Un éditeur à l'honneur : Christian Bourgois !
-
Le Silmarillion
J. R. R. Tolkien, Ted Nasmith
- Christian bourgois
- Litterature Etrangere
- 1 Septembre 2022
- 9782267046687
De l'oeuvre de Tolkien, l'on connait surtout Le Hobbit et Le Seigneur des anneaux, des succès de librairie sans précédent qui ont contribué à redéfi nir le genre même de la fantasy.
Mais c'est ignorer que ces deux romans s'intègrent dans un univers bien plus large dont Tolkien a composé l'histoire, les langues, les légendes et les coutumes.
Le Silmarillion est le texte total auquel Tolkien a travaillé toute sa vie, et qui réunit la genèse et l'histoire des Premiers Âges de la Terre du Milieu, le décor de ses chefs-d'oeuvre. Il contient, outre le récit de la création du monde, l'épopée des Elfes et de leur lutte contre Morgoth, le premier Seigneur des Ténèbres, pour la possession des Silmarils, des joyaux aux très grands pouvoirs ; mais aussi l'histoire de l'île de Numenor et sa chute, une évocation des anneaux de pouvoir qui éclaire l'histoire du Seigneur des Anneaux - et bien d'autres récits et légendes...
Paru quatre ans après la mort de son auteur et édité par son fi ls, Christopher Tolkien, Le Silmarillion constitue le coeur de l'oeuvre de J.R.R. Tolkien. La nouvelle traduction virtuose de Daniel Lauzon permettra à de nouveaux lecteurs de découvrir Le Silmarillion dans toute sa force dans une édition illustrée d'une cinquantaine d'illustrations de Ted Nasmith. -
Contes et légendes inachevés
J. R. R. Tolkien, Alan Lee, John Howe, Ted Nasmith
- Christian bourgois
- 6 Octobre 2022
- 9782267046786
Les Contes et légendes inachevés est un recueil de récits allant des Jours anciens de la Terre du Milieu à la fin de la Guerre de l'Anneau, et offrent de nouvelles histoires qui complètent l'univers de J.R.R. Tolkien à ceux qui ont lu Le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux. Ce recueil de textes apporte un éclairage crucial sur ce monde à travers l'histoire de Celeborn et Galadriel ou l'expédition d'Erebor. On en apprend davantage sur les Istari, le groupe des Mages auquel appartenaient Gandalf et Saruman, et on découvre aussi une description de l'Île de Númenor et des Palantíri. Enfin, le lecteur trouvera également une version en prose de l'histoire des Enfants de Húrin, et un épisode de la vie de Tuor : autant de textes qui complètent Le Silmarillion et pourraient constituer le « volume zéro » de l'Histoire de la Terre du Milieu.
Les contes ont été édités par Christopher Tolkien, qui fournit un bref commentaire sur chaque histoire, aidant le lecteur à replacer chaque histoire dans le contexte du reste des écrits de son père. Pour la première fois, cette nouvelle édition présente 18 magnifiques peintures réalisées par Alan Lee, John Howe et Ted Nasmith, qui présentent les trois âges de la Terre du Milieu comme jamais auparavant. -
En ce matin de Noël, Holly se réveille, en retard, hantée par un funeste pressentiment : l'impression que, quand elle est partie en Russie avec son mari seize ans plus tôt pour adopter Tatiana, quelque chose les a suivis jusque chez eux. Tandis qu'Holly tente de dissiper cette angoisse inexplicable, son mari, Eric, part en hâte pour l'aéroport où il doit retrouver ses parents venus fêter Noël avec eux.
Très rapidement, les incidents s'enchaînent : un blizzard fulgurant se lève et interrompt progressivement toute possibilité de circulation automobile sur les routes environnantes. Alors qu'Eric se retrouve bloqué à l'hôpital où il a dû conduire d'urgence ses parents, les autres invités se décommandent successivement. Holly se retrouve seule avec sa fille Tatiana. Se met alors en place un huis clos hivernal au fil duquel le comportement de sa fille apparaît de plus en plus étrange et incohérent.
