La langue franc¸aise n'a jamais produit autant de nouveaux mots. Mais seuls quelques-uns entrent dans le dictionnaire. Dans les e´ditions 2014 ne figurent pas, par exemple, afterwork, ASAP, backup, boloss, deadline, de´tox, s'enjailler, fangirler, follower, googliser, kikoolol, milf, plussoyer, shazamer, vapoter, zlataner...
Autre lacune : ceux qui entrent font l'objet de de´finitions trop succinctes (acter, actualiser, anxioge`ne, blaze, buzz, impacter, prioriser...). Et puis il y a ces mots dont la de´finition, inchange´e depuis des anne´es, devient obsole`te : cre`me (qui, pour les ados, n'a rien a` voir avec le lait de vache), mur (qui, pour les utilisateurs de Facebook, n'est plus constitue´ de briques).
Bref, pour bien parler et comprendre le franc¸ais d'aujourd'hui, il fallait un Dictionnaire du nouveau franc¸ais.
Facebook n'est pas un site Internet. C'est un mode de vie. Réseaux sociaux, sites de rencontres en ligne, jeux en réseau, chat, smartphone : qu'on le veuille ou non, ces techniques créent de nouvelles habitudes qui révolutionnent nos relations amicales, amoureuses et familiales. Hier, on s'appelait au téléphone pour se donner rendez-vous et on se voyait. Aujourd'hui, on s'envoie des « bizzz » et des « love » et des « on se voit quand ??? » par chat, mail ou SMS, et il n'a jamais été aussi difficile de se voir. Hier, on appelait ses amis « en direct » pour les inviter à une soirée. Aujourd'hui, on fait un mail commun ou on crée un événement sur Facebook, ou de plus en plus de gens cochent la case « je viendrai peut-être ». Hier, quand on se présentait à un rendez-vous avec un inconnu, c'était pour le connaître. Aujourd'hui, on ne s'y rend plus sans avoir auparavant « googlé » ou « facebooké » celui ou celle qu'on va rencontrer ; bref sans avoir l'impression de le ou la connaître déjà. Hier, on croyait qu'une naissance, qu'un week-end en amoureux ou qu'un dîner arrosé relevaient de la sphère privée. Aujourd'hui, la génération transparente balance ces photos à ses 600 « amis » sur Facebook parce que c'est fun, parce qu'il n'y a rien à cacher, parce que tout le monde le fait...
Un bureau ? Avec quatre murs, une porte et la lumière du jour ?
Non ! Nous vivons au temps de l'open space. Cet espace convivial et communautaire qui est à l'entreprise ce que Facebook est au particulier : un lieu où voir et être vu.
Dans un tel contexte, aimer son employeur est de mise. Le stress : un formidable moteur d'action. Le nombre de dossiers, les délais : un défi. Le patron impose son diktat, et le jeune cadre dynamique n'a plus qu'à s'y plier, avec le sourire.
Bienvenue dans l'entreprise 2.0, du burn out et du candidat au licenciement !