Ce livre propose de découvrir (ou redécouvrir) - depuis ses coulisses - la scène française de l'architecture contemporaine de 1965 à aujourd'hui. Pour chaque date, il propose un éclairage original sur un événement marquant (Mai 68, Mai 81, Banlieues 89...), une personnalité influente (Michel Foucault, Henri Lefebvre, Michel Houellebecq, Jean Nouvel...) ou une réalisation phare (les Halles, centre George Pompidou, tour Montparnasse, pyramide du Louvre, parc de la Villette, Institut du monde arabe...), tout en analysant ses répercussions dans le champ de l'architecture et de la ville.
Ce panorama ludique invite ainsi le lecteur à voyager dans le temps et dans l'espace, à partir de points d'ancrage qui lui sont familiers.
Les textes qui composent cet ouvrage, issus en partie de chroniques publiées dans la revue AMC, peuvent se lire, à l'instar de récits ou de petites histoires, de manière autonome et sans ordre prédéterminé.
Avec la livraison de la Philharmonie de Paris et du Louvre Abou Dhabi, déjà décriée (pour l'une) ou applaudi (pour l'autre), l'année 2015 sera probablement celle du sacre du Prince Jean. Après un demi-siècle d'activité et un nombre de projets réalisés presque aussi considérable que celui des concours perdus, un portrait de « Nouvel l'Ancien », ce tout jeune septuagénaire, appelait forcément à la publication d'un premier essai « libre » - l'auteur n'entretenant aucun lien de subordination avec l'architecte. Car ici réside l'aporie de cette biographie : en se refusant à la fascination, par métier et par vocation, un sociologue doit toujours aimer son objet à bonne distance. Or justement, Jean Nouvel reste un architecte... fascinant. Déjà auteur des Architectes et Mai 68 (2005) et des Architectes et Mai 81 (2011), Jean-Louis Violeau est sociologue et enseigne à l'école d'architecture de Paris-Malaquais où il anime le Laboratoire Architecture Culture Société (ACS).
Avec la livraison de la Philharmonie de Paris et du Louvre Abou Dhabi, déjà décriée (pour l'une) ou applaudi (pour l'autre), l'année 2015 sera probablement celle du sacre du Prince Jean. Après un demi-siècle d'activité et un nombre de projets réalisés presque aussi considérable que celui des concours perdus, un portrait de « Nouvel l'Ancien », ce tout jeune septuagénaire, appelait forcément à la publication d'un premier essai « libre » - l'auteur n'entretenant aucun lien de subordination avec l'architecte. Car ici réside l'aporie de cette biographie : en se refusant à la fascination, par métier et par vocation, un sociologue doit toujours aimer son objet à bonne distance. Or justement, Jean Nouvel reste un architecte... fascinant. Déjà auteur des Architectes et Mai 68 (2005) et des Architectes et Mai 81 (2011), Jean-Louis Violeau est sociologue et enseigne à l'école d'architecture de Paris-Malaquais où il anime le Laboratoire Architecture Culture Société (ACS).
Jean-Louis Violeau se penche sur la destinée des Halles et du plateau Beaubourg qui au lendemain de Mai 68 s'unit dans leur incertitude. Culture et contre-culture y cohabitent pour finalement muter en mille rhizomes. Car au creux des années 1980, Les Halles incarnent ce lieu du possible à réveiller, comme si la situation était encore quotidiennement prérévolutionnaire. Mais comment retrouver l'étrangeté de cette période sous les strates successives que les différents pouvoirs auront cherché à déposer sur ce lieu ? L'auteur de Les architectes et Mai 68 essaie de répondre à cette question en commençant justement à rebours...
