renferment une forme de poésie.
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Un moustique qui pique un crocodile, un jeune garçon qui souhaite que sa vieille mère quitte son quartier violent, des coccinelles qui font de la balançoire, un distributeur de savon liquide dépressif et un bousier qui fête son anniversaire?: les histoires courtes et saynètes présentées dans Anti Reflux forment un univers fantasmagorique et mignon, d'où émerge peu à peu une réalité crue.
À travers une série d'histoires courtes articulées autour d'un récit principal, David Amram convoque l'imagerie des cartoons des années 1930 pour nous entraîner dans son monde candide et angoissant. Tout en jouant de cette opposition entre un style naïf et des sujets oppressants, son travail évoque l'esthétique de Placid et Muzo ou de Jim Woodring agrémenté d'une bonne dose d'absurdité. Son trait, affirmé et énergique, procure un rythme dynamique à l'ensemble et accentue le rapprochement avec les dessins animés du début du XXe siècle. -
Francis Tome 3 : Francis cherche l'amour
Jake Raynal, Claire Bouilhac
- Cornelius
- Delphine
- 29 Août 2013
- 9782360810727
Depuis le premier tome des aventures de Francis, les adeptes du Blaireau Farceur se sont multipliés comme des hamsters.
Dans ce troisième opus, notre ami est de retour dans la campagne, mais en chasse, cette fois. Une quête ingrate et passionnée.
Et toujours une nouvelle édition considérablement augmentée.
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Amoureux transi d'une Amérique fantasmée, Hugues Micol poursuit - pour notre plus grand plaisir - sa réapropriation d'une culture populaire qui a bercé sa plus tendre enfance. Après les bandits dans Providence, puis les cowboys dans Whisky, c'est au tour des super héros de passer par la prodigieuse moulinette graphique du Maître. Surgissant des aplats de gouache et d'aquarelle de Hugues Micol, les surhommes se prennent les pieds dans la cape et les corps se déforment jusqu'au baroque dans des représentations captivantes qui oscillent entre hommage et ridicule. À l'image de leur adulateur, les idoles ont mûri et laissent désormais transparaître quelques signes de relâchement. Jouant de la caricature, Micol altère, accentue, exagère, tord la représentation de ces icônes pour mieux s'amuser de leurs particularités. Les aplats de couleurs, caractéristiques de l'esthétique des comic books, s'effacent pour laisser place à l'abstraction et à la spontanéité.
Plongés dans des décors splendides, les super-héros de Hugues Micol se contemplent dans la grandiloquence de leurs imperfections. -
D'où viennent les étranges dessins rassemblés dans ce non moins étrange ouvrage?? Certains prétendent qu'ils auraient été dessinés par une certaine Prody Pierce à partir de carnets de notes et d'esquisses trouvés dans une mystérieuse malle. D'autres supposent qu'il s'agirait d'une rocambolesque histoire de plagiat entre deux artistes rivaux. Une autre rumeur affirme quant à elle que ces représentations serviraient simplement de support d'interprétation à l'usage de psychologues déjantés...
À l'instar d'un trésor antique exhumé sur le site archéologique d'une civilisation disparue, cette série d'illustrations conserve tout ses secrets. Plus personne ne parle désormais l'énigmatique langage qui se déploie au fil des pages. Les individus préservent leur anonymat, les scènes leur impénétrabilité.
De l'ensemble naît un monde flottant, une ambiance feutrée au goût d'entre-deux qui n'aurait rien à envier au tableaux de Magritte ou aux dessins de Topor et de Bill Plympton. Dans ce microcosme vaporeux où les corps se déforment et se mystifient, il faut accepter d'abandonner son bon sens pour savourer l'imposture. -
Francis Tome 1 : Francis, blaireau farceur
Jake Raynal, Claire Bouilhac
- Cornelius
- Delphine
- 29 Août 2013
- 9782360810703
Une véritable ode à la nature : Francis, blaireau mâle de forte taille et de caractère impulsif, vit la nuit et se promène dans la campagne dans la journée.
Les conséquences de cet acte inconsidéré sont toutes présentes dans ce livre instructif.
Nouvelle édition considérablement augmentée.
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Francis Tome 2 : Francis veut mourir
Jake Raynal, Claire Bouilhac
- Cornelius
- Delphine
- 29 Août 2013
- 9782360810710
Les auteurs poursuivent leurs expériences sur les animaux : poussé à bout, éreinté par les multiples péripéties de son destin farceur, Francis le Blaireau a décidé de se suicider.
On lira ses difficultés à y parvenir et à mener une vie normale ensuite.
Encore une nouvelle édition considérablement augmentée.
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Amoureux des contes populaires et du merveilleux qui s'infiltre dans les interstices du quotidien, Shigeru Mizuki a placé les yokai, ces êtres surnaturels qui peuplent les coulisses de notre monde, au centre d'une création qui oscille constamment entre fantastique, humour et poésie.
Immensément populaire au Japon, où pas un enfant ne grandit sans dévorer ses aventures, Kitaro le repoussant est le héros emblématique d'une oeuvre qui se penche sur les monstres pour mieux parler des hommes. Sa description fait dresser les cheveux sur la tête : ultime descendant d'une tribu de morts-vivants, Kitaro est né borgne, en rampant hors de l'utérus du cadavre de sa mère, condamné à errer dans un monde qui ne veut pas de lui ! Pourtant, loin du tragique étouffant que laisse présager ce funeste résumé, Kitaro le repoussant est une série délicieuse. Les tribulations de ce gamin chargé de résoudre les conflits opposant les humains aux yokai sont un plaisir rare mariant subtilement la noirceur à la légèreté.
Dans ce premier volume des Voyages de Kitaro (dont le second et dernier tome paraîtra au mois de mai), notre héros prend le large et embarque à bord d'un modeste radeau pour découvrir de lointaines contrées inexplorées. Accompagné par ses fidèles amis Ratichon et Papa oeil, Kitaro devra faire preuve d'ingéniosité et de malice pour désamorcer les situations rocambolesques dans lesquelles les yôkai savent si bien plonger les humains.