S'il est vrai qu'à ses débuts la Révolution russe de 1917 a pu se parer des apparences d'une émancipation du peuple juif, il n'en demeure pas moins que, sous Staline, le vieil antisémitisme a toujours été complaisamment alimenté, couvé, tel une lame de fond prête à refaire surface à la moindre occasion.
Vaksberg retrace les différentes étapes de la discrimination des Juifs et de leur persécution : l'établissement par la Grande Catherine de l'« aire de sédentarisation » (les juifs ne pouvaient résider que dans certaines provinces de l'Empire), la politique d'exclusion des différents tsars au cours du XIXe siècle, jusqu'à l'organisation des pogromes massifs par Nicolas Ier et Nicolas II, puis la vague d'espoir suscitée par la chute de la monarchie.
Dès la prise du pouvoir effective par Staline, l'attitude envers les juifs sera marquée d'une grande ambiguïté qui virera progressivement à une politique ouverte de persécution, menée sous le prétexte d'un combat « antinationaliste ». L'apogée de ce mouvement de balancier sera atteint après la guerre, avec l'ass assinat du grand acteur Mikhoels, puis le tristement célèbre complot des « blouses blanches » : des médecins du Kremlin, pour la plupart d'origine juive, censés avoir comploté pour assassiner Staline, dont le procès - on le sait aujourd'hui - devait servir de prélude à une grande vague de persécutions antisémites.
Petrograd, 1915. La révolution gronde, un monde se prépare à disparaître. Dans ce climat d'effervescence politique, intellectuelle et artistique, une jeune femme se distingue. Elle se nomme Lili Brik et n'est autre que la soeur de la future Elsa Triolet. Elle devient, cette même année, la muse et l'inspiratrice de Vladimir Maïakovski, marquant la vie littéraire russe de sa surprenante personnalité.
C'est le portrait de cette séductrice, mais aussi celui d'une époque, que trace ici Arcadi Vaksberg. S'appuyant sur des archives jusqu'alors secrètes, des correspondances et témoignages inédits, il raconte la passion qui lia Maïakovski à Lili quinze années durant : l'étonnant ménage à trois qui réunit à Moscou dans les années vingt le poète, Lili et son mari, Ossip Brik, et autour duquel gravite l'élite intellectuelle russe d'alors, Eisenstein, Chostakovitch, Rodchenko, Meyerhold, Pasternak, etc. ; les nombreuses rencontres et liaisons de Lili après le suicide de Maïakovski en 1930 ; le soutien qu'elle apportera au dernier amour de sa vie, le cinéaste géorgien Sergueï Paradjanov, qu'elle aidera à faire libérer de prison.
Étonnant parcours qui prend fin le 5 août 1978, lorsque, au retour d'un voyage à Paris, Lili, comme Maïakovski quarante-huit ans plus tôt, se donne la mort.
Tous ceux qui l'ont connue affirment que de cette femme émanait un charme envoûtant, qu'à quarante ans passés elle en paraissait vingt-cinq.
Son pays, la russie, la découvre au printemps et à l'été 1917. a quelques mois de l'insurrection d'octobre, alexandra-la-rouge multiplie alors les interventions auprès des soldats, propose, critique, exige au nom de la révolution à venir, elle qui est née en 1872 d'une des plus nobles familles de saint-pétersbourg. c'est kollontaï! chuchote-t-on lorsqu'elle approche des rangs. oui, c'est bien elle en effet, cette silhouette élancée et gracile, ce port de tête volontaire, ces yeux d'un bleu sans fond sous les sourcils noirs, ce tribun provoquant qui défiera tout à l'heure une nouvelle marée d'hommes en uniformes...
Alexandra est indomptable. théoricienne de l'amour libre à 20 ans, elle se consacre envers et contre tous à l'émancipation des femmes lorsqu'elle entre au gouvernement en novembre 1917.
Elle sera excommuniée par l'eglise.
