Djalâl-od-Dîn Rûmî que le monde de l'Islam désigne, par respect, comme "notre maître" (Mawlânâ, Mevlana en turc) n'est pas seulement l'un des plus grands penseurs mystiques de tous les temps, un voyant qui (au Xllle siècle !) parlait de la fission de l'atome et de la pluralité des systèmes solaires, c'est aussi l'un des plus merveilleux poètes de la littérature universelle, fondateur de l'ordre des derviches tourneurs.
La mise de l'homme au diapason du cosmos, l'oratorio spirituel des derviches qui symbolise la ronde des planètes autour du soleil et, à un second niveau, la recherche du Soi, sont longuement célébrés dans les Rubâi'yât : comme les atomes, le soufi danse, et la musique ne fait que "réveiller les mystères du coeur".
L'incroyable récit d'une fuite... et d'une libération
Issue de l'élite d'Arabie saoudite, Rahaf Mohammed grandit sous la surveillance permanente des hommes de sa famille. Malgré les privilèges accordés à son père, politicien lié à la famille royale, elle n'échappe pas aux lois d'une société où l'islam rigoriste nie tout droit aux femmes.À dix-huit ans, elle décide de fuir l'enfer de son pays. Trois ans de préparation pour un parcours semé d'obstacles. C'est grâce à Twitter, où elle lance un appel au secours, que son martyre est relayé sur les réseaux, et qu'elle a la vie sauve...Aujourd'hui réfugiée au Canada, Rahaf Mohammed livre le récit sans fard de sa fuite. De ses premiers échanges en ligne avec un groupe clandestin de fugitives saoudiennes à son passage à l'acte en solitaire, son témoignage retrace le courageux combat d'une femme pour sa liberté.
Tous les oiseaux, connus et inconnus, se réunirent un jour pour constater qu'il leur manquait un roi. Exhortés par la huppe - messagère d'amour dans le Coran -, ils décidèrent de partir à la recherche de l'oiseau-roi Simorg, symbole de Dieu dans la tradition mystique persane. Après un voyage plein de dangers, et après avoir parcouru les vallées du désir, de la connaissance, de l'amour, de l'unité, de l'extase..., les trente survivants connurent l'ultime révélation : le Simorg était leur propre essence, jusqu'alors enfouie au plus profond d'eux-mêmes.
Ce célèbre récit initiatique, entrecoupé de contes et d'anecdotes, demeure à jamais l'un des joyaux de la spiritualité musulmane. De son auteur, ' Attar, poète et mystique persan, auteur du Livre divin (Spiritualités vivantes, le grand Rûmî disait : "II fut l'âme du soufisme, je ne fais que suivre sa trace".
De l'Algérie à la France, la vie de Mohammed Dib, l'un des plus grands écrivains de langue française, fut plus qu'un simple exil : un parcours littéraire hors pair qui a marqué plusieurs générations de romanciers et de lecteurs autant par son exigence que par la haute liberté qui traverse son oeuvre. poète, romancier et conteur, Mohammed Dib a constamment renouvelé son écriture, puisant toujours à la source de sa terre natale pour exprimer le difficile rapport à l'autre, à l'étranger, à la double culture, et l'énigme de notre présence au monde. Dans son dernier ouvrage, Laëzza, il évoque aussi bien des passions qui ne peuvent s'inscrire dans le réel, qu'en émouvant contrepoint, sa propre enfance à Tlemcen, cette présence intacte qu'il nous transmet de manière aussi simple que lumineuse.
Dans une aube éternelle d'été nordique, perchée sur l'un ou l'autre des arbres de son jardin, la petite Lyyli Belle recrée le monde. Entre une mère européenne et un père maghrébin, que peut être la réalité ?
Des sapins enneigés aux dunes infinies de sable, de la confrontation de deux traditions, de deux imaginaires, elle construit tout l'univers magique de l'enfance solitaire avec ses rites et ses secrets, et abolit à sa façon la souffrance et la séparation.
Avec L'Infante maure, Mohammed Dib, le grand romancier et poète algérien dont l'oeuvre est traduite dans de nombreux pays, poursuit l'exploration des territoires de l'exil, lieu des mirages, de l'errance mais aussi de l'identité perdue.
Le Simorgh est cet oiseau mythique dont Avicenne, Attar ou Rumi ont célébré le mystère. Le Simorgh, c'est aussi ce puzzle littéraire où Dib mêle allégrement le conte, la nouvelle, l'essai et le journal pour aborder les thèmes qui traversent son oeuvre, la langue, l'étranger, la fascination du désert, le pouvoir du rêve et de l'imaginaire. Et Simorgh, s'il s'ouvre par un mythe né au Proche-Orient, se clôt par une autre image à l'aune de notre destinée, celle d'OEdipe à Colone, un vieil homme qui, après avoir subi tragédie et exil, rejoint apaisé la terre de ses ancêtres.