Elle qui était toujours apparue comme une enfant sage, attentionnée, affectueuse, ne cesse depuis son réveil de lui assener des reproches. Attitude relativement classique de la part d'une adolescente, mais déconcertante de la part de Tatiana du fait de son caractère si soudain. Pourquoi a-t-elle choisi cette matinée tendue pour égrener tous ses griefs à sa mère ? L'explication est-elle à chercher du côté des années qu'elle a passées à l'orphelinat en Russie ? Aurait-elle conservé de ces moments certains traumatismes ou faiblesses de constitution qui ne ressurgiraient que maintenant ? Les sautes d'humeur incessantes de Tatiana, entre tendresse et agressivité, sont aussi marquées par des changements de vêtements qui la font passer du statut de petite fille à celui d'une adolescente très féminine et délurée.
De même, ses allées et venues incessantes entre la cuisine et sa chambre ne font qu'accroître le trouble de Holly à son égard. Une série d'apparitions et de disparitions assez perturbantes pour inciter sa mère, inquiète de ses silences répétés et inexpliqués, à tenter de l'espionner, de l'autre côté d'une porte que Tatiana n'avait encore jamais verrouillée jusqu'à ce jour... Au fil de cette matinée raccourcie mais à la temporalité distendue, Holly fait défiler les souvenirs qui l'ont conduite à adopter Tatiana, les voyages en Russie effectués pour l'occasion, et à la faveur de ces souvenirs ressurgit, désormais indélébile, cette angoisse qui l'assaillit depuis son réveil.
Elle rend aussi compte de certaines frustrations personnelles, comme le renoncement à l'écriture, une occupation avec laquelle elle aimerait renouer mais qui semble difficilement conciliable avec sa condition de mère, et la maladie à laquelle elle a été confrontée. Les coups de téléphone, de plus en plus lapidaires, rythment cette matinée qui tourne au cauchemar, les catastrophes météorologiques s'ajoutant aux incidents domestiques et aux interventions agressives et perturbantes de Tatiana.
La tension va ainsi croissant, laissant Holly de plus en plus seule et désemparée, jusqu'à la chute finale, condensée en quelques lignes, qui bouleverse la lecture et remet l'ensemble du récit en perspective. Aussi happant qu'oppressant, Esprit d'hiver constitue un brillant huis clos au fil duquel Laura Kasischke introduit détails et indices en apparence banals et qui se révéleront glaçants. A travers ce roman dont le suspense est brillamment instillé et maintenu jusqu'à la dernière ligne, Laura Kasischke propose une réflexion sur ce que l'on refuse d'admettre, sur le déni, ainsi que sur le resurgissement des souvenirs enfouis, qui ne disparaissent jamais totalement.
-
Le livre de l'intranquillité
Fernando Pessoa
- Christian bourgois
- Litterature Etrangere
- 5 Avril 2011
- 9782267021776
" En ces heures où le paysage est une auréole de vie, j'ai élevé, mon amour, dans le silence de mon intranquillité, ce livre étrange... " qui alterne chronique du quotidien et méditation transcendante.
Le livre de l'intranquillité est le journal que Pessoa a tenu pendant presque toute sa vie, en l'attribuant à un modeste employé de bureau de Lisbonne , Bernardo Soares. Sans ambition terrestre, mais affamé de grandeur spirituelle, réunissant esprit critique et imagination déréglée, attentif aux formes et aux couleurs du monde extérieur mais aussi observateur de " l'infiniment petit de l'espace du dedans ", Bernardo Soares, assume son "intranquillité" pour mieux la dépasser et, grâce à l'art, aller à l'extrémité de lui-même, à cette frontière de notre condition ou les mystiques atteignent la plénitude " parce qu'ils sont vidés de tout le vide du monde ". Il se construit un univers personnel vertigineusement irréel, et pourtant plus vrai en un sens que le monde réel.
Le livre de l'intranquillité est considéré comme le chef-d'oeuvre de Fernando Pessoa.
