« UN VRAI CRIME. La preuve : Monsieur s'endormait le soir en lisant des romans policiers. » 20 minutes de silence, c'est le temps qu'il a fallu à cette famille criminelle pour prévenir le médecin après la mort de leur mari et père.
Inspiré d'un fait divers réel, tricoté à la manière ludique d'Hélène Bessette, voici un roman articulé autour d'un fils et de sa mère, tour à tour accusés...
Mais sans réel décor ni intrigue, comme seule sait en créer l'écrivain préféré de Raymond Queneau et de Marguerite Duras.
Hélène Bessette dissout le roman à mesure qu'il progresse, remettant tous les indices, toutes les lois, toutes les évidences en question. Ainsi ses chapitres s'appellent-ils « Atmosphère », « Poème des questions », « Poème des solutions »... Et tout devient suspect.
Ici, le criminel, c'est l'écrivain, qui s'attaque au genre du roman policier en détournant l'enquête, sapant au passage la notion de personnage, voire de vraisemblance. Le mystère est partout, l'étonnement du lecteur aussi.
Le premier roman d'Hélène Bessette : un mélo poétique. "Lili pleure" est le roman le plus narratif, mais aussi le plus incarné d'Hélène Bessette : sa mère tyrannique empêche Lili d'épouser l'homme qu'elle aime ; de dépit, elle en épouse un autre, qui est déporté à la guerre puis revient alors que Lili est cette fois amoureuse d'un berger. Abandonnée par son mari, délaissée par le berger, Lili se retrouve seule avec sa mère, plus insupportable que jamais. Seulement Lili ne pleure plus, et l'histoire racontée par Bessette finit sur un éclat de rire cynique, qui restera à jamais celui de la romancière. L'histoire de l'enfance méconnue, du désir écrasé, de l'amour contrarié, du malheur renouvelé... Bessette crée un style proche de la cantilène, qui rappelle les complaintes et les mythes. Elle l'applique à une jeune fille égarée.
Garance Rose, ou celle qui part.
Garance rose ou le double de l'auteur, qui sur le thème du départ et de la fuite dresse un somptueux portrait de femme, à la fois double de l'auteur et hommage à sa mère.
(Rose était le prénom de la mère de Bessette.) « L'héroïne est absente.
Absente de Paris. Héroïne par défaut. En fuite. Disparue. Morte. (Peut-être). En tout cas non présente.
Le nom seul subsiste.
Qui était cette personne ?
Qui est cette personne ? Qui est cette femme ? Mais qui était donc cete dame-là ? »
Ida est morte. Bonne effacée, invisible, tout à coup sous les roues. Ida a osé mourir : le scandale.
Sa mort suscite la crise. Que savait-elle, à quoi jouait-elle, pourquoi est-elle morte ? Ida devient l'allégorie des personnages banals et inexistants, dont la romancière sonde les secrets et les angoisses.
Le texte le plus emblématique et le plus fameux d'Hélène Bessette, redécouvert par Laure Limongi dans sa collection LAURELI en 2012, vient rejoindre les oeuvres complètes amorcée par Othello en 2016.
Hélène Bessette, 72 ans, sans éditeur (Gallimard vient de la "lâcher" après 13 livres publiés), sans bureau, sans Légion d'Honneur et sans Petit Livre.
Confession-bilan sur son oeuvre et ses influences littéraires, pamphlet radioscopique, l'auteure irrécupérable regarde de travers Saint-Germain-des-Prés et ses écrivains aux flatteuses photographies de couverture.
Ces mémoires complètement inédites ont été reconstituées à partir des deux uniques versions existantes, le manuscrit et le tapuscrit.
« SANDEMAN plus beau que jamais.
Noir et gigantesque.
Christ d'ébène aux bras repliés.
En deuil de tous les cimetières du monde.
En deuil de ses milliards d'oncles.
Avec bras de bois blancs. Repliés. Croisés.
Sur des résurrections impossibles ».
Le jeune ingénieur Sandeman, en deuil de son oncle milliardaire, espionne jour après jour sur son télélecteur la vie de Nadia, une star de cinéma qui, pour avoir dénoncé la disparition de son chien, finit bonniche... et persécutée.
Mais Nadia n'a-t-elle pas tué son propre toutou pour s'assurer succès et notoriété ?
Ce texte consacré au deuil et à l'inconscient s'en prend à la pensée minutée et à la parole débridée de nos sociétés. C'est aussi un hommage à l'art du roman.
Hélène Bessette détourne la série B comme elle a détourné le genre policier dans Vingt minutes de silence. C'est Moravagine à l'époque de la téléréalité.
« Il ne s'est rien passé (et c'est irréparable) ».
Dernière phrase, testamentaire, du livre.
« Roman de l'étrange dont toute la substance semble faite de sensations visuelles, olfactives, tactiles, d'associations de mots et de sonorités, de répétitions incantatoires, groupées avec recherche, comparables à des reflets dans l'eau, des bourdonnements d'insectes, des airs sans suite, tantôt chantés, tantôt fredonnés, à travers lesquels se trame une Aventure de l'Esprit en trois parties : le beau voyage d'une jeune personne en route pour « les Îles », la découverte des nouveautés du Tropique, ses mollesses, ses accablements, se double d'une évasion totale de l'Esprit hors du monde occidental et mécanique, fabriqué et faux.
Une nouvelle optique des profondes valeurs humaines s'impose à la faveur de ce long exode vers des paysages lourds de nature resplendissante. Recherche intérieure aussi passionnante que le décor grandiose, serein et pur... »
Une jeune mariée, Louise, décroche le gros lot à un jeu radiophonique. Transformée, radieuse, elle se prépare avec son époux Marcel à une vie de plénitude matérielle. Sa fortune rachètera-telle tant d'années de "mort lente" et "déguisée" ? Ou ce surcroît d'existence précipitera-t-il la dissolution du couple et de leurs amis ? Louise et Marcel traversent les boulevards et la nuit parisienne en faisant étalage de leurs désirs.
Appartement mobilier coiffure chirurgie voyage enfant peut-être... rien n'échappe à leur envie ni à leur ambition. La Tour tend à la société de consommation le miroir du bonheur en toc, de la publicité effrénée, des objets standardisés, de la fortune coupée de la vie intérieure.
Voici la première édition intégrale des textes et manifestes d'Hélène Bessette, à savoir "Le Résumé" (première éd. Laureli 2009) suivi des "Résumés du Résumé", série de manifestes qu'Hélène Besette diffusait sous forme de père d"insérer, et des deux heures d'entretien avec Jean Paget sur l'antenne de France Culture diffusées en 1967 sous le titre "Aujourd'hui Hélène Bessette".