Des lois Ferry aux 80 % d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat, la République s'est bâtie sur la promesse de la démocratisation par l'école.
Mais la bourgeoisie s'est toujours réservé, à l'aide de barrières plus ou moins masquées, un accès privilégié à la réussite scolaire et sociale. C'était vrai du temps où le latin et le baccalauréat n'appartenaient qu'à quelques-uns. L'allemand ou les mathématiques ont pris la relève. Les classes prépas restent à peu près aussi éloignées de l'université, dans leur recrutement et leurs débouchés, que jadis le secondaire du primaire supérieur. Et l'enseignement privé, qui n'a presque plus rien de catholique, est l'arme décisive d'une ségrégation qui ne dit pas son nom.
Tout cela est inévitable : il y va de la liberté des parents. Si du moins la bourgeoisie de gauche n'ajoutait à ses stratégies scolaires le cynisme ou la naïveté qui consistent à vanter l'école laïque - pour d'autres enfants que les siens. L'hypocrisie scolaire est de ces maux, parmi les mieux partagés, qui blessent au plus profond la République.
Le long XX siècle apparaît bien comme le siècle des excès, celui des contradictions et des confrontations, des extrémismes et de la science, de la croissance et des crises.
La 1 partie embrasse l'ensemble de la période pour montrer la continuité et les évolutions lentes dans certains domaines comme l'économie, la culture et la religion.
La 2 partie se concentre sur les affaires internationales, mêlant approche chronologique et thématique.
La 3 partie s'intéresse plus particulièrement aux affaires françaises.
La 4 et dernière partie adopte une démarche régionale (colonisation, construction européenne, etc.) Chaque exposé équilibre faits et analyses, en prenant soin d'identifier les problématiques permettant de construire une analyse personnelle. Chaque chapitre comporte une chronologie des dates essentielles, des cartes, des paragraphes d'approfondissement, des orientations bibliographiques et des propositions de plans étoffés en corrigés de sujets donnés à titre d'exemple.
Voici une contribution à ces fabriques de l'identité dont le XIXe siècle a été si prodigue. Les huguenots, sortis très affaiblis des siècles de persécution (ils ne représentent plus que 2% de la population), mais toujours là, peuvent puiser dans leur histoire des titres de durée, de légitimité, d'enseignement et de «gloire».
Ces protestants français deviennent des spécialistes de la commémoration, de la fabrique de lieux et de mots de mémoire, de musées, mais aussi de héros et d'héroïnes (toujours victimaires, mais nous savons, en France, que les vaincus sont autant des fondateurs que les vainqueurs). Ce faisant, ils transforment l'identité du groupe: elle n'est plus seulement religieuse, comme c'était le cas depuis trois siècles; elle devient historique, mémorielle, culturelle. Elle est de plus en plus déconnectée de la pratique et de la croyance, voire de l'endogamie, et capable de se transmettre sur des générations.
C'est aussi un produit de la sécularisation de la société française que cette «huguenotisation» des protestants, ou leur transformation en «protestants de mémoire». On peut avancer qu'elle a contribué à sauver le protestantisme français, qui aurait probablement connu plus de difficultés à survivre dans la société pluraliste globalisée s'il n'avait été qu'une différence religieuse.
De 1940 à 1944, quelques centaines de juifs sont venus s'installer ou séjourner dans les Cévennes, entre Gard et Lozère. Vallées et montagnes les ont presque tous sauvés, malgré les rafles, la gendarmerie puis les troupes et polices d'occupation. Juifs français et étrangers, antinazis allemands, enfants isolés et familles entières ont trouvé ici l'asile et le salut. Ils le doivent à une géographie tourmentée et à la culture historique de la population cévenole: les descendants des Camisards, habitués à tenir tête à l'État oppressif, ont ouvert aux juifs les portes de leur pays de schiste, de Bible et de mémoire.
Ce livre est la première synthèse sur l'une des plus belles pages de la rencontre entre juifs et non juifs dans la France de Vichy.