Après le succès considérable de la première édition française, parue en deux volumes (1988 et 1992), puis de la seconde édition, intégrale, en un volume (1999), nous présentons aujourd'hui cette troisième édition, entièrement revue et corrigée, d'après le dernier état de l'édition portugaise (8e édition, 2009), publiée par Richard Zenith. Celui-ci a en effet introduit de nouvelles et nombreuses modifications, rectifiant ainsi les multiples erreurs de lecture qui entachaient l'édition portugaise originale (parue en 1982) ; figurent en outre dans le présent volume de nombreux inédits retrouvés par Richard Zenith depuis la première publication au Portugal. L'ordre des textes adopté ici, comme auparavant dans la 2e édition, diffère de l'ordre suivi dans la 1ère édition, pour obéir à une organisation thématique, mais plus dynamique et plus fidèle, dans la mesure du possible, à la chronologie des différents fragments. Enfin, la traduction proprement dite a fait à son tour l'objet d'une nouvelle révision approfondie par la traductrice elle-même, qui s'est efforcée de rendre, avec le maximum de transparence, la force poétique et dramatique de ce texte, l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature du XXe siècle.
-
On connaît en France, sous le titre Livre de l'Intranquillité (Éditions Christian Bourgois, première édition en 1988 et 1992, dernière en date en 2011), la belle traduction par Françoise Laye du Livro do Desassossego, de Fernando Pessoa, qui s'appuie sur l'organisation par Richard Zenith des différents fragments qui le composent. Teresa Rita Lopes, professeur des universités émérite à l'Université Nouvelle de Lisbonne, a beaucoup publié sur Pessoa, dont elle est une spécialiste reconnue. En tant que directrice de l'équipe de Zenith, elle a consacré une grande partie de sa vie de chercheuse à l'ensemble des manuscrits de cette oeuvre maîtresse de Fernando Pessoa, et c'est ce travail de longue haleine qui l'a conduite à repenser de fond en comble leur distribution.
S'appuyant sur l'examen autant que faire se peut exhaustif des manuscrits du Livro do Desassossego, elle en propose aujourd'hui une version aussi audacieuse que convaincante, lui assignant trois auteurs parfaitement différenciés, se partageant un Livre qui se décline en trois parties nettement définies : Fernando Pessoa déléguant Vicente Guedes pour le représenter, le Baron de Teive, jamais intégré dans le Livro malgré la volonté expresse de Pessoa, et Bernardo Soares. Leurs voix respectives sont ainsi mises en scène dans une impeccable cohérence et complémentarité, qui confère à ce grand texte une étonnante unité dans sa diversité. Teresa Rita Lopes offre ainsi une structure interne qui fait de cet ensemble, selon elle, le « livre de la vie » de Pessoa, du poète auteur de Pauis qu'il fut dans sa jeunesse jusqu'au dernier Soares, qui dit appartenir à la lignée romantique. Elle va plus loin en affirmant que l'on doit assister séparément et sans les confondre aux monologues de ces trois auteurs, en imaginer l'interaction, et étendre ce dialogue à Fernando Pessoa lui-même.
Outre l'entrée en scène du Baron de Teive, ce qui implique une trentaine de fragments jamais inclus précédemment, d'autres inédits et déplacements d'attribution figurent dans l'ensemble composé par Teresa Rita Lopes. Une nouvelle traduction du Livro do Desassossego s'impose donc, que justifie cette conception novatrice. Le lecteur français redécouvrira ainsi, dans la version aussi révolutionnaire que documentée de Teresa Rita Lopes, un des plus grands textes du XX e siècle.
-
Un beau jour du seizième mois de l'automne, Siméon arrive dans une vallée perdue où se succèdent inlassablement deux saisons, une de pluie et une de gel bleu, et où seules les lentilles parviennent à germer. En pleine saison pourrie, cet étranger qui se déclare écrivain cherche dès lors à prendre place dans la communauté hors du temps qui y vit, vaille que vaille. étranger au milieu de ces habitants taciturnes, Siméon devra s'affronter à une hostilité grandissante. Il est le paria, l'autre absolu.
Parviendra-t-il à écrire le livre dont il a le projet ?
Depuis près de quarante ans, Les Saisons conquit un réseau souterrain de lecteurs enthousiastes, souvent prosélytes, qui n'hésitent pas à faire circuler ce livre. Une confrérie d'initiés qui partage un même univers ; ils se connaissent et se reconnaissent entre eux, un peu comme les lecteurs de Malcolm Lowry ou de Julio Cortázar. Voici pour la première fois ce « livre culte » en poche chez Christian Bourgois. Maurice Pons s'y saisit de toute la crasse humaine pour la transformer en or.
