Dans une relecture de la parabole du fils prodigue, Marion Muller-Colard explore, plus que son retour, le départ du fils cadet. Non seulement son départ, mais encore la nécessité de cette rupture qui le met au monde plus radicalement qu'une naissance. De la confrontation entre le texte biblique et une analyse subversive de l'âge qualifié d'ingrat jaillissent des voies inédites de souveraineté. Un éloge de toutes nos adolescences, car il n'y a pas d'âge pour « ratifier sa naissance ».
« Cette existence qui a commencé par une vie reçue, qui se finira par une vie reprise, doit bien, un jour ou l'autre, être conquise. Ils fomentent une façon d'être autre chose qu'un débit. Ils fomentent un début. »
Et si nos vies ne se suffisaient jamais d'être "tranquilles", au repos... Si, finalement, l'inquiétude, la curiosité, l'interrogation voire le doute, étaient les vrais moteurs de toute existence humaine en recherche ? Marion Muller-Collard propose ici une méditation qui peut s'adresser à tous, croyants ou non, et nous conduit à faire de notre "intranquillité" l'occasion d'une plus grande confiance, d'une disponibilité à l'imprévu, à ce qui arrive.
« Il m'arrive de penser que tout est mise en abîme. Mais à une échelle si grande qu'il nous est impossible de voir nos existences autrement que comme des ramifications anarchiques. Chacun de nous est à la fois la petite et la grande matriochka d'autre chose. Et si Dieu existe, c'est d'être la plus petite, l'indivisible. Cet ovale lisse et minuscule que j'aimais tenir enfin entre mes mains, enfant. Dans le désordre des poupées russes éventrées, éparpillées au sol par moitiés, tenir au creux de ma paume ce noyau dur solide, irradiant d'une inviolable unité. »
Dans ce livre, Marion Muller-Colard part à la rencontre de Nikola Zaric, sculpteur suisse décédé en 2017. Son oeuvre lui révèle que « la vie ne se trace pas en ligne mais en ronde. »
Trois femmes se croisent, se rencontrent, s'interpellent au pied d'une statue de la Vierge. Une amoureuse, une jeune mère, une clocharde. Elles se disputent, se consolent, en viennent aux mains, parfois. Elles livrent leurs souvenirs d'enfance, leurs rêves, leurs colères, leurs folies. Enfant, la jeune mère s'est jurée qu'elle deviendrait Marie, quand elle serait grande. Et la voilà enceinte, sans bien comprendre comment, émerveillée d'avoir si bien réussi. Mais lorsqu'elle revient de nuit avec son bébé, la jeune mère essaye de le faire tenir dans les bras de la statue pour le confier à plus grande qu'elle. Plus grande peut-être, mais de marbre.
L'amoureuse et la clocharde sont malgré elles investies d'une mission. Elles ne peuvent pas abandonner la jeune femme, en proie à son premier désespoir maternel. Et qui pourra consoler l'amoureuse de l'homme qui ne vient pas ? Qui donnera à la jeune mère le courage de se détourner des statues pour entrer dans le vif du réel, dans la chair et l'os d'une vie incarnée, brinquebalante, majestueuse, décevante? Sur ce qu'il reste de la vie après les désillusions, la clocharde en connaît un rayon. Un rayon lumineux qu'elle dévoilera petit à petit, au pied de la statue de Marie...
Dans la famille d'Amandana, la propreté irréprochable n'est pas qu'un métier. C'est un mode de vie. Rien qui dépasse. Dans le Lavomatique tenu par ses parents, le bruit des machines couvre celui des élans du coeur et du corps. Mais comment faire taire son attirance pour une de ses camarades de lycée ?
Un roman intimiste d'une grande finesse psychologique, magnifiquement écrit, plein de pudeur et d'émotion.
'Tout le monde n'a pas le don des larmes'. Bastien est mort dimanche et Sylvia, sa mère, aimerait croire que cela ne change pas grand-chose. Car Bastien, lourdement handicapé, n'a jamais pu parler ni adresser un regard à quiconque. Alors que passent les premiers jours sans lui, une pluie diluvienne gonfle les eaux de la Durance voisine. Chez Sylvia aussi, la part sauvage menace de déborder à mesure que les souvenirs familiaux affluent.
À travers un récit bouleversant, Marion Muller-Colard questionne le sens de l'amour filial, emportant son lecteur vers des rives inattendues.
Wanted Louise est un avis de recherche. Celle qui le lance, Chris, est écrivaine, mère et grand-mère, dans l'ordre de ses priorités. Depuis que sa fille Louise a disparu de la circulation, quittant son foyer sans explication, Chris se retrouve flanquée de deux petits-fils et d'un gendre désemparé. Alors qu'elle se débat avec ses nouvelles obligations, Ludmila fait irruption dans sa vie. Cette vieille femme étrange est venue lui confier son histoire, celle d'une adolescente qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, est poussée dans la Résistance par sa mère. Le récit de Ludmila réveille chez Chris un irrépressible besoin d'enquêter et de raconter. Elle se lance à corps perdu dans ce travail, au détriment de sa propre famille - à moins que la clé de la disparition de Louise ne se trouve justement dans les pages qu'elle est en train d'écrire.
« Dans cette étrange période, où est relégué au second plan ce qui ne relève pas de la survie, je crains que votre message ne passe inaperçu, Lucie. Sans doute participez-vous à sauver des vies, vous aussi. Mais ce que je sais de vous, et qui me touche au plus haut point, c'est que vous cherchez aussi à sauver des morts. » Marion Muller-Colard