Dora Rivière (1895-1987) est née à Saint-Étienne. Médecin, elle part en Pologne de 1922 à 1923 soigner des étudiants à Varsovie.
Dès 1940, elle entre en résistance dans le mouvement Combat.
Elle aide résistants et réfractaires au STO à se cacher sur le plateau du Chambon-sur-Lignon. Elle y héberge des juifs et contribue à en faire passer en Suisse.
Arrêtée sur dénonciation, en octobre 1943, elle est déportée au camp de Ravensbrück de février 1944 à avril 1945.
Affectée à l'infirmerie, elle s'est efforcée de venir en aide à ses compagnes. Son témoignage inédit est publié ici.
À son retour du camp, elle poursuit son action humaniste.
Dora Rivière a été reconnue Juste parmi les Nations en 2011.
Ce livre est le premier qui lui soit consacré : de Saint-Étienne et du Chambon-sur-Lignon à Ravensbrück, il donne à lire le parcours singulier d'une femme engagée dans l'histoire tourmentée de l'Europe au XXe siècle.
En lien avec les musées du protestantisme de France et de Genève, l'historien Patrick Cabanel a sélectionné des oeuvres, tableaux, gravures, photographies et autres objets qui sont prétexte à évoquer les grandes pages de l'histoire du protestantisme français. Bien plus qu'une histoire illustrée, ce livre est d'abord celui d'une découverte. Jamais il n'y a eu de beau livre sur le protestantisme, confession iconoclaste qui a fait au XVIe siècle une véritable guerre aux images. Paradoxe ?
C'est pourtant avec les illustrations majeures présentées ici que s'est forgée l'identité protestante française. Beaucoup plus que des images, elles montrent dans une fascinante mise en perspective comment histoire et mémoire se sont façonnées et construites. Le protestantisme français porte une histoire de résistance et de conquête de la liberté qui, bien au-delà de la France, a marqué l'Europe.
Voici un livre qui s'ouvre comme un album de famille, avec ses joies, ses peines, ses erreurs, ses souvenirs enfouis, ses oublis, ses moments glorieux, mais aussi sa constance et sa fidélité : une réflexion sur le monde, qui continue de s'écrire.
« À quoi servent les livres ? Je me pose souvent la question, pour en avoir plaisanté avec une série de maçons cévenols. L'après-midi dont j'ai fait le récit montre la vie virevoltante que parfois les livres génèrent. Ils poursuivent une conversation, un tissu, là où la violence et la mort ont déchiré et fait taire. C'est sans doute beaucoup leur prêter ou leur demander : mais ici, à ce miracle infime dans lequel pourtant crisse la joie, à cette histoire d'amour qui réunit les vivants et les morts, un livre a vraiment contribué ».
Le récit de deux rencontres avec les descendants de juifs ayant habité en Cévennes durant les années sombres, sur les lieux de leur séjour.
Perché à 1000 mètres d'altitude, non loin du bourg du Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire le Coteau Fleuri était avant-guerre une vaste maison de villégiature. Mais en mai 1942, la Cimade, jeune association protestante d'aide aux réfugiés, loue ces trois bâtiments à une toute autre fin : il s'agit d'accueillir des hommes, femmes et enfants sortis, légalement, des camps d'internement de Vichy. Quelques Espagnols et surtout des juifs allemands quittent Gurs, Rivesaltes, Le Récébédou, Les Milles, pour le refuge sur la montagne.
Patrick Cabanel fait partager le quotidien de ces quelque 180 reclus qui réapprennent à vivre, libres mais menacés, et dont beaucoup seront ensuite exfilrés. Il raconte les espoirs, les défaites, les peurs et les rencontres. Une histoire d'héroïsme tranquille et de résistance spirituelle qui n'est pas exempte d'ambiguïtés voire de frictions entre des personnalités et des croyances diverses, mais que le Coteau fleuri va unir à jamais.
