J'ai dévoré bien des livres, vécu grâce à eux d'inoubliables instants. Ils me transportaient, m'exaltaient, me laissaient anéanti, ne cessaient de me triturer, m'aidaient à me connaître, à m'ouvrir mon chemin... Par la suite et au long des années, ils ont eu à combler ma faim, une faim qui réapparaissait aussitôt qu'assouvie. Toutefois, après les avoir ingérés, comment me séparer d'eux alors qu'ils avaient eu pour moi une telle importance? Il fallait absolument que j'en garde quelques bribes. D'où ma manie de prélever ces mots, ces phrases qui m'avaient dévasté, embrasé, poussé à aller plus avant. Manie d'autodidacte qui s'acharne à creuser toujours plus profond, qui tient à ne rien perdre de ce qu'il a acquis, qui veut pouvoir mâcher encore et encore ces mots où puiser force, lumière, énergie. Les phrases et textes rassemblés dans ce volume sont tirés des carnets où se trouve thésaurisée cette nourriture qu'aiment à consommer ceux qui se cherchent, cherchent un sens à la vie.
Toute sa vie, dès le succès de ses premiers livres (Peter Camenzind en 1903 et L'Ornière en 1904), Hermann Hesse a reçu un très abondant courrier de la part ses lecteurs. Au fil des années, la masse des lettres ne cessa d'augmenter, jusqu'à atteindre des sommets inégalés après que le Prix Nobel de littérature lui eut été décerné en 1946. L'écrivain, parfois accablé par cette marée épistolaire, ne la traita pourtant jamais avec désinvolture, mais s'attacha toujours à répondre à ceux de ses correspondants dont il ressentait que la détresse était sincère, et la demande de secours moral justifiée. Plus des deux tiers des lettres, en effet, provenaient d'adolescents ou de jeunes gens qui prenaient l'écrivain pour confident de leurs doutes parce qu'ils avaient perçu dans ses livres l'importance de la quête de sagesse. A quinze ans, en 1892, le jeune Hermann Hesse avait fait une tentative de suicide. Il avait été un adolescent rebelle, toujours en conflit avec sa famille. Il était donc bien placé pour comprendre la fragilité de la jeunesse. En outre, son esprit profondément chrétien le portait à répondre aux appels qui lui étaient lancés par des esprits encore en formation. Il refusa pourtant jusqu'au bout d'être pris pour un gourou ou un oracle, et ses conseils de vie sont d'autant plus précieux qu'ils ne lui sont dictés que par son immense culture et sa grande expérience. Dans la masse très abondante de la correspondance de Hesse, le présent livre propose une anthologie des lettres les plus remarquables écrites en réponse à ces appels. On y voit Hermann Hesse affirmer ses convictions profondes, surtout dans les moments les plus tragiques de l'histoire européenne. S'il se montrer parfois sévère avec certains interlocuteurs, il est le plus souvent secourable et plein de bonté. Ce livre trace ainsi un autoportrait saisissant de l'un des plus grands écrivains allemands du vingtième siècle en même temps qu'il constitue une leçon de vie d'une brûlante actualité.
Dans Cher lecteur, Georges Picard rend un vibrant hommage à deux de ses passions : passion de lire et passion d'écrire. Cer- taines des plus belles journées de son existence, passées à lire, à rêver, à méditer, il les doit à d'innombrables écrivains, célèbres ou peu connus, dont quelques auteurs réputés « confidentiels » qui ont, plus que d'autres, su faire vibrer leur vie dans leurs livres :
Benjamin Fondane, Georges Perros, Jean-Claude Pirotte...
«Tandis que nous vieillissons, le temps se resserre autour des vraies nécessités. Je ressens le besoin d'aller au coeur des choses, d'arracher à la vie ce qu'elle m'a caché jusqu'à présent, afin d'en savoir un peu plus sur son infinie complexité. Ce que l'expérience vécue m'a refusé, certains livres peuvent me l'offrir, et c'est pour- quoi j'ouvre généralement un nouveau volume prometteur dans un état d'attente et d'espérance qui n'aspire qu'à être comblé. »
Certains pensent que lire, c'est mettre la vie entre parenthèses. Solitaire et passivement rêveur, le lecteur ne chercherait qu'à se divertir. Non sans risque d'ailleurs : témoin le destin d'Emma Bovary. Mais lit-on un grand roman comme on lit la presse quotidienne ? Lire, n'est-ce pas aussi un art, qui s'apprend ? Certains livres ne peuvent-ils pas changer la vie, sinon le monde ?Comme la partition a besoin du musicien, l'oeuvre littéraire, pour prendre corps et sens, a besoin du lecteur. Et celui-ci devient, quand il lit, «le propre lecteur de soi-même» (Proust).Cette anthologie rassemble des textes de Sénèque à Umberto Eco, en passant par saint Augustin, Dante, Montaigne, Cervantès, Prévost, Rousseau, Diderot, Stendhal, Balzac, Baudelaire, Flaubert, Huysmans, Proust, Valéry, Sartre, Blanchot, Gracq, Barthes, Bonnefoy, Bourdieu, ou encore Perec.