« Quand un monde est inhabitable, on le change, ou on en change. »
-
Le jeune médecin et critique littéraire Henry Ellis vient d'épouser Edith. Ils se sont rencontrés dans un groupe de libres-penseurs appelé la Vie Nouvelle, et se sont promis de construire un couple moderne, loin des rigidités de l'Angleterre victorienne. Au même moment, John Addington, grand bourgeois respecté par la bonne société londonienne, marié et père de trois jeunes femmes, entre en contact avec Henry. Ensemble, ils décident de concevoir un ouvrage à quatre mains : une étude historique de l'homosexualité depuis la Grèce antique.
Tout en travaillant à ce livre, chacun des deux coauteurs est pris dans les contradictions de sa vie intime. Henry aimerait consommer son mariage avec Edith, mais n'y parvient pas, et John est aux prises avec sa passion pour Frank, un jeune homme rencontré à Hyde Park, ce qui met en péril son mariage. Puis le procès scandaleux d'Oscar Wilde fait la une de tous les journaux du Royaume-Uni et change la donne...
Deux mariages, deux affaires : un premier roman époustouflant sur le conflit entre l'ordre moral et notre besoin de liberté - entre E.M. Forster et Alan Hollinghurst - d'une étonnante actualité. -
Blond, grand, attirant, Lee Anderson a tout du canon de beauté de l'Américain blanc. Mais il cache en réalité un secret : il a du sang noir. Un sang noir qui a coûté la vie à son frère, victime d'un crime raciste. Aujourd'hui, Lee Anderson est décidé à faire expier ce drame à la société blanche tout entière. En s'installant dans la bourgade de Buckton, il en est persuadé : il se fera justice avec violence.
Publié en 1946, J'irai cracher sur vos tombes fut aussitôt jugé pornographique, obscène, dérangeant, et son auteur fut voué aux gémonies. Enrichie de photographies inédites du manuscrit de l'adaptation cinématographique du roman, cette nouvelle édition présente, en outre, l'imposant Dossier de l'« Affaire J'irai cracher sur vos tombes » par Noël Arnaud, où le lecteur découvrira le destin passionnant d'un texte aux multiples scandales et à la force toujours intacte.
-
Marie et Mathieu sont mariés depuis une vingtaine d'années, leur fille Jeanne vient de quitter la maison. Leur vie professionnelle prend toute la place que leur relation ne remplit plus tout à fait. Mais aucun des deux ne se doute que la réception rue Royale à laquelle Marie emmène son mari un soir de printemps va changer leur destin. Une conversation anodine et quelques échanges de regards avec Xavier, un des convives, suffisent pourtant à troubler Mathieu, et à lui donner envie de revoir cet inconnu. Le hasard lui en offrira l'occasion quelques semaines plus tard.
Un bonheur intense doublé du sentiment d'un fragile équilibre va alors gouverner la vie des deux hommes. Jusqu'à cet accident de voiture en Normandie...
Jérôme Aumont, dans son premier roman, fait le récit d'un amour impossible - et peut-être bien qu'il s'agit de plusieurs amours dont il esquisse les contours.
Avec subtilité, dans une prose au plus près des doutes et des déchirements amoureux, Un empêchement éclaire la manière dont cheminent nos sentiments, entre petits arrangements avec la vérité et grandes peurs. Un premier roman aux accents des Choses de la vie ou d'Appelle-moi par ton nom. -
Les archives des sentiments
Peter Stamm
- Christian bourgois
- Litterature Etrangere
- 9 Mars 2023
- 9782267051094
Ancien documentaliste, le narrateur passe son temps à découper des articles de presse qu'il archive dans sa cave - tous soigneusement rangés dans des dossiers. L'un d'entre eux est dédié à Franziska, alias Fabienne, une ex-chanteuse de variétés à succès. Il ne pèse pas moins de deux kilos, un poids à la mesure de l'amour que le narrateur lui porte depuis l'enfance. Ils se sont connus sur les bancs de l'école et ont même été de proches amis. Le temps passant, ils se sont perdus de vue. Mais un jour, le narrateur décide de reprendre contact avec elle et, après s'être procuré son adresse mail, lui envoie un message.