Dans l'Allemagne nazie. L'Europe occupée, la France de Vichy, les principaux lieux et médias d'une expression publique libre ont été supprimés, contrôlés ou pervertis. C'est dans ce contexte qu'une parole courageuse est portée par nombre de pasteurs en France. A l'occasion du soixante-dixième anniversaire de la déclaration de l'Église réformée de France, invitant, en 1942, à secourir les juifs persécutés, Patrick Cabanel nous propose de (re)découvrir 9 prédications de résistance prononcées dès 1940. Au-delà du discours religieux et de son vocabulaire, inhérent à la nature de ces textes, ces voix revêtent une force, une audace et un courage qui, inscrits dans la durée, font oeuvre de Résistance active tout autant que spirituelle. A Lyon, en 1941 et 1942, les résistants Berty Albrecht et Henri Frenay assistaient aux cultes de Roland de Pury : "Quelle joie était-ce pour nous que d'écouter cet homme dire à haute voix devant un nombreux auditoire, et en termes à peine différents, ce que nous écrivons dans nos feuilles clandestines". Ces voix suscitèrent de nombreux engagements. Après avoir mis en perspective l'ensemble de cette résistance si particulière, l'historien Patrick Cabanel, qui a consacré une partie de son oeuvre aux relations entre protestants et juifs, accompagne chaque texte d'une biographie de son auteur ainsi que d'un rappel du contexte dans lequel il a été prononcé.
Les protestants français, les huguenots, formaient 10 % de la population en 1560, 2 % à partir du XVIIIe siècle. Aujourd'hui, ils représentent un peu plus avec les évangéliques. Leur histoire a été celle d'un échec, puisque la patrie de Calvin n'est pas devenue protestante. Mais elle a dû apprendre à vivre avec une minorité tenace, riche d'élites, enracinée dans des villes phares - La Rochelle, Montauban, Nîmes - et des sanctuaires ruraux - les Cévennes, le Vivarais, le Poitou. Ce long apprentissage du pluralisme religieux a marqué la nation, avec ses avancées (l'édit de Nantes) et ses reculs (la Révocation). Les protestants ont subi une violence multiforme et séculaire, et beaucoup d'entre eux ont choisi de quitter la France : leur diaspora a compté en Europe et en Amérique. Les autres ont fait de ce passé tragique le coeur d'une identité douloureuse et fière. Mais ils ont également connu le bonheur, surtout depuis 1789 et leur réintégration. Renforcés par leurs coreligionnaires de Mulhouse et les luthériens d'Alsace et de Montbéliard, ils ont contribué à fonder l'État et la société modernes, notamment au moment d'établir la laïcité républicaine. Leur influence a été disproportionnée, et reste parfois forte comme dans l'industrie (Peugeot, Hermès ou Seydoux), la politique (Rocard, Jospin) ou la culture (Gide, Ricoeur, Godard). Dans cet ouvrage appelé à faire date, Patrick Cabanel nous raconte l'histoire d'une minorité qui n'a cessé d'interroger la nation et d'infléchir son destin : une autre histoire de la France, en quelque sorte.Patrick Cabanel est professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Toulouse-Le Mirail et dirige la revue Diasporas. Histoire et sociétés. Il a publié notamment Histoire des Cévennes (PUF), Les protestants et la République (Complexe), Le Dieu de la République. Aux sources protestantes de la laïcité (1860-1900) (PUR), Juifs et protestants en France, les affinités électives XVIe-XXIe siècle (Fayard).Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre
Y a-t-il eu, face aux juifs, des chrétiens différents, capables de s?extraire plus vite de cet antijudaïsme pluriséculaire dont on sait qu?il a frayé la voie à l?antisémitisme dans l?Allemagne luthérienne comme dans la France catholique ? Il semble que ce fut le cas des protestants français. Calvin a été le premier à parler autrement des juifs et de leur salut et, en dépit d?exceptions, ses héritiers l?ont suivi, parfois sous les traits d?un millénarisme philosémite.
