« Finalement je me suis décidée. Je suis descendue à la cave. Je m'y suis enfermée. Avec mes mots, ma colère, la tête pleine de ses cris et du silence indigne des autres. J'y suis restée, dans la cave. Je ne pouvais pas y croire, je ne pouvais pas m'y résoudre, je refusais d'oublier, de passer à autre chose, de la voir disparaître.
Jean, dit Jeannot, est né en France en 1939. Jean, dit Jeannot, a une biographie courte et accidentée. De ses années d'enfance à son engagement en Algérie, de la mort par pendaison de son père à sa claustration volontaire avec mère et soeur, Jean dit Jeannot va échapper à la raison et au monde réel.
En 1971 la mère meurt et les deux enfants, Jeannot et Paule, obtiennent l'autorisation de l'enterrer à l'intérieur de la maison. Dès lors, Jeannot devient le plancher. Il se couche dessus, cesse de se nourrir, il a autre chose à faire : graver son réquisitoire, s'écrire à lui-même, creuser ses mots. Et y mourir, cinq mois plus tard.
Dachau est un Quichotte accidentel, un picaro péteux, un prophète nu qui pousse l'obstination imbécile jusqu'aux limites du jugement acceptable, de Gien à l'inexorable profanation : Dachau encore... et plus jamais. Cette machinerie baroque à l'ironie acérée met en scène les apories du culte mémoriel quand il s'adosse à l'effondrement culturel du citoyen lambda. Quelle direction lui reste-t-il dans une société transformée en parc d'attractions ?
Écrivain démocrate et militant, Christophe Esnault s'est pris de passion pour les grandes marques, Coca- Cola, Butane, Leroy-Merlin, Carrefour, François Hollande, Télérama. Progressiste et de gauche, il décide un jour de leur écrire pour qu'elles remplacent les produits défaillants de son existence. C'est aussi pour Christophe Esnault l'occasion de revisiter son enfance, la Mousseline familiale, l'ascension de la crème Mont Blanc, son amour pour Armand Thierry, la découverte de la hiérarchie sociale et, en même temps, de donner voix, de l'intérieur, aux claque-dents d'aujourd'hui, vivants précaires et recalés de l'insertion sociale.
Comment allier, en juillet 1942, dans Paris occupé, électricité et métaphysique, Julien Sorel et Sartre, littérature et lutte armée ? Ce premier opus d'un auteur au patronyme déjà célèbre est servi par une écriture détonante et un sens précis de la panique organisée, trop rare dans la littérature contemporaine.
La bonne incroyable nouvelle ! Balzac est de retour dans un récit qui fait de la littérature une aire de jeux vraiment très drôle. Inédit à ce jour, Kol Osher vit à Kielce (Pologne), où il est né en 1946. Son oeuvre est écrite dans une langue comparable à celle des maîtres d'aujourd'hui Claro, Cadiot, Chevillard (la liste n'est pas si longue).
Propulsée par l'oeuvre de Sarah Kane, cette performance poétique de Christophe Esnault oscille entre deux fièvres sans remède : la passion amoureuse et la passion d'écrire.
Sous des airs psycho-rocks, Isabelle, à m'en disloquer renouvelle la quête du beau au fondement du lyrisme amoureux, mais de manière fébrile et quasi asthmatique.
Baudelaire est l'auteur d'un Pauvre Belgique ! pour le moins pamphlétaire et parfois outrancier. Le point de départ du livre de Jules Vipaldo, Pauvre Baudelaire, réside dans ce parallèle d'un retour de Belgique, suite à un voyage effectué quelques années en arrière dans ce pays. L'auteur fut invité, avec d'autres poètes, à lire et présenter son travail à Bruxelles. Contre toute attente, la rencontre tourne court, se terminant, en « queue de passion triste », non sans quelques arêtes qui lui resteront en travers de la gorge.
Dès lors, l'équation posée par l'auteur est simple : Belgique = Baudelaire = la poésie belge = toute la poésie :
Et donc, son procès.
Le livre est à la fois le récit et l'instruction de ce procès parodique, intenté « pour de rire », d'un rire intérieur à la poésie. Le texte devient alors le lieu d'un excès de langage et d'une exagération tous azimuts. Cette outrance vise à une amplification de la langue, à une vitesse et à une intensification de ses jeux et de ses effets, par une prolifération littéralement poétique.
Composés en 1974, ces poèmes sont nés d'une promenade au jardin du Luxembourg à Paris, où le poète russe Joseph Brodsky en exil croise la statue de Marie Stuart, dans l'allée des reines de France. Plusieurs figures de femmes qui ont compté pour lui se superposent à la silhouette de la reine d'Écosse, reine de France par son bref mariage avec François II. Dans une langue qui joue sur les deux registres du trivial et du sublime, de la citation et de son détournement, l'évocation amoureuse est l'occasion pour le poète d'une rêverie mélancolique sur l'exil et la séparation, la mémoire et l'histoire, la littérature européenne, les bifurcations de son propre destin mais aussi Paris, et plus particulièrement le jardin du Luxembourg, idéal de liberté et de culture. Le choix du sonnet, forme exemplaire de la culture européenne, est aussi un hommage à ceux écrits par Marie Stuart.
Ouvrage quadrilingue présentant les sonnets de Joseph Brosky en langue russe, la traduction anglaise de Peter France revue par l'auteur et les traductions françaises de Claude Ernoult (publiée aux éditions Gallimard) et André Markowicz (inédite).
Un recueil de nouvelles réunies autour du thème du passage, la situation de passage, qui à certains moments de nos vies, lorsqu'une fracture se produit, nous fait basculer vers un ailleurs méconnu. Un seuil où l'on a peine à se reconnaître mais toujours révélateur de quelque vestige - ou vertige - intime.