Avec humour et tendresse, la voix du narrateur se déploie ici pour déjouer les codes du roman sentimental, et nous conter une histoire d'amour singulière. Est-il possible de conserver intacts les sentiments pour l'être aimé, de les mettre à l'abri du temps comme on classe un dossier ? La réponse à ces questions ne manque ni de charme ni de poésie. -
C'est l'histoire d'un écrivain argentin qui aime à écrire dans des chambres d'hôtel sordides à Paris. D'un beau Romain qui souhaite devenir une belle Parisienne, d'un sosie de Marilyn Monroe tyran - nique et envahissant, d'un éditeur qui aimerait que son auteur cesse de le prendre pour un micheton. D'une boulangère qui pratique la voyance, d'un hippie neurasthénique qui élève ses triplés à Ibiza de façon peu orthodoxe, d'une véritable amie - qui à défaut d'avoir l'heure a toujours une bonne bouteille et une astuce pour échapper à la police.
D'un Paris interlope à une Rome fervente, en passant par le New York branché et l'Ibiza baba-cool, Copi nous immerge dans les années 1970 et leurs folles libertés. Amours pures, sexe débridé, crimes odieux : en fantasmant sa vie, Copi nous donne à lire un roman aussi drôle qu'épouvantable.
-
Alors qu'ils menaient une petite vie tranquille sur les hauteurs de la butte, les militants homosexuels du 18ème arrondissement sont pris pour cible par un gang de travestis brésiliens, bien décidés à mettre le quartier à feu et à sang. Entre le clan des homos respectables et celui des barbares latinos, la guerre s'annonce sans merci. Seulement voilà : un des Parisiens, un certain Copi, va tomber sous le charme de Conceïçâo do Mundo, une créature du camp adverse qui l'arrachera à son confort petit-bourgeois pour l'emmener au bout du monde et de lui-même...
À mi-chemin entre la satire sociale, le roman d'aventure exotique et le space opera au second degré, La Guerre des pédés est une comédie féroce et jubilatoire. Elle met en scène les luttes intestines qui traversent les communautés, donne à voir les relations entre les peuples à travers le prisme du sadomasochisme et pose une question d'une actualité brûlante : appartenir à une minorité, quelle qu'elle soit, implique-t-il forcément d'être toujours en guerre ? -
San Francisco, 1942. Card est un détective privé dont les affaires ne marchent pas très fort. Et pour cause : au lieu de s'occuper de la sordide histoire de cadavre volé dans laquelle l'a embarqué une femme mystérieuse (et fatale, comme il se doit), ou de trouver une nouvelle secrétaire après que la précédente a claqué la porte, Card passe son temps à rêver. En imagination, le voici qui se transporte dans le temps et l'espace à Babylone, où il devient le fin limier le plus célèbre et adulé de la cité antique.
Détournement jubilatoire des codes du polar, portrait hilarant et poignant d'un homme pour qui la vie est littéralement un songe, Un privé à Babylone est l'un des joyaux de l'oeuvre de Richard Brautigan, et sans doute l'un des romans les plus personnels de cet écrivain culte, devenu le saint patron littéraire de tous ceux qui tournent le dos au monde pour mieux le réenchanter par la fantaisie et la poésie.
-
L'histoire se déroule dans l'Amérique des années 1950, encore frappée par la ségrégation. Dans une Amérique où le « White only » ne s'applique pas qu'aux restaurants ou aux toilettes, mais à la musique, au cinéma, à la culture populaire. L'Amérique de Home est au bord de l'implosion et bouillonne, mais c'est ici la violence contre les Noirs américains, contre les femmes qui s'exprime. Les grands changements amorcés par le rejet du Maccarthisme, par la Fureur de vivre ou le déhanché d'Elvis n'ont pas encore commencés. En effet, les Noirs Américains sont brimés et subissent chaque jour le racisme et la violence institutionnalisés par les lois Jim Crow, qui distinguent les citoyens selon leur appartenance « raciale ». Pour eux, le moindre déplacement, même le plus simple, d'un état à l'autre, devient une véritable mission impossible. En réponse à cette oppression, l'entraide et le partage ? facilités par l'utilisation du Negro Motorist Green Book de Victor H. Green qui répertorie les restaurants et hôtels accueillant les noirs dans différents états ? sont au coeur des relations de cette communauté noire dans une Amérique à la veille de la lutte pour les droits civiques.