Elle sera bientôt marginalisée par les siens _ ces bolcheviks auxquels elle s'était ralliée dans l'enthousiasme en 1918.
Qu'est-ce que l'histoire retiendra d'elleoe le scandale de sa vie amoureuseoe cette façon provocante qu'elle avait de cultiver l'éléganceoe son action politique, qui ne s'éteindra qu'avec elle le 9 mars 1952oe qu'elle fut la première femme ministreoe le premier ambassadeuroe qu'elle traversa indemne la glaciation stalinienne, quand la grande terreur décimait tous ses amis, tous ses camarades?
Pour écrire l'histoire de ce destin exceptionnel, arkadi vaksberg a dépouillé pour la première fois la masse considérable des archives personnelles d'alexandra kollontaï: correspondance, notes, documents officiels, coupures de presse, carnets, journal intime. ces documents sont largement cités tout au long du récit, donnant une touche très personnelle à cette épopée sans pareille.
Ecrivain et historien russe né en 1933 en sibérie. sa biographie de vychinski, le procureur de staline (albin michel, 1991), a été traduite dans une dizaine de pays. il est par ailleurs l'auteur d'une remarquable étude sur les relations entre le parti communiste d'union soviétique et ses homologues du monde entier, hôtel lux (fayard, 1993).
En 1921, Lénine donnait l'ordre de créer un 'laboratoire des poisons' en vue de 'combattre les ennemis du pouvoir soviétique'. Décision était prise de recourir à des méthodes terroristes pour assurer le succès de la révolution, ou du moins le règne de ses maîtres. Nombre d'exécutions extra-judiciaires, en URSS ou à l'étranger, se soldèrent par un simple constat d''insuffisance cardiaque' ou de suicides suite à une dépression... En fait, toutes les méthodes étaient bonnes. C'est ainsi que certains moururent dans les mains des médecins qui devaient les soigner, que d'autres furent victimes d'étranges accidents de la route... On aurait tort de croire que ces pratiques ont disparu avec la mort de Staline. Dans la longue liste des victimes, on trouve la veuve de Lénine, le général soviétique Frounze, les généraux blancs émigrés Koutepov et Miller, l'écrivain Boris Pilniak, le président tchèque Jan Masaryk, et plus récemment l'ancien maire de Saint-Pétersbourg, Anatoli Sobtchak ou le journaliste Chtchekotchikhine. Arkadi Vaksberg, au terme d'une longue et minutieuse enquête, retrace ici l'histoire d'une interminable série de meurtres politiques jusqu'à la tentative d'empoisonnement dont fut victime l'actuel président ukrainien Viktor Iouchtchenko, alors qu'il briguait les suffrages de ses compatriotes contre un candidat qui avait les faveurs de Moscou.
Maxime Gorki a-t-il été assassiné sur ordre de Staline ? Sa personnalité n'a-t-elle pas jusqu'ici été travestie par des biographes obéissant plus au mythe qu'à la vérité historique ? Et quel fut le rôle des femmes dans la vie publique et privée de celui qu' André Gide considérait comme le plus russe des écrivains russes ? Pour répondre à ces questions depuis toujours sans réponse à propos du mystère Gorki , Arcadi Vaksberg s'est appuyé sur des documents restés jusqu'ici inaccessibles : dossiers du NKVD , pièces de procès truqués , rapports des services secrets destinés au Parti , notes de médecins ayant soigné Gorki ou expertises médico-légales . Mais également sur des correspondances inédites - celles, entre autres, que Gorki entretint avec Lénine et Staline , ou avec de futurs " ennemis du peuple " tels que Zinoviev - et sur des témoignages contemporains, parmi lesquels celui de Maria Andreïeva , la seconde femme de l'auteur des Vagabonds . Il ressort de cet ouvrage, illustrant le passionnant problème de l'artiste face au pouvoir, le visage d'un autre Gorki , aveuglé par les flatteries et la gloire , manipulé , prisonnier d'une cage dorée , qui termina sa vie dans une solitude morale complète, ayant compris, mais un peu tard, qu'il avait fait fausse route. Aussi vivant qu'un roman, ce document saisissant éclaire d'un jour neuf le dramatique destin d'un monstre sacré de la littérature russe du XXème siècle, qui fut victime d'un pouvoir dont il s'était rendu complice.