C'est une époque, un style, une histoire. Les années 1980, le postmodernisme architectural, la Gauche au pouvoir. Les Grands Projets et Banlieues 89. Le Syndicat de l'architecture et un mouvement en faveur des Ateliers Publics d'Architecture et d'Urbanisme. Les uns en appelaient déjà à la raison, tandis que les autres exaltaient encore la révolution. Le Mai 81 des architectes aura balancé durant au moins deux années entre l'appel au projet et à la construction au sein d'un exercice libéral canonique, et l'attente inassouvie d'un grand chamboulement de la fabrique de la ville qu'auraient probablement suscité la généralisation d'ateliers publics municipaux rassemblant des architectes fonctionnaires. Faire grève contre les fonctions officielles aura été l'un des privilèges de ceux qui étaient jeunes en mai 68 ; 81 sonnera déjà la redistribution des cartes et des positions. Mais si 68 fut une période de remises en question, Mai 81 ne le fut pas moins. Et nous nous serions trompés à nous être laissés aller à penser que les débats et polémiques de l'époque se seraient éteints pour de bon. Comme un symptôme, tous les lauréats français d'un grand projet mitterrandien se sont trouvés engagés d'une manière ou d'une autre en 2008 dans le Grand Paris de Nicolas Sarkozy.
Ce nouvel essai s'inscrit dans le prolongement des Architectes et Mai 68 paru il y a six ans. Il cherche à réactiver et revisiter Mai 81 pour clore peut-être cet entre-deux-Mai qui nous aura tous intensément marqués et aura si profondément redessiné les contours de notre quotidien.
Rarement les ritournelles d'un grand architecte n'auront autant marqué une génération - la nôtre. Le maestro hollandais a certes su conjuguer à la perfection propositions formelles et jalons bibliographiques ; mais c'est par le luxe que le Citizen K vient d'atteindre la consécration auprès d'un public cultivé et mondialisé. Manipulateur décomplexé des signes et des univers culturels, il a eu le don d'exercer sur beaucoup, j'en suis, une espèce de fascination coupable. Il fallait dépeindre un portrait de " Monsieur K " - avec ses moments-clés et ses revirements. Car rappelons-nous ce que Pierre Bourdieu avait dit de Manet : " Qu'est-ce que c'est que ces personnages qui, tout en étant tout à fait in, sont tout à fait out ? C'est cela un révolutionnaire symbolique ".
Être pleinement de son époque empêche de fixer son regard sur elle pour mieux la saisir. Le présent est devenu si envahissant... La crise que nous traversons ne s'accompagne paraît-il d'aucune alternative. Comment la raconter, cette crise ? Elle ne porte pas de nom. Instrument de gouvernance et de normalisation en même temps que principe dialectique, la crise cherche toujours à instaurer sa raison supérieure. On fait semblant d'adhérer au présent, mais une naïveté sincère et grave, une candeur extrêmement sérieuse a disparu. Et pourtant, au fond ça résiste encore un peu. Au vent de l'éventuel, l'Utopie reste un sentiment plus partagé qu'on ne pourrait le croire. Ainsi de tout ce lexique médiatique de l'altérité ou de l'alternative, d'un « autre monde» à la « politique autrement», en passant par une « autre Europe»... Les hommes font l'Histoire parce qu'ils ne cessent de se raconter des histoires face aux injures que le monde comme il va ne cesse de lancer à ce qui y a été rêvé.
Lorsque l'on dit fort communément qu'en matière d'urbanisme et d'architecture les choix ne sont pas l'effet d'une mode mais d'une politique, on oublie généralement de préciser que les choix politiques sont souvent influencés par la mode. Les crises capitalistes s'incarnent physiquement dans les espaces qu'elles produisent. Depuis la chute des utopies, l'architecture se développe, incertaine et contradictoire, dans toutes les directions.
Elle est éblouie par la lumière des projets produits à la chaîne par des starchitectes dessinant une ville globalement faite d'exceptions au point d'en devenir homogène. Et cette grande bousculade d'idées approximatives de dessiner une métropole froide gouvernée souterrainement par le chiffre et les statistiques.
Cet ouvrage, augmenté pour cette réédition d'un avant-propos de l'auteur, porte sur l'Internationale situationniste mise en perspective avec l'Internationale lettriste et les mouvements artistiques et architecturaux anglais. Autant que le cinéma, l'architecture et la Ville furent longtemps au coeur de la pensée et des activités des situationnistes. Situations construites dessine à grands traits le panorama des idées architecturales et urbaines qui accompagnèrent l'idée de situation construite, coeur actif de la pensée de l'Internationale situationniste.