La guerre de Corée vient à peine de se terminer, et le jeune soldat Frank Money rentre aux Etats-Unis, traumatisé, en proie à une rage terrible qui s'exprime aussi bien physiquement que par des crises d'angoisse. Il est incapable de maintenir une quelconque relation avec sa fiancée rencontrée à son retour du front et un appel au secours de sa jeune soeur va le lancer sur les routes américaines pour une traversée transatlantique de Seattle à Atlanta, dans sa Géorgie natale. Il doit absolument rejoindre Atlanta et retrouver sa soeur, très gravement malade. Il va tout mettre en oeuvre pour la ramener dans la petite ville de Lotus, où ils ont passé leur enfance. Lieu tout autant fantasmé que détesté, Lotus cristallise les démons de Frank, de sa famille. Un rapport de haine et d'amour, de rancoeur pour cette ville qu'il a toujours voulu quitter et où il doit revenir. Ce voyage à travers les États-Unis pousse Frank Money à se replonger dans les souvenirs de son enfance et dans le traumatisme de la guerre ; plus il se rapproche de son but, plus il (re)découvre qui il est, mieux il apprend à laisser derrière lui les horreurs de la guerre afin de se reconstruire et d'aider sa soeur à faire de même.
Home est le dixième roman de Toni Morrison. À travers l'histoire dure et torturée de ce jeune soldat, c'est un roman de la rédemption que nous offre ici l'auteur. Ce retour à l'Amérique du XX e siècle, avec une focalisation sur les années 1950, est un développement nouveau dans l'oeuvre de Toni Morrison, mais on retrouve pourtant les thèmes qui caractérisent son oeuvre. Elle laisse le lecteur découvrir ces années 1950 qui ne sont finalement que suggérées qu'à travers de petits indices. Elle laisse le souvenir de cette époque se reconstruire à travers les images distillées dans notre inconscient collectif. C'est encore et toujours dans la suggestion que l'art de Toni Morrison se révèle. Elle réussit à faire d'un roman finalement assez court une véritable oeuvre tout en subtilité, en vérités voilées qui se glissent progressivement jusqu'au lecteur avant d'exploser au grand jour.
-
Bill Cosey possédait autrefois un hôtel sur la côte Est qui connut son heure de gloire au len- demain de la Seconde Guerre mondiale ; tout ce que la communauté noire comptait d'artistes, d'hommes d'affaires ou de femmes du monde s'y retrouvait pour prendre du bon temps au bord de l'océan. Mais ce petit univers privilégié s'est bientôt désagrégé au contact de l'Histoire, quand le mouvement pour les droits civiques a bouleversé l'Amérique jusque dans ses fondations. Cosey est mort, l'hôtel a fermé, et la demeure familiale est devenue un champ de bataille où s'affrontent deux femmes: Heed, la veuve de l'ancien maître des lieux, et Christine, sa petite-fille. Devenues «les meilleures enne- mies du monde», chacune revendique le titre d'« enfant chérie » à qui reviendra la fortune de Cosey.
Sous ses allures de comédie sociale aux accents fitzgéraldiens, le huitième roman de Toni Morrison (2003) est une réflexion passionnante sur la mémoire, sur l'obsession, et sur l'évolution de la communauté noire en Amérique au fil du XXe siècle. -
Le monde de la berge fleurie
Atticus Lish
- Christian bourgois
- Litterature Etrangere
- 31 Août 2023
- 9782267050561
Corey Goltz, quinze ans, grandit dans la banlieue ouvrière de Boston. Il vit seul avec sa mère Gloria. Cette dernière a connu beaucoup de désillusions, mais elle a toujours été là pour son fils unique. Tout change quand un médecin lui apprend qu'elle est atteinte de la maladie de Charcot.
Car à mesure que Gloria perd son autonomie et son énergie vitale, Corey doit s'organiser pour faire face. Son amitié avec Adrian, un étrange garçon fasciné par Nietzsche et la musculation, l'aide pendant un temps. Les arts martiaux lui permettent de sculpter son corps, comme un miroir inversé de celui de Gloria. Mais Corey doit aussi trouver des petits boulots, payer les factures, aider sa mère à s'orienter dans un système de santé sans pitié pour les gens modestes et, surtout, affronter le comportement toxique de son père Leonard.
Seul ou presque, dans une Amérique violente et gangrenée par le complotisme, Corey aura fort à faire pour trouver son chemin et devenir l'homme qu'il a envie d'être...
