«La différence des sexes existe. On peut la nier, elle ressurgira, sous une forme brutale, abâtardie, caricaturale.»Eugénie BastiéLa différence biologique des sexes est une donnée irréfutable de l'expérience humaine. Elle est pourtant aujourd'hui au coeur d'un vif débat. Pour certains en effet, prioritairement à toutes les distinctions physiologiques et à ce qu'elles engagent au plan des pratiques et des sensibilités, il y a la norme subie, la construction sociale et politique d'une identité. Et, de la même façon que nous aurions été faits femmes et hommes sous contrainte, il serait aujourd'hui loisible à chacun de se défaire de cette assignation par le seul levier de la volonté. Le corps deviendrait dès lors l'horizon d'un projet personnel, rabattant le réel biologique au rang des biens accessoires, sans incidence existentielle sur l'identité de l'individu et le devenir de la communauté humaine. Cette arrogante illusion des temps présents, qui porte le nom de déconstruction, est une menace dont il faut se prémunir. Vecteur de mal-être et de désunion, elle est un poison lent qui mine les relations entre les hommes et les femmes, en ignorant tout autant les leçons subtiles de la tradition que les acquis de la révolution des moeurs en Occident.
Défenseur des opprimés ou décrypteur de l'actualité, militant des causes perdues ou expert au discours ciselé, l'intellectuel français est auréolé d'un pouvoir singulier et occupe une place à part. Crise financière, attentats, immigration, populismes, féminismes, épidémie... L'histoire est de retour, les idées gouvernent de nouveau le monde et des clivages apparaissent.
Réacs, gauchistes, libéraux : chacun accuse l'autre d'avoir gagné la guerre culturelle.
Mais qui a vraiment remporté cette bataille idéologique ?
À l'heure de la cancel culture, de l'hystérisation de la polémique, de l'immédiateté de l'information et du pouvoir de l'image, quel rôle l'intellectuel peut-il encore jouer ?
Le débat est-il seulement toujours possible en France ?
Pendant trois ans, Eugénie Bastié a enquêté auprès d'une trentaine de penseurs de tous bords. Elle décrit un paysage intellectuel morcelé, mais plus riche que jamais.
Soixante-dix ans après Simone de Beauvoir, Eugénie Bastié dévoile ici la misère du néoféminisme contemporain. L'égalité des droits est actée ? Le contrôle de la fécondité acquis ? Le système de la parité rendu obligatoire ? Qu'importe : les nouvelles ayatollettes entendent poursuivre vainement le combat, et lutter sans relâche pour un monde déjà advenu. Quitte, pour exister, à promouvoir nos pires cauchemars, jusqu'à en oublier les véritables menaces qui pèsent sur le corps féminin.
Un livre jouissif, et décisif.
Que dit vraiment la déferlante « Balance ton porc » de nos sociétés occidentales ? Comment, cinquante ans après Mai 1968, la course à la jouissance s'est-elle transformée en chasse à l'agression ? Quel droit d'inventaire a en réalité engagé cette catharsis planétaire ?
Résistant à un puritanisme anglo-saxon qui voudrait aseptiser le tragique amoureux, sans céder au mirage libertaire d'une « liberté d'importuner », Eugénie Bastié analyse les ressorts du nouveau désordre sexuel et du malaise masculin dont il témoigne. Elle révèle, sous l'apparente terreur délatrice, la contre-révolution à l'oeuvre au sein du commerce des sexes.
Contre l'utopie d'une liberté sans limites, il nous faut retrouver, par la pudeur et l'honneur, le fragile mystère qu'appellent l'amour, le désir et le corps. Un dévoilement éblouissant où le style le dispute à la profondeur.