L'étude des différentes manières de ne pas lire un livre, des situations délicates où l'on se retrouve quand on doit en parler et des moyens à mettre en oeuvre pour se sortir d affaire montre que, contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible d'avoir un échange passionnant à propos d'un livre que l'on n'a pas lu, y compris, et peut-être surtout, avec quelqu'un qui ne l'a pas lu non plus.
Parce que la lecture est peut-être avant tout une "conversation", tout lecteur éprouve le besoin de "répondre" aux textes qui l'interpellent et confèrent à sa propre vie un surcroît d'existence.
Ayant décidé de relire, une année durant, ses livres de prédilection tels qu'ils lui semblaient susceptibles de refléter le chaos contemporain ou d'enrichir et d'éclairer son rapport personnel au monde, Alberto Manguel offre ici, entre carnet intime et recueil de citations, ce journal dont l'érudition à la fois sensible et subversive rend compte à merveille de l'infini du "dialogue" entre toute oeuvre et son lecteur.
Hardie et aventureuse, une jeune femme passe une petite annonce pour offrir ses services de lectrice à domicile. Ses auditeurs se prennent très vite au jeu : de sa voix charmante, elle leur lit des oeuvres de Maupassant, de Duras ou encore de Sade. A chaque client, un auteur différent ; telle est la règle qui lui permettra de donner vie aux fantasmes d'un adolescent, d'une générale ou bien encore d'un P-DG.
Nouvelle édition au format de poche, sans les illustrations, de ce texte marquant de Gertrude Stein dont la traduction française a paru en 2016 aux éditions Cambourakis. Ce petit «Livre de lecture»« »propose une vingtaine de leçons facétieuses, potentiellement destinées à un public enfantin, qui jouent avec la langue, la grammaire, les sonorités, et le sens. Sous leur allure désinvolte et ludique, ces courts textes questionnent avec une remarquable acuité notre pratique de la lecture et proposent un concentré de l'écriture de Gertrude Stein, figure tutélaire de la modernité littéraire américaine.
Tous, auteurs, éditeurs, libraires, nous savons que rien n'est plus terrible que le silence des livres. George Steiner nous invite à ne pas oublier la vulnérabilité de l'écrit sans cesse - et de plus en plus - menacé. Son éblouissante approche de la lecture va de pair avec une critique radicale des formes nouvelles d'illusion, d'intolérances et de barbarie de nos sociétés dites éclairées.
Cette inquiétude est en quelque sorte apaisée par un émouvant « éloge du livre » de Michel Crépu, qui nous renvoie à ce sens intime de la finitude que nous apprend précisément l'expérience de la lecture.
ABC de la lecture se présente comme une initiation aux grandes oeuvres littéraires du monde entier et le manifeste d'une théorie esthétique.
Il s'agit pour Ezra Pound de développer sa propre doctrine littéraire et poétique. Les chapitres de la première partie exposent les thèmes de la critique poundienne : la littérature est un langage chargé de significations et de règles qu'il s'agit de connaître et d'utiliser. Pound s'emploie donc tout au long de son travail à entraîner le lecteur à sentir et à juger. Il ne se limite à aucune époque, de Dante et des troubadours à Walt Whitman en passant par Gautier, Corbière, Rimbaud et Laforgue.
Pound ouvre ici de nouvelles voies à la littérature et explore aussi bien des oeuvres méconnues que des classiques. Dans une deuxième partie, l'auteur des Cantos a composé une anthologie poétique, où l'on retrouve notamment des extraits de Chaucer, Marlowe, John Donne, Samuel Butler, Pope, Browning et bien d'autres.