Nous sommes ici tout proches du modèle de la tour imaginée comme un empilement de maisons qui aura traversé tout l'imaginaire des architectes au cours du XXe siècle, de la Maison radieuse toute proche et bien visible depuis les étages, jusqu'aux projets du groupe hollandais MVRDV, en passant par les dessins utopiques du Highrise of Homes des américains de Site.
Ici à Nantes, sur le polder du Pré-Gauchet, l'agence a/LTA aura maîtrisé l'idée jusqu'à sa traduction construite. Elle s'est trouvée confrontée à des problèmes oubliés : une tour de logements, cela faisait si longtemps qu'il ne s'en était pas construit dans la région.
Bâtie sur des alluvions, cette Babel n'a donc rien de dérisoire. Elle ne renie en rien l'histoire du quartier. Elle se charge de le prolonger, entre la Loire et la gare.
Curieuse histoire et proximité inspirante de la petite Amazonie, en partie comblée par les remblais de la Tour Bretagne qui va bientôt fêter ses 40 ans et qui aura. pour 40 ans ou presque annulé toute idée de nouvelle tour à Nantes, énorme pieu fiché en plein coeur de la ville. Michel de Certeau aura été l'un des seuls parmi les sociologues à avoir cherché à retranscrire cette « pulsion scopique et gnostique », ce « plaisir de « voir l'ensemble », de surplomber et « totaliser le plus démesuré des textes humains » qu'il ressentit au sommet du défunt World Trade Center1. Et au 110e étage, Certeau de remarquer sur une affiche cette apostrophe qui condense un sentiment mêlé d'enthousiasme et de dégrisement, celui qu'éprouve chaque piéton un instant changé en visionnaire et puis peut-être aussi celui que portent en elles toutes les tours du monde : It's hard to be down when you're up.
« Agence-époque », Architecture Studio a grandi avec son temps, depuis sa fondation en 1973, en exprimant toujours les grands moments des périodes qu'elle a traversées, qu'ils soient empreints d'espoir ou signes de préoccupation. Les années soixante-dix, l'effervescence du militantisme, le mouvement Mars 76 et la création du syndicat de l'architecture, le contre-concours des Halles, l'élaboration de logements sociaux avec la participation des habitants... Viennent ensuite les années Mitterrand, l'Institut du monde arabe et les grands projets issus de la décentralisation. Dix ans plus tard, le Parlement européen de Strasbourg annonce une mondialisation qui passera d'abord par la Chine et l'Asie avant d'atteindre le continent africain. L'ouverture d'une maison commune à Venise en 2010 ainsi que le scénario et le plan d'une ville verte pour le nouveau centre de Kaboul en Afghanistan marquent le point culminant de cette époque.
Les scènes et les géographies s'y emboitent : d'abord Paris, sa région, puis la France, l'Europe, le monde enfin.
Attentive aux cultures traversées et au diapason des époques, porteuse et portée par elles, Architecture Studio met en forme des programmes et des imaginaires variés. Fondateurs de l'agence, Martin Robain, Jean-François Bonne et Rodo Tisnado, ont voulu ce livre pour transmettre un passé qui nous traverse. Mieux connaître notre histoire dans l'histoire nous rendra toujours un peu plus talentueux.
Société de stars, société de la visibilité ? Certes, existent bel et bien depuis quelques années désormais des starchitectes, mais excepté peut-être un cas bien particulier, nous n'y sommes pas comme dans d'autres univers passé du "mettre un visage sur un nom" au "mettre un nom sur un visage". Tout de même pas encore si célèbres. Les projets des architectes valent toujours plus cher que leur bobine.
Mais le droit d'auteur existe-t-il en architecture ? L'architecte travaille bien pour les autres avec l'argent des autres, alors pourquoi donc s'acharner à parler d'un droit d'auteur à propos d'une "profession artistique" qui conjugue responsabilités immenses et contraintes intenses ?
Dans le réseau toujours électrisé d'attractions et de répulsions qu'éveille un paysage en mouvement, Nantes et son île en particulier apparaissent aujourd'hui à la fois comme un carrefour majeur et comme une étape vers le littoral, au sud et au nord de la Loire, et puis plus loin vers la péninsule, vers la Bretagne.
