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Derek Walcott
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«"Un homme vit la moitié de sa vie / la seconde moitié est mémoire." Ainsi Derek Walcott commente-t-il sobrement les raisons qui l'ont incité, aux abords de la quarantaine, à entreprendre le long travail de remémoration dont témoigne l'écriture d'Une autre vie, recueil publié en 1973. Ce livre n'est pas un recueil de poèmes, mais plutôt une narration poétique, divisée en parties et chapitres ou, si l'on veut, en chants, peut-être sur le lointain modèle de l'Odyssée. Le poète articule son récit autour de trois êtres ayant marqué dans sa jeunesse sa rencontre presque simultanée de l'amour (Anna), de l'art (Gregorias) et de la mort (Harry Simmons). Derrière ces figures à la fois réelles et symboliques se dessine celle de l'artiste, saisi aux sources mêmes de la création, dans le dépassement par l'imaginaire d'une réalité souvent désespérante. Comment devient-on et peut-on rester poète dans un territoire perdu des Antilles anglophones, sans tradition ni langue propres ? Une autre vie est une éblouissante réponse, un texte qui fait voyager dans l'espace et le temps, mêlant lyrisme et ironie, épopée et truculence. Derek Walcott s'y affirme comme la plus grande voix d'une région du monde sur laquelle il a focalisé l'attention internationale avec l'obtention en 1992 du prix Nobel.» Claire Malroux.
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En dépit de son titre, c'est une nouvelle évocation de la rue de Sainte-Lucie, le paradis des Caraïbes, que tente Derek Walcott, lisant des "noms argentés" et déchiffrant des "écritures dans le sable", décrivant la nuit "avec le rhum blanc sur son souffle" et une lune "avec une tâche de naissance comme chez Gorbatchev". Il conclut son recueil, avec le poème qui donna son nom au recueil, un examen douloureux du rôle du poète noir, visitant l'Arkansas où "il n'était encore rien". Derek Walcott est né en 1930 à Sainte-Lucie. Son oeuvre fut consacrée en 1992 par le prix Nobel de littérature.
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A collection of poems by contemporary poet, Derek Walcott, whose subject is the panorama of life, landscape, culture and politics of the West Indies.
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La pièce de Derek Walcott, qu'il destinait à une carrière de comédie musicale sur les grandes scènes américaines, était restée dans une boîte d'archives à l'Université des Antilles à Trinidad. L'auteur campe un personnage féminin légendaire, Marie Laveau, prêtresse vaudou, métisse libre. Intrigante manipulatrice, sans grande morale, elle est animée par la détermination obstinée d'atteindre ses ambitions, dont celle d'acquérir une certaine maison blanche, pour son peuple, selon ses dires. Elle n'est pas allée à l'école mais elle a « de la classe », et devant elle, Lafayette se confond en compliments et en prières, le sorcier Papa Sam perd sa prestance, le prédicateur Paratonnerre est ridiculisé par ses ruses, et les filles dont elle monnaie les services et qui voudraient s'affranchir de sa tutelle ne sont pas de taille. Pourtant elle sauve la peau de son confrère le sorcier et endosse le rôle de libératrice et de salvatrice, et montre qu'elle détient un pouvoir de vie et de renaissance. La scène de la Louisiane au tout début du xixe siècle confronte et marie l'Amérique, la France, l'Afrique et les territoires amérindiens, dans une joyeuse hérésie et la veine carnavalesque qui confère à cette comédie son exubérante et fascinante hybris.
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Le Chien de Tiepolo est une oeuvre narrative qui raconte la quête spirituelle de deux hommes des Caraïbes. Camille Pissaro, un Juif séfarade né en 1830, quitte son île natale, Saint-Thomas, pour suivre sa vocation de peintre à Paris, tandis que le poète lui-même languit de redécouvrir un détail - " une touche de rose à l'intérieur de la cuisse/d'un chien blanc " - d'un tableau vénitien repéré lors d'une première visite à New York. Ces deux voyages nous entraînent dans une Europe dont le passé poursuit le peintre et le poète, à la recherche d'un lien entre le paysage perdu de l'enfance et celui, mythique, de l'empire. Ce long poème est à la fois une biographie spirituelle du grand peintre dans l'exil, une histoire en vers de la peinture impressionniste et le témoignage du poète et de son désir de capter le monde visuel au-delà des mots. Réveillé par le silence, il reste allongé immobile./Les clameurs de la rue se sont tues, étouffées. Il sait/qu'il s'agit sans doute de la tempête de neige que tout le monde/annonçait, recouvrant de fourrure les grilles de l'avenue./Il se lève. Le ciel répand ses flocons comme un gros oreiller/recouvrant de ses plumes la ville de son enfance, le miracle/oublié de la neige. Il sent tressaillir son âme perdue/tandis que la blancheur de l'innocence tapisse la fenêtre/comme un apprêt sur une surface à peindre. La neige épaissit/sur le rebord rte la fenêtre à une vitesse étonnante, et bientôt/Paris n'est plus qu'une toile vierge. Dans son ciel rien ne bouge./Il s'habille, sort précipitamment, et marche dans ce prodige.
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Derek Walcott, depuis plus de vingt ans, publie régulièrement ses textes dans The New York Review of Books, The New Republic, et d'autres revues encore.
On trouvera dans les essais de Café Martinique sa vision, émouvante et lucide, des paradoxes de la culture antillaise ; son discours de réception du prix Nobel ; une lettre à l'écrivain français des Antilles Patrick Chamoiseau... Quel que soit le sujet, Walcott l'essayiste y déploie toujours la force lyrique, l'intelligence syncrétique qui ont fait de lui unie des grandes voix de la poésie de notre temps.
" Nous, gens des colonies, nous partions de ce constat fiévreux, débilitant, que rien, jamais, ne pourrait se construire parmi ces cases croulantes, ces arrière-cours déchaussées, ces toitures moisies : qu étant pauvres, le théâtre de toute notre existence était d'ores et déjà dressé. Ainsi, nous nous distribuions tout naturellement le rôle du martyr, avec la conviction mélodramatique que nous étions porte-parole de toute une ère, et que notre ego exacerbé obéissait à leur volonté.
En notre enfance simple et schizophrène, on pouvait mener deux vies : la vie intérieure, celle de la poésie, et la vie extérieure, celle de l'action, et du dialecte. Et pourtant, les écrivains de ma génération ont été tout naturellement des assimilateurs. Nous connaissions la littérature des empires, grec, romain, britannique, par leurs principaux classiques ; et le patois des rues, comme la langue de l'école, brouillait l'ivresse de la découverte.
Puisqu il n y avait rien, c'est donc que tout était à faire : c'est de cette ambition prodigieuse que nous sommes partis. "
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Peter Doig, peintre britannique qui a grandi à Trinidad, et Derek Walcott, poète originaire de Sainte-Lucie, ont conçu cet ouvrage, Paramin, qui, par-delà les hommes, a fait se joindre le verbe de l'un au trait de l'autre, et s'interpénétrer leurs imaginaires : "ma plume et ton coup de pinceau se mêlant en un mètre unique», a écrit le poète.
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