Wolfgang Pauli, né à Viene en 1900 et mort à Zurich à l'âge de cinquante-huit ans, est l'un des physiciens majeurs de notre siècle Père, dès 1925, de ce que l'on appelle le " principe d'exclusion ", inventeur, en 1931, de cette particule fantastique puisque ne possédant en principe ni charge ni masse qu'est le neutrino, Pauli, qui reçut en 1946 le prix Nobel de physique, est aussi l'un des fondateurs de la physique quantique qui a véritablement révolutionné notre vision du monde.
Mais Wolfgang Pauli ne s'est pas contenté d'être un physicien et un théoricien hors-pair. Devant l'ébranlement sans précédent que provoquait la physique moderne relativité générale et physique quantique mêlées, il a été l'un de ceux, aux côtés de Niels Bohr, Werner Karl Heisenberg ou Erwin Schrödinger, à penser cette révolution pour en évaluer les conséquences et en tirer les principes d'une véritable philosophie moderne.
Dans la lignée de La Partie et le tout, où Heisenberg rapporte les discussions incessantes qu'il avait avec Bohr et Pauli dans la plus grande liberté d'esprit, Physique moderne et philosophie nous introduit à certains des points cruciaux de la nouvelle physique. Dans une extraordinaire audace de pensée, cet ouvrage jette aussi les ponts vers des disciplines apparemment totalement étrangères, comme les antiques philosophies mystiques, la science de l'inconscient ou l'histoire de la philosophie, ouvrant ainsi d'immenses territoires de réflexion au sujet desquels nous n'avons pas fini de nous interroger.
Prix Nobel de physique pour " l'invention du neutrino " et l'un des pères de la physique contemporaine avec Niels Bohr et Werner Heisenberg, Wolfgang Pauli ne s'est jamais contenté de son activité scientifique : il voulait comprendre comment toute connaissance était possible, il recherchait avec une remarquable opiniâtreté comment penser l'unité de la matière et de l'esprit.
Dans cette quête passionnée d'un arrière-fond unifié aux mondes de la matière et de l'âme, il collabora avec le grand psychologue que fut Carl Gustav Jung et échangea avec lui lettres et idées pendant un quart de siècle.
C'est ainsi que Pauli rencontra l'alchimie dont les images le hantaient et qu'il partit à la découverte des grandes philosophies néo-platoniciennes, qui lui fournirent le thème de l'" unus mundus ", monde supra-sensible, monde de l'âme réalisée où la matière est encore spirituelle, et l'esprit déjà matérialisé.
D'où sa thèse que les grandes inventions, les conceptions scientifiques s'enracinent dans un terreau que gouvernent les archétypes, formes vides de l'inconscient et équivalents en psychologie des idées de Platon.
Dans un texte qui avait d'abord été publié avec l'étude de Jung sur la synchronicité, il applique ici les notions qui fondent l'astronomie moderne de Kepler : proche parent de Koyré ou d'un certain Bachelard, il renouvelle ainsi l'histoire des sciences et se montre le précurseur de la transdisciplinarité contemporaine.