Dix ans après le lancement de l'aventure, et à l'occasion de la livraison de la première partie des travaux d'aménagement de l'île par Alexandre Chemetoff, le MOOK retrace l'histoire de ce territoire urbain encore en mutation.
Six chapitres correspondent chacun à un thème, une période. Le découpage facilement lisible et strictement chronologique s'organise autour d'un récitfil rouge ponctué de 20 entretiensportraits de personnalités et figures qui ont compté dans l'élaboration et la réalisation du lieu depuis 1985. Quelques interventions graphiques et cahiers photos viennent ponctuer le propos. L'ouverture des chapitres est confiée à un auteur « nantais-décalé ».
D'abord interroger ceux qui travaillent à ce projet métropolitain depuis deux décennies : les architectes et les urbanistes, les politiques éventuellement. Avec un objectif : transmettre la mémoire d'une action et se demander avec eux où demeurent encore à Nantes et à Rennes ces espaces vagues où l'on se prend à se dire, mais oui, qu'il y a un futur. Et puis en passant raconter mes propres aventures métropolitaines, à pied ou en voiture, en invitant les autres, leurs auteurs, à parler de leurs oeuvres en chantier.
Le Campus des métiers relève de la pensée seule, rien ne lui préexistait à cet endroit, mais sa géométrie a su composer avec les contraintes physiques et avec le grand paysage. Le terrain n'y a pas été arasé et c'est le site qui a configuré l'ensemble bâti par l'agence GPAA. Sans détruire, construire l'avenir de générations, c'est l'ambition de ce projet.
Philosophe, sociologue, Jean Baudrillard fut dès les années 70 un penseur de la « dissolution du réel », que la société de consommation aurait substitué par une série de « simulacres ». Connu pour ses analyses de la postmodernité, il décrit la façon dont l'image (d'un objet, d'une oeuvre) apparaît comme plus réelle que l'original. Quel rapport le philosophe a-t-il entretenu avec [le monstre qu'est] l'architecture, lui qui, en 2013, a coécrit, avec Jean Nouvel « Les objets singuliers, Architecture et philosophie » et publié « Vérité ou radicalité de l'architecture » ? Cet ouvrage au ton incisif entreprend d'y répondre au travers d'exemples d'une architecture qui s'affranchit de la nécessité, et de la fatalité du solide - de Disneyland à Europacity - et fait le jeu des starchitectes.
1. - Enfants des années 1980 et nostalgiques des années 1960, s'il fallait retenir trois événements qu'aurait permis Mai-68 et qui auraient réciproquement permis Mai-68, sans hésiter : la prise de parole, si bien restituée par Michel de Certeau pour tous ceux qui n'auront pas vécu Mai : les rencontres hors des temporalités atomisées de la vie quotidienne et le retour de l'Utopie.
Les humains ont la capacité de faire : ils font l'histoire. «Du possible, sinon j'étouffe ! », écrivaient Gilles Deleuze et Félix Guattari en reprenant Kierkegaard, dans un texte, «Mai-68 n'a pas eu lieu ». Mai-68 comme un «phénomène de voyance», voir autant l'intolérable que la possibilité de son dépassement : « le possible ne préexiste pas, il est créé par l'événement. C'est une question de vie.
L'événement crée une nouvelle existence. Il produit une nouvelle subjectivité. » Ce qui donne à l'Utopie sa force paradoxale, c'est le fait que les hommes s'attachent à leurs rêves et souhaitent en général leur réalisation. En ce sens, l'Utopie est essentiellement politique et le futur demeure traditionnellement l'horizon temporel de la critique. De fait, sans le contrepoint de l'Utopie, au nom de quoi, et pour quoi, critiquerions-nous?
2. - Baudrillard penseur de 68? Sans hésiter, probablement le sociologue qui sera le plus longtemps et le plus fréquemment revenu encore et encore sur les «événements». Un lien avec le rapport particulier qu'il entretenait avec la notion d'événement. Évident, mais pas seulement. Probablement aura-t-il depuis 68 toujours cherché à comprendre comment et pourquoi l'aliénation avait-elle changé de lieu.