Ils furent des milliers dans le monde entier à s'engager dès 1919 pour la cause de la révolution mondiale. a moscou même, l'hôtel lux servait de résidence aux plus éminents d'entre eux. ils y recevaient matériels et directives avant de disparaître aux quatre coins de la planète pour multiplier les actes de sabotage et recueillir des renseignements.
Tous agissaient dans la clandestinité. c'est ainsi que des écrivains connus et les plus hauts responsables communistes acceptèrent de se transformer en agents de la iiie internationale, le comintern, en préservant les apparences.
Au centre du dispositif, à partir du milieu des années trente, un communiste bulgare héros du combat antinazi, gueorgui dimitrov. bien abrité derrière cette figure mythique, staline mit en place un formidable réseau de contrôle et de destruction, dont toutes les branches convergeaient vers le nkvd, l'ancêtre du kgb. tous les partis frères se plièrent à la loi commune. et pour un willy münzenberg, communiste allemand, qui refusa de céder à l'infamie, combien d'andré marty, membre du bureau politique du pcf, qui consacra une bonne partie de ses loisirs à dénoncer les " suspects "?
Arkadi vaksberg a eu accès à certaines archives du comintern et du kgb toujours soigneusement protégées. a partir de ces documents, il a pu reconstituer dans le détail la vie des agents de l'internationale, connus et inconnus, les actes auxquels ils se livrèrent, la responsabilité qu'ils prirent dans l'instauration de la grande terreur en union soviétique même, dans l'organisation des procès staliniens, dans l'épuration de leur propre parti.
Ce document exceptionnel éclaire d'une lumière singulière l'histoire du communisme. car si l'objectivité commande de distinguer les tueurs pathologiques des combattants idéalistes, il ne fait plus de doute désormais que les uns et les autres contribuèrent à faire de leur parti respectif un rouage des services secrets soviétiques, et acceptèrent pour cela de livrer leurs parents ou leurs amis avant de tomber eux-mêmes, victimes du bourreau.
Arkadi vaksberg est né en 1922 en sibérie. ecrivain, juriste de formation, il publie depuis près de trente ans des articles historiques et politiques dans la literatournaia gazeta. sa biographie de vychinski, le procureur des grands procès staliniens, a été traduite dans une dizaine de pays, dont la france (1991). il est par ailleurs vice-président du pen club russe.
Selon une thèse répandue durant des années par une historiographie idéologiquement complaisante, la révolution de 1917 aurait ouvert une parenthèse durable dans la longue histoire de l'antisémitisme russe.
Or, s'il est vrai que la Révolution a pu se parer des apparences d'une émancipation, il n'en demeure pas moins que, sous Staline, le vieil antisémitisme a toujours été alimenté, couvé, telle une lame de fond prête à déferler à la moindre occasion. Dès la prise du pouvoir par Staline, l'attitude envers les Juifs est marquée d'une grande ambiguïté qui vire progressivement à une politique ouverte de persécution, menée sous le prétexte d'un combat " antinationaliste ".
L'apogée de ce mouvement de balancier est atteinte après la guerre avec l'assassinat du grand acteur Mikhoels, président du Comité antifasciste juif, puis le tristement célèbre complot dit des " blouses blanches ", dont le procès - on le sait aujourd'hui - devait servir de prélude à une grande vague de persécutions antisémites. À l'heure où l'antisémitisme fait de plus en plus de ravagés en Russie, une mise au point comme celle d'Arkadi Vaksberg ne pouvait s'avérer plus utile et plus salutaire.