Porté par une puissance narrative rare, le deuxième roman d'Atticus Lish, empruntant autant au roman de formation qu'à la chronique sociale, est simplement bouleversant. -
Renaître est le premier tome d'une sélection en trois volumes de journaux de Susan Sontag, tous inédits à ce jour. Dès son adolescence, et ce jusqu'aux dernières années de sa vie, Susan Sontag se livra dans ces carnets avec une grande régularité, d'autant plus librement qu'elle n'envisageait pas de les faire publier.
Renaître couvre la période 1947-1963 et met en lumière la trajectoire intellectuelle, humaine et créatrice de l'un des plus grands écrivains américains de sa génération. Susan Sontag n'a que 14 ans quand elle commence la rédaction de ce journal, ancré dans la découverte adolescente de sa propre sexualité, de ses premières expériences en tant que jeune étudiante (gée de 16 ans) à l'université de Californie à Berkeley et dans les deux grandes relations qu'elle a entretenues comme jeune adulte. Renaître met en scène une adolescente précoce, qui ne cesse de dresser des listes : les livres lus ou à lire impérativement, les films à voir, les musiques à écouter.... Les principales caractéristiques qui définiront son moi intellectuel, sont déjà évidentes : féroce acuité, incroyable ambition, légère tendance à la prétention et approche de la vie profondément honnête.
Son désir de toujours progresser semble inépuisable. Comme l'écrit son fils David Rieff dans sa préface à Renaître : « Ceci est un journal dans lequel l'art est vu comme une affaire de vie et de mort, où l'ironie est considérée comme un vice et non une vertu et où le sérieux est le bien suprême. [...] Une des choses qui m'a le plus frappé à la lecture des journaux fut l'impression, que de la jeunesse à la vieillesse, ma mère a mené les mêmes batailles, contre le monde et contre elle-même. [...] Dès le début de son adolescence, elle eut le sentiment de posséder des dons spéciaux et d'avoir quelque chose à apporter. Le désir farouche et inébranlable d'approfondir et d'élargir constamment son éducation fut d'une certaine façon une matérialisation de cette vision qu'elle avait d'elle-même. » A travers ce journal émerge l'incroyable conscience que Susan Sontag à d'elle-même à un si jeune ge, ses rencontres avec les écrivains qui ont influencé son mode de pensée, et ses premiers corps à corps avec l'acte d'écrire en lui-même, le tout accompagné d'une foule de détails inimitables. A la fin de ce premier journal, Susan Sontag, trente ans, divorcée et mère d'un petit garçon, s'apprête à publier Notes on Camp, qui marquera le début de son incroyable carrière.
-
Dans Le style Camp, Sontag tente de définir l'indéfinissable.
Le Camp, c'est une façon de voir le monde autant qu'une manière d'être. Cet art de valoriser l'artifice pourrait avoir pris corps selon Sontag pour la première fois dans Les Fourberies de Scapin, de Molière, en 1671, et autour de la figure de Louis XIV. La beauté androgyne de Greta Garbo, le film King Kong de 1933, ou encore Mozart, incarnent tous la sensibilité Camp - un mélange d'extravagance, de ludisme et de sérieux. Le Camp, en tant que subversion des normes sexuelles, est aussi une forme d'expression et un regard propre aux communautés queer.
Dans Culture et sensibilité d'aujourd'hui, Susan Sontag va plus loin encore. En théorisant notre « nouvelle sensibilité », elle suggère qu'il n'est plus possible de différencier l'art noble et l'art populaire et redéfinit la nouvelle fonction de l'art depuis la révolution industrielle. Emblématique d'une époque et de ses mouvances contestataires, ce second essai est une véritable déclaration d'indépendance par rapport à la critique traditionnelle : c'est l'un des textes critiques les plus lus et les plus influents des années 1960.
Publié à l'origine en 1964 et inclus dans son premier recueil d'essais emblématique, Against Interpretation, Le style Camp et Culture et sensibilité d'aujourd'hui ont été les premiers essais critiques à abolir les frontières entre la « haute » et la « basse » culture ; ils ont propulsé la carrière de Susan Sontag dans les années 1960. Ces essais ont initié une nouvelle façon de penser, ouvrant la voie à un tout nouveau style de critique culturelle.