L?histoire a fait le reste. Marquée par les tribulations, l?exil et la fidélité, elle a rendu les huguenots français, nourris de l?Ancien Testament, exceptionnellement proches des juifs. Les deux minorités se croisaient dans le Livre, dans la diaspora européenne, dans la modernité. La Révolution française a fait des uns et des autres des citoyens de plein droit, la République laïque les a vus actifs dans plusieurs de ses chantiers. Expérience unique de judéo-protestantisme, que les antisémites et les maurrassiens ont violemment dénoncée. Les protestants ont été dreyfusards. N?avaient-ils pas eu leur affaire Calas ? De même, pendant les années noires, les replis secrets des Cévennes ont accueilli par centaines les nouveaux parias de Vichy, tandis que l?Eglise réformée rappelait publiquement la solidarité des chrétiens et des juifs. Il y a désormais une mémoire partagée, même si le conflit israélo-palestinien est venu troubler les choses.
Ce sont ces affinités électives entre deux minorités situées tantôt à la périphérie, tantôt au coeur de l?histoire de France, que ce livre a entrepris de décrire.
Histoire des Justes en France 3300 Français ont reçu le titre de Justes, sur près de 24 000 Européens - un sur sept. Le titre, décerné après enquête par l´institut israélien Yad Vashem, récompense ceux qui, n´étant pas juifs, ont sauvé au moins un juif au cours de la Shoah. Qui sont ces hommes et ces femmes ? On les a longtemps tenus pour des héros inconnus, voire anonymes, et la plupart le sont restés. Mais, depuis 2000, le 20 juillet est une journée d´hommage aux Justes de France et, en 2007, ils sont entrés au Panthéon. La France avait longtemps tiré fierté des résistants en armes, avant de réapprendre le poids de l´antisémitisme et de l´égoïsme dans les années 1940 : elle découvre aujourd´hui les Justes, dont la résistance a été civile, pacifique, humanitaire - et, souvent, spirituelle. Ils tiennent dans notre mémoire collective une place qui ne doit pas occulter la tragédie de la Shoah, mais rappelle qu´une autre France, aux côtés de celle de Vichy, a existé, forte de valeurs universalistes. Ce livre propose un portrait collectif des Justes. Certains ont été des héros solitaires, d´autres étaient portés par des milieux et même des lieux à forte personnalité. C´est peut-être la leçon de ce livre : dans la banalité du bien comme du mal, les hommes, au moment du choix, sont à la fois seuls et enserrés dans une multitude de liens. Patrick Cabanel est professeur d´histoire contemporaine à l´Université de Toulouse-Le Mirail et dirige la revue Diasporas. Histoire et sociétés. Il a publié notamment Juifs et protestants en France, les affinités électives XVIe-XXIe siècle (2004), Cévennes. Un jardin d´Israël (2004), Chère Mademoiselle... Alice Ferrières et les enfants de Murat, 1941-1944 (2010), et a codirigé Cévennes, terre de refuge, 1940-1944 (1987).
Au début des années 1970, Jean-Pierre Chabrol écrit Le Crève-Cévenne qu'il sous-titre "les chants désespérés". L'ouvrage symbolise le cri d'un pays qui se meurt dans l'indifférence générale. Quarante ans plus tard, les mas sont restaurés, des écoles rouvertes, des espaces à nouveau conquis. Dynamiques, volontiers novatrices, les Cévennes du début du XXIe siècle offrent le visage d'une renaissance. Elles le doivent en partie à un renouveau démographique dont Philippe Joutard avait entrevu l'élan dès la fin des années 1970. En 2011, le Club Cévenol a organisé un colloque sur les nouvelles populations des Cévennes. De là est née l'idée de cet ouvrage. Chaotique, irrégulière, composée de strates disparates, la mutation démographique s'est accompagnée d'initiatives durables et originales, en particulier dans les domaines agricole et touristique. Les Cévennes ne sont pas mortes. Mais "la Cévenne" existe-t-elle encore ? Dans ce pays à l'identité plus culturelle que géographique, élevé dans l'idéal républicain et laïque, "terre de refuge" et de tolérance, l'apparition du vote Front National a été un choc.