Lorsque je lis, une voix en moi m'intime de lire (« lis ! »), tandis qu'une autre s'exécute, prêtant sa voix à celle du texte, comme le faisaient les antiques esclaves lecteurs que l'on rencontre notamment chez Platon. Lire, c'est habiter cette scène qui, même lorsqu'elle est intériorisée dans une lecture apparemment silencieuse, reste plurielle : elle est le lieu de rapports de pouvoir, de domination, d'obéissance, bref, de toute une micropolitique de la distribution des voix.
L'écoute attentive de la polyphonie vocale inhérente à la lecture conduit vers ses zones sombres : là où, par exemple chez Sade ou dans des jurisprudences récentes, elle peut devenir un exercice violent, punitif. Mais en prêtant ainsi l'oreille aux rapports conflictuels des voix lisant en nous, on est aussi conduit à revisiter l'idée, si galvaudée depuis les Lumières, selon laquelle lire libère. Les zones sombres de la lecture sont ses zones grises : là où lectrices et lecteurs, en faisant l'épreuve des pouvoirs qui s'affrontent dans leur for intérieur, s'inventent, deviennent autres. Aujourd'hui plus que jamais, à l'ère de l'hypertexte, lire, c'est faire l'expérience des puissances et des vitesses qui nous traversent et trament notre devenir.
Cette archéologie du lire dialogue avec nombre de théories de la lecture, de Hobbes à de Certeau en passant par Benjamin, Heidegger, Lacan ou Blanchot. Mais elle s'attache aussi à ausculter, d'aussi près que possible, de fascinantes scènes de lecture orchestrées par Valéry, Calvino ou Krasznahorkai.
Virginia Woolf eut une existence emplie de livres et dédia une grande partie de son temps à cet exercice exaltant et enrichissant qu'est la lecture. Elle adorait tout particulièrement les auteurs anglais, français et russes. Au fil de ces Lectures intimes, on la découvre tour à tour amicale, enthousiaste, vibrante de colère, toujours libre dans ses goûts et ses passions, parmi lesquelles on retrouve des noms illustres - Montaigne, Mme de Sévigné, Joseph Conrad, Edgar Allan Poe, Walt Whitman - et d'autres qui le sont moins, tels Harold Nicolson ou Lytton Strachey. À tous elle accorde la même attention, à la fois bienveillante et critique, car à travers ces écrivains, gloires du passé ou confrères du cercle Bloomsbury, c'est en définitive sa propre oeuvre qu'elle analyse.
C'est un vrai régal que ce recueil de textes courts où l'on retrouve la densité de la réflexion de Woolf et son humour corrosif, révélant une sensibilité à fleur de peau autant qu'une fermeté absolue de jugement. L'Est républicain
Célébration heureuse de la plus civilisée des passions humaines, cette histoire écrite du côté du plaisir et de la gourmandise est un livre savant qui se lit comme un roman d'aventures.
Parti à la recherche des raisons qui ont fait aimer le livre, alberto manguel propose un étonnant récit de voyage à travers le temps et l'espace, dont chaque étape lui est occasion de détours, de visites, de réflexions profondes et d'anecdotes réjouissantes.
Passionnante, jubilatoire, cette histoire de la lecture, traduite en plus de vingt-cinq langues, a reçu en france le prix médicis essai 1998.
Le goût de la lecture est une histoire intime que les lecteurs aiment partager, un plaisir solitaire qui très vite devient un festin de papier.
C'est une vieille histoire entre soi et tes livres. Le goût de la lecture est souvent un bonheur d'enfance qui vous éclaire toute une vie. Il est parfois le fruit d'une éducation ou du voisinage familier d'une bibliothèque. Mais il en est de la passion des livres comme de toutes les passions : les coups de foudre et les coups du hasard très souvent s'en mêlent... Parmi tous ces lecteurs fous de livres, il y a bien sûr les écrivains.
Consommateurs boulimiques de papier imprimé, ils évoquent volontiers la naissance de cette passion de lire qui est la source de leur écriture. Promenade en compagnie de Jean-Jacques Rousseau, Elias Canetti, Montaigne, J.M.G. Le Clézio, Henry Miller, John Ruskin, Alberto Mangue!, Jorge Semprun, Daniel Pennac, Marcel Proust, Michèle Lesbre, Nathalie Sarraute, Pascal Quignard, Georges Perec et bien d'autres...