Utopie ne s'écrit pas au futur, est le titre d'une affiche-article publiée par la revue éponyme. Pas au futur. Et pourquoi donc? Parce que l'on avait, d'une certaine manière, déjà fait son deuil du lendemain dans Utopie ? Depuis longtemps désormais, Jean Baudrillard, le premier, pense volontiers au surlendemain plutôt qu'au lendemain. Obsolescence générale, au-delà de la fin, mots-clés d'Utopie. Franchir le pas du lendemain répondrait-il à un surcroît de lucidité ?
Un franchissement plutôt qu'une résolution dialectique des contradictions, vers un au-delà de la barrière du temps, voir les choses d'après la fin. Une radicalisation de l'Utopie plutôt qu'un renouvellement de l'Utopie. Si l'Histoire tout à coup prenait fin, ou en tout cas abordait une extrémité stagnante, le sursaut serait-il envisageable ? Épuisement des fins, surabondance des moyens, absence de contradictions, social-mondialisation dépressive, « en-temps-réel », actualisation sans passé ni futur, performance permanente. Saturation ? Liquidation.
La réversion critique. Un seuil critique, un sursaut qui serait alors autre chose que de l'Histoire, une nouvelle filière d'événements, des événements hérétiques, subversions du jeu et de la règle du jeu plutôt que « révolutions », plus de discours de prévisibilité, de prospective, encore moins de vérité, pas d'échéance probable, un futur incertain, c'était ça la revue Utopie.
3. - CQFD? Regardez autour de vous le sans-futur, le non-critique, la disparition des songes, des rêves, de l'utopie, donc du politique.
Sous la règle, toujours dénoncer l'abus : s'il fallait résumer l'esprit qui guida ce projet urbain sur 25 années, c'est du côté de chez Brecht revu par Roland Barthes qu'il faudrait aller chercher.
Cette vigilance décapante s'est manifestée aussi bien sur les grands axes (si l'on excepte. le Mail) que sur les cheminements plus intimes ou les jardins ouverts au coeur des îlots de la Mabilais.
L'agence nantaise Barré Lambot (Philippe Barré et Agnès Lambot) a été créée en 1999. Elle a réalisé de plusieurs projets dans le cadre de l'aménagement de l'Ile de Nantes (logements, bureaux) et dans de nombreuses régions pour des équipements publics et projets d'urbanisme (Bretagne, Pays de la Loire et au-delà).
Elle prône « une architecture silencieuse » (citation de Patrick Berger) en privilégiant une insertion particulière de l'architecture dans son environ
À Rennes, depuis la fin du printemps 2019, le Cours des arts rassemble dans un lieu original des populations ordinairement dispersées, des vieux et des jeunes, des riches et des moins riches, des artistes. S'agit-il d'une utopie ? la partition qui vient de leur être livrée.. Mûrissant leur projet, les architectes Maxime Le Trionnaire et Gwénaël Le Chapelain (a/LTA) avaient en tête l'idée d'un béguinage d'un genre nouveau. Prenant en écharpe une cour centrale commune, il en est sorti six ans plus tard des ateliers d'artistes et des jardins, et 119 logements. 8 d'entre eux offrent des pièces « partagées » de 9 à 11 mètres carrées chacune. Les architectes y ont fait preuve avec constance d'une forme de politesse spatiale, d'un art de la mesure, d'une science des intervalles comparable aux distances qui séparent les notes sur une gamme musicale. Aux habitants de jouer désormais, à eux d'interpréter la partition qui vient de leur être livrée.
Les auteurs s'interrogent sur les rapports qu'entretiennent mouvements étudiants et institution universitaire au fil du XXe siècle, en France et ailleurs dans le monde. La contestation voire la rupture font bel et bien partie intégrante de l'institution, cette « histoire faite chose » pour reprendre la définition de Pierre Bourdieu. Elles en font partie intégrante en tant que formes extrêmes et paradoxales, pourtant constituantes. À travers les mouvements étudiants, émergent des identités d'université et des identités étudiantes. Mais comment les qualifier au juste ?