Dans une approche vivante et à plusieurs voix, deux historiens, Patrick Cabanel et Pierre Cornu, trois géographes, Laurent Rieutort, Josselin Tallec, François Taulelle, et une anthropologue, Françoise Clavairolle, mettent en perspective l'histoire récente des Cévennes pour mieux appréhender les défis du territoire en ce début de XXIe siècle.
23 août 1942 : dans une France terrassée par les connivences et les silences, une voix s'élève. Celle de l'archevêque de Toulouse, un homme âgé, infirme, mais que la déportation des juifs à partir des camps situés à la périphérie de la ville a bouleversé. Il fait lire par les prêtres de son diocèse une lettre pastorale au début de la messe dominicale. Le texte est court, à la portée de toutes et de tous. « Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes. Tout n'est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes. » Ce cri dans le silence vichyssois a contribué à changer les choses - et à sauver l'honneur.
Mireille Cooreman a grandi dans un milieu très religieux, avec un père pasteur. Etudiante, elle épouse un jeune professeur de droit, André Philip, qui deviendra député du Front Populaire puis ministre sous la IVe République. Mais dans l'été 1942, recherché par Vichy, il rejoint de Gaulle à Londres.
Restée seule au Chambon-sur-Lignon, Mireille Philip donne toute sa mesure de rebelle tranquille : elle aide de nombreux juifs à passer clandestinement en Suisse, grâce aux contacts qu'elle a noués sur la frontière avec des prêtres et des couvents. Elle transporte pour la Cimade des listes secrètes de juifs à sauver ; puis elle entre au service de la Résistance classique. A la fin des années 1950, elle milite en faveur de l'indépendance de l'Algérie avec sa fille et son gendre Francis Jeanson.
Elle n'a jamais voulu évoquer ses années de guerre ; ce livre est le premier à mener l'enquête sur cette femme qui aura transgressé les frontières.
Ami de Jules Michelet, mais aussi de Victor Hugo, de George Sand, de Frédéric Mistral, Alexis Muston (1810-1888) fut l'historien et le passeur de mémoire des vaudois, cette infime minorité religieuse des Alpes, qui a opté pour le protestantisme au XVIe siècle. Lui-même, également poète, pasteur, médecin, dessinateur, géologue, botaniste, entomologiste, journaliste, a dû s'exiler, de Bobbio Pellice (Italie) à Bourdeaux (Drôme).
Mise en lumière du rôle des protestants pendant la Seconde Guerre mondiale et leur engagement aux côtés de la population juive.
Ferdinand Buisson (1841-1932), Prix Nobel de la Paix en 1927, a eu une très longue carrière religieuse, pédagogique et politique. Elle a fait de lui l'un des hommes les plus importants, et aussi les plus méconnus, de l'histoire de la France contemporaine. On le dit le « numéro deux » de la laïcisation scolaire, au début des années 1880, derrière Jules Ferry. Il a également été à l'origine de l'une des grandes aventures encyclopédiques du siècle, le Dictionnaire de pédagogie (1878-1887). Le pédagogue est entré ensuite en politique, pour prendre une part décisive dans la bataille contre l'Eglise catholique et pour la Séparation. Fidèle sa vie durant à ses engagements de jeunesse, une gauche aux épithètes multiples, religieuse, pédagogique, politique et pacifiste, ce protestant passé par l'expérience de la Suisse ou des Etats-Unis peut être tenu pour le père de la France laïque .
Après un volume inaugural sur les cévennes en 1998, les itinéraires protestants en languedoc poursuivent la première exploration systématique du protestantisme dans la région, en se consacrant au département du gard.
