Hommage à Jiri Weil !
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«Ne fais pas l'imbécile, grogna Stankovsky, on ne va pas perdre du temps à prendre des mesures. On risque de rater le déjeuner, ça devient sérieux. Allez, ça se voit au premier coup d'oeil, non, qui a le plus gros nez ?
- Tiens, s'exclama Becvár, celui-là avec le béret, il a un de ces tarins. Qu'est-ce que t'en dis, Pepík ? Je lui mets la corde au cou ?«.
Le livre : Un témoignage sur le ghetto de Prague, où le sarcasme côtoie la tragédie.
Prague, octobre 1941. Reinhard Heydrich, protecteur de Bohême mélomane, s'évertue à déboulonner de l'Opéra la statue de Mendesshon. En vain, car personne n'arrive à identifier Mendelssohn : il n'y a pas de plaque sous les statues... en cherchant celle qui a le plus groz nez, ils tombent sur la statue de Wagner !
Ainsi commencent le récit et les malheurs des petits fonctionnaires tchèques chargés de la purification du Prague... Sauf que Heydrich a vraiment existé, il était même chargé de penser la « solution finale ». Son assassinat par un commando de résistants tchèques a déclenché une répression atroce. Jiri Weil fait partie des quelques milliers de juifs qui ont survécu : il a conçu ce livre en 1946, pour conjurer son histoire et ses années de clandestinité. Une histoire cruelle et lucide, comique et douloureuse des juifs et des nazis où, comme chez Bruno Schulz ou Edgar Hilsenrath, le sarcasme et la bouffonnerie côtoient la tragédie.
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«Le meilleur roman que j'ai lu sur le destin des Juifs.» Philip Roth Josef Roubicek, modeste employé de banque praguois, aime les randonnées, la musique, et mène une vie paisible lorsque arrive l'occupant nazi. Les mois passent, l'homme sait que, comme ses congénères juifs, il va être privé de liberté, convoqué et déporté vers l'est. Commence alors l'attente infernale. Cousue sur sa veste juste au-dessus du coeur, comme le veulent les règles en vigueur, une étoile jaune fait de Josef un étranger dans sa propre ville. Peu à peu, son champ des possibles se restreint. Contraint de rôder aux abords de Prague, d'errer dans les cimetières et de se calfeutrer dans une mansarde avec pour seule compagnie un chat, il s'accroche pour survivre aux choses de la vie - un oignon, un livre, un amour perdu. Admiré notamment par Harold Pinter, Arthur Miller et Philip Roth, ce texte magistral de Jiri Weil, né dans la rage et les larmes, est l'un des plus grands romans jamais écrits sur la Shoah.