L'arbre à dires, expression trouvée par une enfant pour désigner l'être humain, a trait à la question de l'identité. Le nom, la langue natale, le statut que l'on acquiert dans l'exil, celui de l'étranger ou de l'émigré, l'impossible retour, en sont les thèmes porteurs et récurrents. Quel que soit son destin, l'homme, cet « arbre à dires », garde toujours la liberté de disposer de soi, de s'inventer, de s'étonner lui-même et d'étonner le monde à chaque instant.
Ni essai, ni reportage, ni roman, ni nouvelle, mais empruntant à tous, L'arbre à dires mêle le cheminement personnel et l'aventure romanesque et poétique. Mohammed Dib, Grand Prix de la Francophonie de l'Académie française, Grand Prix de la Ville de Paris, questionne et livre ses réflexions, ses émerveillements aussi, avec une simplicité et une justesse d'observation qui obligent à un regard différent sur l'autre et qui sont un hymne à l'échange entre les cultures.
Quel est ce mystérieux manuscrit découvert par des archéologues dans un coffret en bois, perdu au milieu des ruines, non loin d'Alep ? Quelles terribles vérités contenait-il pour avoir été ainsi abandonné à la garde des siècles ? Traduit de l'araméen, il apparaît comme l'autobiographie d'un moine-médecin venu de Haute-Egypte dans la première moitié du Vème siècle : Hiba.En arrivant à Alexandrie, Hiba croyait que cette seconde Rome lui livrerait les lumières de la foi chrétienne et des sciences grecques. Mais, à l'heure où triomphe le christianisme jadis persécuté, il assiste aux ravages du fanatisme religieux. Du lynchage de la philosophe platonicienne Hypatie à la destruction des trésors culturels païens, des complots contre les « hérétiques » à la mainmise de l'Empire sur l'Eglise, Azazel, le démon de la haine et de la division semble s'être emparé du monde. Et de l'âme d'Hiba, assailli par le doute depuis qu'il a rencontré la belle païenne Octavie...Sur fond de conflits théologiques et de luttes fratricides, le roman de l'Egyptien Youssef Ziedan, Grand Prix international du roman arabe, mêle mystique, violence et sensualité dans une fresque vertigineuse des premiers temps de la Chrétienté.
Souvent tragiques bien que baignées de lumière, les nouvelles de La Nuit sauvage marquent le retour de Mohammed Dib au pays d'origine. Certaines ont pour cadre la guerre d'Indépendance, d'autres cette guerre que vit actuellement l'Algérie, qui creuse des béances insondables. D'autres encore se situent dans l'entre-deux, quand le souvenir de la colonisation génère une nostalgie qui ne débouche pas forcément sur la haine. Il y a enfin celles qui parlent d'autres violences, sous d'autres cieux.
Dans La Nuit sauvage, Mohammed Dib, Grand Prix de la Francophonie de l'Académie française, renoue avec une Algérie de chair et de sang, et témoigne de ses tragédies et de ses conflits, animé d'une préoccupation constante : ne pas disjoindre, comme il l'écrit en postface, « écriture (romanesque) et responsabilité (morale) «.
On dit : incha `Allah, si Dieu veut ; à la place, on devrait dire plus volontiers : incha `Iblis, si Diable veut. Et si Diable veut, Diable peut.
Dans un village de l'Algérie profonde, deux vieux qui n'espèrent plus rien voient arriver leur jeune neveu qui a grandi au loin et choisit de revenir au pays. Ymran, l'enfant des banlieues parisiennes, ne comprend rien à cette société féodale, à ces étranges fiançailles qu'on lui impose. Mais il n'est pas seul à bouleverser la vie paisible du village ; des chiens ensauvagés ont attaqué et reviennent en force le jour de la fête du mouton, attirés par l'odeur du sang...
Si Diable veut convoque à la fois le romancier et le poète, le témoin et le chercheur de vérité qu'est Mohammed Dib, Grand Prix de la Francophonie de l'Académie française et Grand Prix de la Ville de Paris. Réalité d'une Algérie profondément traditionnelle et de l'impossible retour au pays, c'est aussi l'allégorie des êtres enclos dans leur destin et leur chant muet, en recherche d'identité et impuissants à lutter contre les forces du Mal.