L'équipe, réunie pour le présent ouvrage, a travaillé avec les mêmes principes de rigueur et d'ouverture qui ont fait le succès du précédent. un balayage chronologique très large - des prémices de la réforme aux réalités actuelles - permet de traiter les guerres de religion au xvie siècle, les campagnes de rohan au xviie la révolte des camisards et la période tragique et glorieuse du désert au xviiie, aussi bien que les restaurations du xixe siècle et le rôle des protestants dans notre siècle, en particulier durant la résistance, afin d'inscrire les paysages, les monuments et les hommes dans une histoire cinq fois séculaire.
Un découpage par grandes aires naturelles nous fait découvrir cet espace gardois, lieu privilégié du protestantisme français, oú il n'est guère de village sans son temple. le lecteur partira du piémont cévenol (ganges, sumène, saint-hippolyte-du-fort, sauve, quissac, saint-ambroix), parcourra les collines pierreuses et les plaines de la lussanenque, de l'uzège, de la gardonnenque, de la vistrenque, de la camargue et de la vaunage.
Il s'arrêtera plus longuement dans trois villes qui, chacune, ont joué un rôle particulier dans l'histoire protestante et régionale : alès, qui fut au coeur de la révolte camisarde et de la répression ; uzès, oú, d'abauzit aux gide, s'est écrite une page de l'histoire culturelle de l'europe ; nîmes, enfin, la " genève française ", capitale du protestantisme méridional, par-delà toutes les vicissitudes de l'histoire.
Coordonné par patrick cabanel, ce volume, fruit de plusieurs années de recherches, réunit de nombreux spécialistes. un ouvrage de 512 pages, avec près de 600 documents en couleurs et noir et blanc, cartes et plans de visite, une bibliographie et un index des noms de lieux et de personnes.
la séparation des eglises et de l'etat a cent ans.
elle est considérée comme un trait essentiel de la laïcité à la française : l'etat a cessé de reconnaître et de subventionner les cultes, mais il en garantit le libre exercice et assure la liberté de conscience. née clans la douleur et les affrontements, la loi de 1905 a finalement été acceptée par l'eglise catholique et a donné à la france ce durable apaisement religieux dont elle était en quête depuis la révolution française.
cette pièce de notre patrimoine est pourtant mal connue, dans son contenu aussi bien que dans ses origines, son application, sa capacité à répondre aux défis du xxi siècle. ce petit livre souhaite répondre à ces multiples questions.
Au printemps 1941, commence pour Alice Ferrières une aventure à la fois extraordinaire et « banale » qui ne prendra fin qu'à l'automne 1944. Alice Ferrières (1909-1988), issue d'une famille protestante des Cévennes, est professeur de mathématiques au collège de jeunes filles de Murat, dans le Cantal. Scandalisée par le second Statut des Juifs, elle décide d'apporter son aide aux victimes de l'antisémitisme de Vichy. Alice envoie tout d'abord lettres et colis à des professeurs juifs français victimes du Statut, souvent des Alsaciens, puis à des Juifs étrangers assignés à résidence ou internés dans les camps de Gurs, Noé, Rivesaltes, La Guiche. De véritables amitiés se nouent, que la déportation vers Auschwitz est parfois venue briser net. Le 6 janvier 1943, son soutien aux Juifs prend une tout autre dimension. Arrivent à Murat les premiers enfants ou adolescents qu'il s'agit de cacher dans les collèges de la ville ou dans des familles paysannes des environs. Alice travaille dès lors en étroite collaboration avec les jeunes assistants des oeuvres juives de secours et de résistance. Sa maison ne désemplit plus, il s'y tient même des cours de religion et de sionisme...Mémorialiste scrupuleuse - mais inconsciente, une chance pour nous -, Alice a conservé toutes les lettres que ses « protégés » lui ont adressées, ainsi que les copies de des réponses. Elle a également tenu, en 1943 et 1944, un journal dans lequel sont consignées toutes ses activités et rencontres, heure par heure. Les historiens ont parlé de la « banalité du bien » : on peut ici évoquer sa quotidienneté, accessible pour la première fois à travers un rarissime ensemble de notes et de correspondances croisées.